Retours sur la réalisation de posters
Morgane Reina et Luis Rivera Velez ont donné le cours « Genre, diversité et droits LGBTQI+ en Amérique latine » aux étudiants de Sciences Po de premier cycle du Campus de Poitiers. L’Atelier de cartographie a brièvement orienté les étudiants sur la réalisation de posters.
Benoît Martin : Quels enjeux abordent votre cours et en quoi sont-ils importants pour des étudiant·e·s de premier cycle universitaire ?
Luis Rivera Velez : Nous introduisons la sociologie du genre et de la sexualité à travers l’étude des cas latino-américains. La région se caractérise par l’ambiguïté des approches de la diversité sexuelle et de genre : alors que certains pays ont inscrit le droit à l’identité de genre dans leur Constitution, d’autres continuent de réprimer les populations trans. Le cours traite de ces thèmes par des exemples nationaux concrets, à travers des notions de sociologie, de science politique, de droit et d’histoire.
Morgane Reina : J’ajouterais que ce cours nous paraissait important en premier cycle car il initie les étudiant·e·s dès leur entrée dans l’enseignement supérieur à une démarche de déconstruction sociologique des questions de genre. Car bien que d’actualité brûlante, elles sont encore trop souvent naturalisées et essentialisées. Et comme les jeunes générations y sont de plus en plus sensibilisées, il nous semblait urgent de leur donner un cadrage théorique et des outils méthodologiques.
Benoît : Quels intérêts pédagogiques présentent l’exercice du poster scientifique ?
Morgane : Le poster m’a paru une excellente idée. Une idée de Luis. C’est un exercice complet qui permet de travailler de manière originale sur la forme tout en préservant les qualités essentielles d’un travail de recherche, que les étudiant·e·s mènent de A à Z. Le poster pose aussi des questions de vulgarisation et d’accessibilité du savoir qui nous tiennent à cœur. Enfin, le poster scientifique est une méthode très utilisée par les étudiant·e·s de licence au Brésil, notamment pour exposer les résultats de leur première recherche. Cela tombait donc à pic.
Luis : Oui, en plus d’aborder les étapes d’un travail d’argumentation et de synthèse, le poster est un rendu moins « classique ». Il permet notamment de mobiliser des données et de les restituer de manière visuelle et originale.
Benoît : Quels ont été les apports de l’Atelier de cartographie ?
Luis : Nous avons eu deux ateliers avec Benoît Martin. Le premier a permis d’introduire les étudiant·e·s aux principes de la présentation visuelle des données et de leur articulation avec des textes. Les étudiant·e·s ont par exemple compris qu’il ne faut pas trop charger un document, mais plutôt se questionner sur l’utilité d’une représentation et de sa place dans l’ensemble de l’argumentation. Avec ces principes en tête, le deuxième atelier a servi à analyser et critiquer les brouillons des étudiant·e·s, afin de valoriser leurs premières pistes et de les améliorer par des remarques constructives.
Morgane : Nous soulignions la question de la transmission du savoir dans la question précédente. Le dialogue avec Benoît Martin a justement donné l’opportunité aux étudiant·e·s de sortir du seul cadre du cours que nous dispensons, Luis et moi, en ajoutant une dimension méthodologique supplémentaire à leurs travaux.
Quelques travaux des étudiant·e·s
Luis : Voici deux posters très différents par leur logique et leur esthétique. Ils sont tous deux réussis au sens où ils apportent une connaissance synthétique sur un cas et de manière visuelle. Après avoir problématisé un sujet, les étudiant·e·s ont structuré une réflexion cohérente, qui permet de répondre à la question initiale.
Crédit : Emerick Le Goff et Helena Crenn
Morgane : Ce premier poster illustre de manière pertinente les tensions soulignées tout au long du semestre : alors que le Brésil demeure l’un des pays où les populations LGBTQI+ subissent le plus de violences au monde, cette recherche présente de quelle manière la culture drag a su se démocratiser et percer, malgré les obstacles structurels. Ce travail est aussi bien réussi sur le fond que sur la forme. Il est clair, analytique et rigoureux, et la représentation graphique des données est très recherchée et esthétique.
Crédit : Ximena Dominguez Gómez, Camila Cornejo
Morgane : Ce second poster, très bien problématisé et argumenté, met en relief un autre pan du cours : le manque de reconnaissance légale et de politiques publiques en dépit d’un changement culturel et de fortes mobilisations, ici autour de la légalisation du mariage égalitaire au Guatemala. En plus de mener à bien une recherche, le poster est agréable à parcourir et équilibré entre texte et représentations graphiques.