« Pepe » Lobo au pouvoir au Honduras : la fin de la crise politique ?
Après cinq mois de crise politique, depuis le coup d'Etat du 28 juin contre le président Manuel Zelaya, les élections honduriennes se sont tenues ce dimanche 29 novembre, sans incident majeur selon le Tribunal Suprême Electoral hondurien, malgré des incidents à San Pedro Sula, deuxième ville du pays, lors d'une manifestation d'opposants.
C'est Porfirio (« Pepe ») Lobo, du Partido Nacional, qui était hier soir déclaré « vainqueur virtuel » (plus de la moitié des bulletins de vote ayant alors été dépouillés) par le TSE avec 55,9% des voix et un taux de participation de 61,3% (il n'était en 2005 lors de l'élection de Mel Zelaya que de 44%). Elvin Santos, du Partido Liberal (ancien parti de Manuel Zelaya), tout comme Robert Micheletti, président « en interim » depuis le 28 juin ont tous deux reconnus ces résultats.
Pour Manuel Zelaya, réfugié depuis le 21 septembre à l'ambassade du Brésil, et ses partisans du Frente de Resistencia, il y aurait eu un taux de 65 à 75% d'abstention dans certaines parties du pays, et se refusent par conséquent à reconnaître les résultats proclamés par le TSE. De plus, l'accord de San José-Tegucigalpa du 30 Octobre, conçu par le président costaricain Oscar Arias visant à assurer la légitimité de ces élections, prévoyait la création d'un gouvernement d'unité nationale et laissait au Parlement la décision de restitution de Mel Zelaya avant la tenue de ces élections. Aucune de ces deux conditions n'a été tenue et la décision du Congrès quant à l'avenir de Mel Zelaya doit être rendue demain. Ce dernier envisage de se réfugier au Nicaragua s'il n'est pas restitué par le Congrès.
Au niveau international, ces élections sont source de divisions. Le jour des élections se tenait à Lisbonne le XIX Sommet Ibéro-américain qui réunissait de nombreux chefs d'Etat latino-américains à l'exception de Hugo Chavez, Evo Morales et Daniel Ortega, tous rangés du côté de la non-reconnaissance de ces élections. Mauricio Funes, président salvadorien, a affirmé à cette occasion que « les élections ne sont pas la solution » à la crise hondurienne et qu'il faut désormais créer un gouvernement d'unité nationale incluant le président déchu et réformer la Charte Démocratique de l'OEA (Organisation des Etats Américains) pour que ce type de situation ne se reproduise plus et qu'elle soit sanctionnée économiquement et diplomatiquement.
De leur côté les Etats-Unis, ayant changé leur position depuis le début de la crise, suivis du Costa Rica, du Panama et de la Colombie, ont reconnu la légitimité de ces élections et la sortie de crise qu'elles offraient au pays. Le Brésil, le l'Argentine, le Venezuela ou encore Cuba se sont quant à eux opposés à la reconnaissance de ces élections venant légitimer ce que le Ministre des Affaires Etrangères argentin a qualifié de « coup d'Etat du XXIème siècle »