Crédit : Atelier de cartographie / Sciences Po
Comment représenter graphiquement les données sur une carte ?
Patrice Mitrano
Publié le 10/09/2024
Note aux lecteurs :
Cet article fait partie d’un ensemble de ressources méthodologiques relatives à l’exercice de la carte demandée dans le cours Espace mondial à Sciences Po. La « carte » est sensiblement identique au « croquis géographique » du lycée. La plupart des points développés dans ces ressources s’appliquent dans l’enseignement secondaire.
Voir et (non) lire
Une carte est une image à voir. Elle est toujours le fruit d’une série de choix : quel fond de carte, quel cadrage, quelles données mobilisées, quelles solutions adoptées pour répondre à la question posée, etc. ? Les données mobilisées -ou données à lire- subissent un traitement graphique qui conduit à une image à voir.
Cette transcription des données du domaine du lisible à celui du visible s’appuie sur un système graphique de signes (couleurs, formes, tailles…) formalisé, en France notamment, par Jacques Bertin. Elle distingue les données selon 2 grandes familles : les nombres et les textes.
Illustration 1. Carte à lire (à gauche) vs carte à voir (à droite).
Le cas des personnels employés pour les missions de paix de l’ONU en 2024
Traiter graphiquement des nombres
Les nombres permettent d’évaluer et de comparer des quantités ou des rapports de grandeurs, mais aussi d’ordonner des éléments en indiquant leur rang.
Évaluer ou comparer des volumes, des stocks ou des effectifs : le simple rapport de proportionnalité entre les données est montré. On choisit pour cela un objet géométrique simple (une barre, un disque ou encore un carré) dont on fait varier la taille ou la hauteur (selon l’objet choisi) selon les valeurs du tableau.
Exemples : les émissions de CO2 dans le Monde ou les populations vivant dans un bidonville en Italie.
Illustration 2. Traiter des nombres
Rapports de grandeurs : un outil peut décliner autant de nuances d’une même couleur qu’il y a de valeurs différentes dans une série de données (illustration 3, à gauche). Or l’œil humain est incapable de distinguer toutes ces nuances. On procède donc à l’étape de réduction des données originelles continues de la série. La carte montre alors les données agrégées dans des classes dont les teintes suivent l’ordre de la série, de la plus claire (valeurs faibles) à la plus foncée (valeurs élevées) (illustration 3, à droite).
Exemples : la part des chrétiens dans le Monde ou le taux de mortalité dû à Covid-19 à New-York.
Illustration 3. Traiter des rapports de grandeur
Rangs ordonnés issus de classements : on procède de la même manière que pour figurer des rapports de grandeurs.
Exemples : l’Indice de développement humain du PNUD dans le Monde ou le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF.
Traiter graphiquement des textes (des noms)
Les données, dans ce cas, peuvent être des textes uniques (jamais deux fois la même occurrence dans la série de données) ou bien des mots ou des groupes nominaux qui constituent des catégories.
Textes uniques : ce sont des noms d’objets géographiques ou leurs codes normés associés (codes ISO ou INSEE par exemple). Ces informations sont écrites, ou pas, selon le besoin, en veillant bien à ne pas surcharger inutilement la carte.
Différencier des catégories : on traite graphiquement les données différentes à l’aide d’aplats de couleurs différentes, ou grâce à des pictogrammes différents. L’objectif : distinguer d’une part les différentes catégories sur la carte mais également faciliter l’association visuelle des occurrences semblables.
Illustration 4. Légende d’une carte historique (possessions coloniales)
Pour aller plus loin
- Tous les articles pour Bien démarrer en cartographie en Espace mondial
- Article d’Isabelle Coulomb, « Portrait : je suis la sémiologie », ICEM7, 24 décembre 2020
- Article de Christine Zanin, « Figuration cartographique », HyperGéo, 25 mai 2006