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21.01.2019
AGORAMETRIE : 28 ans de données sur les structures de l'opinion disponibles
Grâce au travail de documentation et de mise à disposition réalisé par le CDSP, la série complète des données des enquêtes de l’association Agoramétrie est désormais disponible pour la communauté académique.
Les enquêtes Agoramétrie constituent une source d’informations précieuse sur de nombreux sujets - parmi lesquels l’opinion publique et le nucléaire - de 1977 à 2005.
Le projet
Le Commissariat à l'Énergie Atomique et Électricité de France ont développé de concert, dans les années 1975, une recherche visant à comprendre la contestation antinucléaire. Rapidement, l’idée d’étudier les structures du débat public au delà des seuls thèmes nucléaires s’est dégagée afin de mieux appréhender les conflits d’opinion.
Pour nourrir cette exploration, le CEA et EDF créent en 1977 l’association Agoramétrie (pilotée par Jean-Pierre Pagès et Karl Van Meter), qui met en oeuvre un système d'enquêtes par cartes réponses portant sur de nombreux thèmes du débat public.
Les 29 enquêtes nationales réalisées entre 1977 et 2005, suivent les mêmes procédures et ont permis de constater que le débat public, sur l'ensemble des thèmes qui font controverse au niveau national, s'organise généralement autour des mêmes structures.
Une série à l’histoire “unique”
La série Agoramétrie est unique en ce qu’elle constitue un baromètre quasiment continu de l’opinion sur 30 ans. Ces enquêtes, malgré des inflexions, permettent ainsi de prendre le pouls des structures de l’opinion publique au cours du temps.
La série Agoramétrie comprend cependant plusieurs étapes.
Jusqu’en 1981, le dispositif est encore en phase de rodage : les premières enquêtes diffusées sont l’occasion de peaufiner l’approche du débat public inspirée des travaux de Gabriel Tarde et de Pierre Bourdieu, qui peut être qualifiée de « structuralo-constructiviste ».
De 1981 à 1991, l’enquête annuelle Agoramétrie se consacre à étudier les structures générales de l’opinion publique: de nombreux thèmes de débat sont explorés, avec un accent particulier sur certains sujets qui seront repris dans toutes les enquêtes (nucléaire, avortement, publicité, religion…).
Enfin, à partir de 1992, suite à des changements organisationnels, l’enquête sur les structures de l’opinion publique mue vers le Baromètre nucléaire. Jusqu’en 2005, une place beaucoup plus importante est ainsi consacrée au nucléaire, secteur d’activité des financeurs de l’association. Pendant cette dernière période, on ne retrouve l’ampleur thématique des enquêtes précédentes qu’une fois tous les cinq ans, à l’occasion d’enquêtes dites approfondies. Les autres années voient s’imposer des questionnaires plus courts, orientés sur les questions énergétiques.
Des données riches
De 1977 à 2005, le dispositif Agoramétrie a permis de recueillir les opinions d’échantillons représentatifs de la population française sur de nombreux sujets imprégnant le débat public. Cette approche longitudinale se révèle très riche afin d’établir des comparaisons dans le temps, mais aussi composer des échantillons de répondants en fonction de critères socio-démographiques.
Le nucléaire est au coeur des questionnaires diffusés. Depuis la connaissance qu’en ont les Français jusqu’à leur adhésion à la politique énergétique, en passant par leurs souhaits quant au futur ou leur réaction à la catastrophe de Tchernobyl, les données recueillies constituent une source d’information incomparable sur les opinions en termes d’énergie des Français.
La série Agoramétrie a également été la source d’un questionnement sociologique important sur la structure du débat public. En analysant les enquêtes avec les méthodes de l’Analyse des Correspondances Multiples, les auteurs ont pu montrer les liens unissant le “ciel” des opinions à la “terre” de leurs ancrages sociaux.