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17.03.2025

Appel à modules ELIPSS pour les doctorant.e.s : portrait de Constance Frohly, lauréate de l’édition 2024

Depuis 2024, le CDSP publie un appel à propositions de modules d’enquête à destination des doctorant·e·s en sciences humaines et sociales pour les soutenir dans leur travail de recherche. 

Alors qu’un appel à propositions est ouvert jusqu’au 7 avril pour une passation d'enquête en juillet 2025, nous vous proposons de revenir sur les modules sélectionnés et administrés au panel ELIPSS durant l’été 2024.

Constance Frohly, doctorante au département de Sciences Économiques de Sciences Po, revient sur son travail de recherche et les premier résultats de son module d’enquête sur les choix de scolarisation des familles au collège.

 Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre travail de recherche ? 

   

Bonjour ! Je m'appelle Constance Frohly, je suis doctorante à Sciences Po, sous la direction de Pierre Cahuc et Emeric Henry et je travaille sur les choix de scolarisation des familles au collège.

Je m'intéresse notamment aux informations dont les familles disposent sur les collèges publics et privés lorsqu'elles doivent choisir un établissement pour leurs enfants lors du passage de l’école primaire au collège. 

En effet, la littérature académique montre que les familles de milieux aisés sont plus représentées dans les établissements privés, ce qui pourrait être dû à différents facteurs, que ce soit du côté des choix des familles (préférences, contraintes financières) ou des écoles (sélection). La première étape pour différencier ces mécanismes est donc d’interroger les parents sur ce qu’ils savent des collèges publics et privés, ce qu’ils préfèrent et pour quelles raisons.

 

Quelle(s) méthode(s) d’enquête mobilisez-vous pour votre travail doctoral ?

J'utilise principalement des données quantitatives, c'est-à-dire que je compare ce que les participants répondent en moyenne, en fonction de leurs caractéristiques socio-démographiques, leur localisation, leurs expériences au collège, etc. Cette méthode repose sur la puissance statistique, autrement dit, plus il y a de participants, plus le résultat est fiable, d'où l'avantage du panel ELIPSS ! 

Par ailleurs, au-delà du panel ELIPSS, je suis également une approche expérimentale, où l'on compare les réponses de participants à qui on propose davantage d'informations sur les collèges publics ou privés par exemple.  Il s’agit principalement de comprendre si d’avantage d’information contribue à la prise de décision ou aux attitudes de la population ou non. Ceci peut par exemple informer le débat public ou une politique publique d’information.

Pour quelles raisons avez-vous répondu à l’appel à projets doctorants 2024 proposé par le CDSP ? Quels apports potentiels envisagiez-vous ?

J'ai répondu à l'appel à projets doctorants car la question de l'information moyenne sur les collèges a été peu documentée par le passé : peu d'informations existent en effet sur la qualité et la source des informations des familles. Pour préciser ma question de recherche, les variables d’intérêt pour les parents et les mécanismes à l'œuvre, j'avais donc besoin d'avoir une meilleure idée de ce que la population pense en pratique des collèges publics et privés (notamment sur certaines caractéristiques comme le taux de réussite au Brevet et la position sociale).

Quels sont les premiers résultats tirés du module de questions que vous avez conçu et diffusé pendant l’été 2024 au panel ELIPSS ? Avez-vous un chiffre clé ou un résultat saillant à nous présenter ? 

Ma première analyse montre que les critères qui comptent le plus pour le choix entre collèges publics et privés sont similaires pour toutes les classes sociales. Les critères les plus importants sont le nombre d'incidents (vols, harcèlement, etc.) par établissement et le nombre d'absences des professeurs, puis la distance et le nombre d'élèves dans les classes, les souhaits de l'enfant, les options disponibles et la valeur ajoutée de l'établissement (c’est-à-dire la contribution de l'établissement à la performance académique des élèves).

Les résultats montrent également qu'en moyenne, les individus surestiment le nombre d'élèves par classe dans les collèges publics, et sous-estiment à l'inverse les effectifs par classe dans les collèges privés. En réalité, il y a en moyenne plus d'élèves par classe dans les collèges privés (27,3) que dans les collèges publics (24,7). De plus, le taux de réussite au Brevet est en général plus élevé que ce que l'on pense à priori, tant dans les établissements publics que privés.

Si oui, ces résultats confortent-ils vos hypothèses de départ et les résultats de vos recherches préalables ? Y-a-t-il des “surprises” de terrain ? 

D'après les premières analyses, les différentes classes sociales semblent baser leurs choix entre collèges publics et privés sur les mêmes critères et avoir donc des préférences similaires. De manière surprenante, les catégories sociales moins favorisées déclarent une préférence plus forte pour les établissements privés. Cela pourrait peut-être être dû au fait qu'elles vivent éventuellement proches d'établissements publics moins bons que la moyenne, à vérifier dans la suite du projet… 

Quel bilan faites-vous de cette expérience ? 

C’est une super opportunité que je recommande absolument, car cela m’a permis d’obtenir des informations précieuses et concrètes sur le terrain, qui sont autrement très coûteuses et compliquées à obtenir pour des doctorants. Par ailleurs, l’opportunité de discuter avec des personnes en charge du panel ELIPSS de la bonne formulation et compréhension des questions a également été une expérience très enrichissante.

Un nouvel appel à module de questions dédié aux doctorant.e.s est ouvert jusqu'au 7 avril 2025. Auriez-vous des conseils à donner aux jeunes chercheurs qui souhaitent postuler ?

Au moment de la soumission du dossier, je vous conseille de vous concentrer plus sur l'objectif du questionnaire et sur l'articulation des questions entre elles plutôt que sur la formulation précise de chaque question car elles pourront encore être modifiées un peu plus tard. N’hésitez pas à faire tester votre questionnaire par votre entourage également !