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02.06.2023

Théodore Tallent, promotion 2019

Théodore Tallent © Théodore Tallent

 

Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire ?

Après un bac S, j’ai intégré le collège universitaire de Sciences Po sur le campus de Paris où j’ai pu y apprécier la diversité des enseignements et avoir la possibilité d’explorer un large panel de disciplines. Me spécialisant en économie, j’ai eu l’opportunité de participer à un programme académique d’un semestre avec la George Washington University School of Business durant ma deuxième année. J’ai réalisé ma 3ème année d’échange à la New York University. Compte tenu de mon attrait pour les enjeux de politiques publiques, notamment européennes, j’ai ensuite décidé de rejoindre l'École d’affaires publiques et plus précisément le Master affaires européennes. Malgré mon intérêt pour les questions écologiques, je souhaitais alors garder mes options ouvertes en choisissant une spécialité généraliste en affaires publiques et management. Toutefois, au fur et à mesure du master, mon intérêt pour l’écologie allant croissant, j’ai décidé de suivre des cours dédiés aux différents aspects de cet enjeu. 

Conscient de mes lacunes sur ces questions et déterminé à approfondir ma compréhension des politiques environnementales, j’ai ensuite décidé de réaliser un second master, à l’Université de Cambridge, en environmental policy. C’est au cours de ce master que j’ai pris la décision de réaliser une thèse de doctorat en science politique, à Sciences Po, dédiée aux questions environnementales, et plus précisément à l’acceptabilité territoriale des politiques climatiques en Europe.

Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?

Dans le cadre de ma formation à l'École d’affaires publiques, j’ai fait le choix de réaliser trois expériences professionnelles me permettant de me spécialiser dans les politiques environnementales et de découvrir, de l’intérieur, l’action en faveur de la transition écologique. Convaincu que les défis environnementaux doivent être abordés à un niveau supranational, j'ai rejoint le WWF à Bruxelles en année de césure pour participer à des actions de plaidoyer sur les politiques environnementales européennes. Déterminé à travailler sur la conception et l'exécution des politiques environnementales, j'ai ensuite rejoint le cabinet de la Secrétaire d'État à la transition écologique, Brune Poirson, au sein duquel j’ai notamment eu la chance de travailler sur l’enjeu de l’économie circulaire. Dans la continuité de cette année de césure, et afin d’avoir une vision globale des acteurs impliqués sur cette thématique, j’ai choisi d’effectuer ma deuxième année de master en apprentissage chez ENGIE Solutions, la branche d’ENGIE offrant des services de décarbonation aux villes et entreprises. Ces trois expériences complémentaires m'ont beaucoup appris sur la manière dont la transition vers la neutralité carbone pouvait être accélérée grâce aux actions des ONG, des gouvernements et des multinationales, mais également, à chaque fois, quels en étaient les freins et les limites, notamment sociales. Ces expériences ont donc considérablement façonné mon approche de l’enjeu environnemental, puisqu’elles ont en commun d’avoir notamment évolué autour des enjeux sociaux de la transition bas-carbone. 

Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, avec un parcours en apprentissage, envers la carrière que vous projetez ? 

Ma formation au sein de l’EAP m’a permis de m’épanouir tant intellectuellement que personnellement. Débutant mon master sans trop savoir où j’allais, et grâce à des cours dispensés autant par des chercheurs que des professionnels engagés dans des ONG, think tanks, administrations ou entreprises, j’ai pu à la fois approfondir ma compréhension des questions européennes et des enjeux écologiques. Ce fut particulièrement enrichissant d’avoir l’occasion de rencontrer des enseignants qui pratiquaient l’écologie au quotidien dans leurs différentes professions ! 
 

Au-delà des excellents cours que j’ai pu suivre, mes expériences professionnelles ont également contribué à enrichir ma formation. Apprenant les fondements de la crise écologique et des politiques publiques à Sciences Po, j’ai ainsi eu l’opportunité de traduire ces apprentissages en pratique, aussi bien lors de mes deux stages que de mon alternance. 
Ce sont donc bien mes trois années à l'École d’affaires publiques qui ont façonné la carrière que je projette – une carrière qui prend désormais le chemin de la recherche ! 

Votre motivation à rejoindre le monde de la recherche ?

Face aux enjeux environnementaux et sociaux immenses auxquels nous faisons face, réaliser une thèse constitue à mes yeux un moyen de contribuer à la réflexion autour des politiques climatiques et notamment à leur composante sociale. Ce projet de recherche, portant sur l’acceptabilité de la transition bas-carbone dans les territoires, notamment ruraux, est né de mon master à Cambridge et d’échanges avec différents professeurs qui ont été pour moi de véritables sources d’inspiration. Dans le cadre de cette thèse, j’essaie ainsi de comprendre les raisons des tensions que créent les politiques climatiques dans certains territoires et de repenser la question des attitudes et pratiques des classes populaires et moyennes vivant en dehors des grands centres urbains. L’objectif est, à terme, de contribuer aux discussions actuelles sur la construction d’un discours écologiste véritablement inclusif.

Rejoindre le monde de la recherche implique également de rejoindre celui de l’enseignement. Avec ce doctorat, et après 6 années passées sur les bancs de Sciences Po, je suis ainsi passé de l’autre côté de la salle de classe. J’enseigne ainsi la science politique aux premières années de Sciences Po, sur le campus de Reims, et m’apprête à enseigner la politique comparée aux étudiants de deuxième année, en plus de participer à la coordination du cours de Culture écologique dispensé pour la première fois à tous les étudiants de première année de Sciences Po. Je m’épanouis énormément dans ce nouveau rôle et envisage désormais sans aucun doute une carrière incluant un temps consacré à l’enseignement et à la transmission.

Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur(E) jeune diplômé(e) ?

Lorsqu’on est étudiant, on pense souvent que notre avenir est simplement et strictement conditionné aux résultats académiques et aux expériences professionnelles que l’on réalise. Bien évidemment, cela y contribue, mais s’il y a une chose que j’ai apprise au cours de ma formation, c’est qu’il n’existe pas qu’un seul chemin pour arriver à « destination ». Il faut expérimenter ! Cela passera par exemple par un engagement dans des projets qui, certes, parfois échoueront mais qui nous apporteront toujours quelque chose d’utile, de formateur. Cela veut aussi dire parfois se tromper de voie, de choix de cours, de stage, voire de Master, car c’est peut-être cette erreur qui fera naître une opportunité ou aboutira sur une rencontre aussi inattendue qu’enrichissante. Cela signifie, enfin, oser de nouvelles choses et tenter de nouvelles expériences qui nous feront évoluer et nous offriront la possibilité de changer de casquette en cours de chemin et de redessiner son chemin de vie à mesure que nous avançons.

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