Crédit : Atelier de cartographie / Sciences Po
Comment représenter beaucoup d’informations sur une même carte ?
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Patrice Mitrano
Publié le 13/09/2024
Note aux lecteurs :
Cet article fait partie d’un ensemble de ressources méthodologiques relatives à l’exercice de la carte demandée dans le cours Espace mondial à Sciences Po. La « carte » est sensiblement identique au « croquis géographique » du lycée. La plupart des points développés dans ces ressources s’appliquent dans l’enseignement secondaire.
Sélectionner des données
Représenter une seule information, voire deux, sur une même carte ne pose pas trop de question. Mais dès que l’on souhaite en figurer plusieurs, les trier et en sélectionner les plus pertinentes devient indispensable.
Conseil n°1 : Sélectionner l’indicateur le plus pertinent pour illustrer un argument. Cette solution évite les redondances et libère de la place pour figurer d’autres données.
Conseil n°2 : Ne garder qu’une partie seulement d’une variable (les valeurs fortes ou les valeurs faibles) pour les mettre en avant. Par exemple, colorier seulement les pays à indice de Gini > à 40 pour renforcer les zones très inégalitaires dans le Monde.
Conseil n°3 : Simplifier l’information, surtout si elle est complexe. Par exemple réduire le nombre de classe d’une carte du PIB par habitant dont on souhaite reprendre le contenu : passage de 8 classes (à gauche) en 2, fort / faible (à droite).
Illustration 1. Simplifier l’information : Le PIB par habitant dans le Monde (moyenne 2020-23)
[gauche] D’une carte complexe en 8 classes à [droite] une version en 2 classes.
© Atelier de cartographie / Sciences Po
Varier les types de données
Tout l’art de la carte en Espace mondial est de faire simple, mais néanmoins efficace, rigoureux et utilisable pour répondre à la question posée et pour communiquer. Or l’image peut assez vite se charger en informations au fur et à mesure de sa réalisation.
Conseil n°1 : Varier les échelles des données facilite leur dessin sur une même carte. De très locales (au niveau des villes), elles peuvent être régionales (selon des unités administratives), transnationales (des religions ou des langues) ou globales (un scénario de réchauffement climatique).
Conseil n°2 : Alterner l’utilisation de séries de données complètes (le PIB par habitant pour l’ensemble des pays du Monde) et des cas choisis et donc non exhaustifs. Par exemple prendre l’Indice de biodiversité de WWF dans le Monde et un cas d’une espèce menacée.
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Illustration 2. Travail d’étudiant-e sur la mondialisation financière (1996) qui alterne des informations à l’échelle des États, d’ensemble transcontinentaux ou encore très localisées. Pour un rendu très lisible.
© Atelier de cartographie / Sciences Po
Combiner/synthétiser graphiquement
L’utilisation de figurés bien différenciés renforce graphiquement la diversité des informations sur la carte. Des points servent à cartographier généralement des lieux précis mais il seront également mobilisés pour figurer, par exemple, les quelques États membres d’une petite organisation régionale. Les lignes relient des lieux (flux de réfugiés), associent des espaces (organisation régionale) ou, au contraire, séparent des territoires (murs ou frontières). Enfin des zones associent, en les englobant éventuellement, des données et facilitent leur généralisation (dessin +/- précis).
Ces trois primitives graphiques sont modulables selon un grand nombre de couleurs, de formes géométriques, de tailles ou encore d’orientations et autorisent de multiples combinaisons.
Au cours de la réalisation de la carte, si l’on remarque que des phénomènes ont la même géographie (la même répartition spatiale), alors on peut essayer de les figurer à l’aide d’un seul élément graphique. Avantage : on épure le graphisme pour rendre la carte plus « lisible ». Inconvénient : pour formuler la légende, on ne peut pas associer n’importe quelles données ensemble.
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Illustration 3. Les mêmes données peuvent donner lieu à des images différentes.
© Atelier de cartographie / Sciences Po
Pour aller plus loin
- Tous les articles pour Bien démarrer en cartographie en Espace mondial
- Article d’Isabelle Coulomb, « Portrait : je suis la sémiologie », ICEM7, 24 décembre 2020
- Article de Christine Zanin, « Figuration cartographique », HyperGéo, 25 mai 2006