Cultura e Identidad
L'auteur guadeloupéen Daniel Maximin développe dans son livre Les Fruits du Cyclone l'expression « quatre continents pour édifier une île » . Il fait ainsi allusion aux fortes influences extérieures intégrées dans les processus de création identitaire des îles caribéennes. Les dominations successives ont, avec les apports de populations multiples, dessiné des îles profondément possédées par leurs héritages ; le passé -troublé par l'ubiquité de la question nationale et raciale- y est un élément omniprésent des productions contemporaines. De New York à la Martinique, en passant par Puerto Rico et la République Dominicaine, Bouthaïna Harfi et Marjolaine Girard, étudiantes en troisième année sur le campus de Poitiers, se concentreront ainsi sur l'étude de mouvements artistiques et tenteront d'y déceler l'expression d'une identité nationale, les revendications liées à des Histoires particulières et à leurs conséquences actuelles en termes de consolidation identitaire. Elles analyseront la convocation des héritages culturels par les artistes caribéens réagissant différemment d'une île à l'autre à l'appel des influences des « quatre continents ».
Centrées sur des courants musicaux et picturaux, elles tenteront de comprendre comment certains artistes, partis de la seule prétention de faire de « l'art pour l'art », ont pu ériger leur production, consciemment ou non en « art pour le peuple », voire en art activiste. Pour ne pas tomber dans des préconceptions dangereuses, il s'agira de se familiariser avec la démarche intellectuelle de l'artiste, de comprendre en profondeur sa conception de l'art (en général, et du sien plus spécialement) comme un possible vecteur identitaire.
La région Caraïbe, « un archipel de d'îles-roseaux nées de la résistance aux chaînes, pliées sans rompre sous les ouragans géographiques et les cyclones de l'histoire » est bien souvent négligée en dépit de l'immense richesse culturelle qu'elle recèle. Elle sera mise à l'honneur au long de ces publications, à travers des retranscriptions d'entretiens ou des articles de fond.
C'est en somme une manière originale d'aborder les questions d'identité, d'héritage national au prisme de la peinture et de la musique, dans des territoires multiculturels, et multicolores.
Bouthaïna et Marjolaine commenceront leur projet à New York, sur les traces des artistes Nuyoricains d'hier et d'aujourd'hui, ceux qui, dans les années 60 développaient progressivement un fort mouvement culturel et marquaient le territoire new yorkais par la création de nombreux espaces d'expression, puis ceux qui aujourd'hui s'inscrivent dans la continuité de ce mouvement en s'illustrant à travers d'autres formes d'art, plus contemporaines.
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