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À propos de Fariba Adelkhah : ce que l'on sait
Dernière mise à jour le 19/10/2023
Fariba Adelkhah libérée et de retour en France
Spécialiste reconnue du chiisme et de l’Iran post-révolutionnaire, Fariba Adelkhah avait été condamnée en mai 2020 à une peine de prison de cinq ans. Depuis, les communautés de Sciences Po n’ont eu de cesse de réclamer sa libération.
Depuis mardi 17 octobre, Fariba Adelkhah est enfin de retour en France. Elle a été accueillie à son arrivée à l’aéroport par Béatrice Hibou, présidente de son comité de soutien, et Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po.
“Après tant d’années de privation de liberté, quelle émotion d’accueillir enfin notre collègue Fariba, symbole de nos combats pour la liberté académique ! Je remercie solennellement les autorités françaises pour leur action sans relâche, le comité de soutien et tous ceux qui ont œuvré à sa libération et je me réjouis de voir prochainement Fariba de retour à Sciences Po, sa maison.”
Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po.
Informations et FAQ
Fariba Adelkhah et Roland Marchal, tous deux chercheurs au centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), ont été arrêtés en Iran le 5 juin 2019.
De décembre 2019 à février 2020, Fariba Adelkhah a mené une grève de la faim de 49 jours, conjointement avec l’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, elle aussi incarcérée en Iran. Elle souffre toujours des séquelles de cette grève de la faim.
Roland Marchal a été libéré le 20 mars 2020.
Les chefs d’accusation contre Fariba Adelkah étaient : "propagande contre le système politique de la République islamique" et "collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale". Seul ce dernier chef d’accusation était retenu contre Roland Marchal. Suite à son “procès”, la chercheuse a été condamnée à cinq ans de prison le 16 mai 2020.
En octobre 2020, Fariba a été faite docteure Honoris Causa de l'Université de Genève.
Le 15 décembre 2020, Fariba Adelkhah reçoit le Prix Irène Joliot-Curie de la Femme scientifique de l'année, décerné par le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche pour l'ensemble de ses travaux de recherche en anthropologie et science politique.
Pendant 15 mois, d'octobre 2020 à décembre 2021, Fariba a été assignée à résidence sous bracelet électronique et interdite de sortir au-delà d'un périmètre de 300 mètres autour de chez elle. Malheureusement, le 12 janvier 2022, elle a été réincarcérée à la prison d'Evin où elle se trouve toujours, dans la section des femmes.
Aussitôt informé de l’arrestation de Fariba Adelkhah et de Roland Marchal, Sciences Po a entamé des démarches, en collaboration étroite et régulière avec le Centre de crise et soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et le CNRS. Avec l’aide du MEAE, l'établissement a fait en sorte qu’ils puissent bénéficier de l’assistance d’un avocat iranien. Cet avocat, très expérimenté, a été agréé par les autorités judiciaires iraniennes.
Sciences Po et les autorités françaises continuent de tout mettre en œuvre pour que Fariba Adelkhah soit définitivement libérée et ce, dans un contexte politique iranien qui, comme chacun le sait, est particulièrement complexe.
De nombreuses manifestations (rencontres, rassemblements, colloques, séminaires, chaînes humaines...) ont été organisées en soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal, puis à partir de mars 2020 en soutien à Fariba seule.
Découvrez-les de la plus récente à la toute première :
1er mars 2022 : rassemblement devant la mairie de Paris en soutien à Fariba Adelkhah emprisonnée depuis 1 000 jours.
Le 13 janvier 2022, Sciences Po qui a appris la veille sa réincarcération, organise un rassemblement en solidarité avec Fariba, devant l'entrée de Sciences Po.
Mathias Vicherat, nouveau directeur de Sciences Po, témoigne de son soutien à notre collègue.
Le 5 juin 2021, Sciences Po a manifesté son soutien infaillible à Fariba Adelkhah à l'occasion des deux ans de son emprisonnement. De nombreux collègues français et internationaux, amis, connaissances et personnalités se sont joints à l'appel à libérer la chercheuse, dont le président de la Ligue des Droits de l'Homme Malik Salemkour, le PDG du CNRS Antoine Petit, l'universitaire anglo-australienne, ancienne détenue en Iran, Kylie Moore-Gilbert, ou encore Roland Marchal, chercheur CNRS au CERI, ancien détenu en Iran arrêté aux côtés de Fariba Adelkhah.
La Mairie de Paris a également dévoilé une banderole en soutien à la chercheuse.
Le 25 avril 2021, à l'occasion de l'anniversaire de Fariba Adelkhah, le comité de soutien a créé un livre-exposition de ses collages en bois et en cuir réalisés au cours de son incarcération. Les collages sont accompagnés d'un texte écrit par la chercheuse, ouvrant une fenêtre sur la vie quotidienne dans la prison d'Evin.
Le 5 juin 2020, à l'occasion des un an d'emprisonnement de Fariba Adelkhah, Shirin Ebadi, Prix Nobel de la Paix, a manifesté son soutien à la chercheuse. Son message a été relayé dans une lettre signée par Olivier Duhamel, Président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), et Frédéric Mion, Directeur de Sciences Po.
Un portrait de Fariba Adelkhah a également été dévoilé sur la façade de la Mairie de Paris.
Le 25 avril 2020 a marqué l'anniversaire de Fariba Adelkhah, ainsi que son 326ème jour de détention dans la prison d'Evin. À cette occasion, Roland Ries, maire de Strasbourg, Anne Hidalgo, maire de Paris, et Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, se sont joints à Olivier Duhamel, président de la Fondation nationale des sciences politiques, et à Frédéric Mion, directeur de SciencesPo, pour lui transmettre une carte de voeux :
Un rassemblement de soutien s'est tenu le 3 mars 2020, devant Sciences Po, à Paris :
Une manifestation de soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal a été organisée à Paris 11 février 2020 :
En savoir plus :
- Le blog du comité de soutien (eng)
- Retour le colloque "Captifs sans motifs" organisé en soutien aux deux chercheurs le 31 janvier 2020
- Consulter l'ouvrage Pour Fariba Adelkhah et Roland Marchal. Chercheurs en péril (Presses de Sciences Po)
- Écrits d’avant prison: un numéro de Critique internationale consacré à Fariba
Qui est Fariba Adelkhah ?
Fariba Adelkhah est née à Téhéran en 1959, d'une famille originaire de la province du Khorassan (région située à la frontière de l’Afghanistan). Elle est venue en France en 1977 pour y accomplir ses études universitaires (à Strasbourg, puis à l’École des hautes études en sciences sociales). Spécialiste de l’anthropologie sociale et de l’anthropologie politique de l’Iran postrévolutionnaire, elle est chercheuse au CERI depuis 1993. Ses travaux initiaux portaient sur les femmes et la Révolution islamique. Son premier livre, La Révolution sous le voile. Femmes islamiques d’Iran (Karthala, 1991), en est issu. Elle a ensuite dirigé plusieurs numéros de revues scientifiques et publié — outre de nombreux articles, études et chapitres dans des ouvrages collectifs, et des livres d'information destinés à un public extra-universitaire — deux ouvrages d'anthropologie majeurs consacrés à l'Iran, mais désormais considérés comme des classiques de la discipline : Être moderne en Iran (Karthala, 1998) et Les mille et une frontières de l'Iran. Quand les voyages forment la nation (Karthala, 2012). Ses principaux travaux ont été traduits en diverses langues, dont l'anglais.
Ses recherches actuelles portent sur la circulation des clercs chiites entre l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak. Chercheuse de terrain, reconnue internationalement et respectée par ses pairs, Fariba Adelkhah est membre des comités scientifiques des revues Iranian Studies et Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée.
Qui est Roland Marchal ?
Roland Marchal est sociologue, chercheur CNRS au CERI depuis 1997. Homme de terrain, chercheur infatigable, méticuleux et exigeant, Roland Marchal est un africaniste très réputé, spécialiste de la Corne de l’Afrique et, plus particulièrement, de la Somalie. Il a consacré l’essentiel de son œuvre à l’analyse des guerres civiles en Afrique subsaharienne, notamment dans leur rapport à la formation des États.
Ses travaux, ont donné lieu à la publication d’ouvrages qui ont permis de montrer comment les guerres civiles, en Afrique subsaharienne et bien au-delà, sont intimement imbriquées dans la fabrique de l’État, Les Chemins de la guerre et de la paix. Fins de conflit en Afrique orientale et australe (Karthala, 1997), co-écrit avec Christine Messiant et Guerres et sociétés. États et violence après la Guerre froide (Karthala, 2003), ouvrage de référence codirigé avec Pierre Hassner.