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16.03.2023
Appel à communication : Google, acteur des politiques locales ?
Journée d’études organisée par la chaire Villes et numérique de Sciences Po
Google, acteur des politiques locales ?
Paris, 10 juillet 2023
La chaire Villes et numérique de l’École urbaine de Sciences Po, en partenariat avec le Centre d’études européennes et de politique comparée, organise le 10 juillet 2023 une journée d’études portant sur la thématique « Google et territoires ».
Incontournable dans le quotidien des citadins et dans les discours sur la ville numérique, l’articulation entre Google et la gouvernance territoriale soulève un ensemble de problématiques, encore étonnamment relativement peu explorées dans la littérature scientifique. Cette journée d’études, organisée en trois axes de réflexions, vise à interroger la présence de Google dans les territoires et ses effets sur les politiques locales et la gouvernance urbaine. Fondées sur des enquêtes empiriques, les propositions pourront relever de plusieurs champs disciplinaires en sciences sociales (science politique, sociologie, géographie, économie, urbanisme et aménagement, droit, etc.) et pourront s’inscrire notamment dans les trois axes suivants :
1. L’implantation territoriale et la stratégie du groupe Alphabet vis-à-vis des villes et des territoires
Le premier axe de réflexion interroge la stratégie du groupe Alphabet vis-à-vis des villes et des territoires. Sans que l’on puisse la catégoriser comme une firme urbaine, l’entreprise a développé progressivement une offre de produits et de services qui cible les territoires, leurs habitants et les pouvoirs locaux. Si avec la création de Sidewalk Labs en 2015 le groupe Alphabet s’est ouvertement positionné sur le marché urbain, l’entreprise, au travers notamment de Waze ou de Google Maps, est depuis de nombreuses années un acteur incontournable des pratiques territoriales. Au travers des différentes acquisitions et offres déployés, peut-on déceler une stratégie du groupe Alphabet vis-à-vis des villes et des territoires ?
D’autres communications pourront également porter sur le rapport aux territoires du groupe Alphabet. Si les produits proposés par l’entreprise sont largement immatériels, l’entreprise est implantée sur les territoires à plusieurs titres. D’une part, les produits et services proposés par Google reposent sur des infrastructures matérielles (câbles, data centers), qui se déploient dans les territoires selon une géographie spécifique que les communications pourront interroger. D’autre part, la localisation des sièges de l’entreprise provoque des effets sociaux et spatiaux, qui ont été l’objet de contestations. Si certaines villes tentent de les attirer sur leur territoire, des mouvements sociaux ont à l’inverse, à San Francisco ou à Berlin notamment, désigné Google et d’autres entreprises de l’économie numérique, comme responsable de processus de hausse des loyers, de gentrification et de privatisation d’infrastructures publiques (« Google Bus »).
2. Numériser et calculer le territoire
Le deuxième axe de réflexion s’intéresse aux modalités de production, d’utilisation et de valorisation des données territoriales par Google. Les communications pourront porter en premier lieu sur la construction de son infrastructure de données territoriales pour interroger les processus de mise en données des territoires par Google. Quelles informations collectent-ils et comment ? Comment et par qui est réalisé ce travail de la donnée ? Quels sont les partenariats et collaborations avec les acteurs locaux (pouvoirs publics, entreprises, citoyens, etc.) dans la production de ces données ?
Les communications pourront également analyser les effets de cette mise en données du territoire sur les marchés, les politiques publiques et les hiérarchies socio-spatiales. Insérées dans des dispositifs de calcul algorithmiques, ces données participent à établir des catégorisations alternatives de l’espace qui peuvent mettre à l’épreuve les stratifications traditionnelles établies par les pouvoirs publics ou les marchés économiques. En effet, à l’instar de l’application Waze qui provoque des reports de trafic dans des quartiers résidentiels, cette mise en calcul de l’espace par ces applications est susceptible de modifier des pratiques individuelles et collectives, transformer les modes d’appropriation de l’espace et mettre à l’épreuve les politiques publiques. De même, les systèmes de ranking, notamment des moteurs de recherche de l’entreprise, sont susceptibles de modifier les hiérarchies des marchés de biens et de services. Dans quelle mesure un service comme Google Maps transforme les relations entre acteurs et restructure la concurrence sur les marchés encastrés dans les territoires ?
Enfin, alors que l’entreprise est souvent présentée comme le symbole du capitalisme de surveillance, les communications pourront questionner les modalités précises de valorisation des données par Google. S’il ne les vend pas directement, Google valorise ses données sur le marché publicitaire, mais également au travers de leur diffusion par des API. Qui sont les utilisateurs de ces données ? Quels usages en font-ils ? Comment Google a-t-il progressivement construit ces marchés de la donnée territoriale ? Quel est l’écosystème d’acteurs qui s’est formé autour des données territoriales de Google ? Google marque-t-il une recomposition du capitalisme urbain autour de l’accumulation et la valorisation de données ?
3. Mobilisation, contestation, régulation, collaboration : Google dans la gouvernance locale
Le troisième axe de réflexion vise à mieux comprendre la place de Google dans le champ urbain et les politiques territoriales. L’essor des services de Google ont en effet provoqué méfiances et craintes de la part des acteurs traditionnels de l’urbain, qu’ils soient publics, privés ou citoyens, à l’instar de la mobilisation ayant conduit au retrait de Sidewalk Labs à Toronto. Comment se sont formées ces mobilisations ? Sont-elles parvenues à mettre à l’agenda public leurs revendications ? Quelles ont été les stratégies mises en œuvre par les acteurs privés pour maintenir leur position et contenir l’arrivée de Google sur leurs marchés ? A l’inverse, quelles sont les stratégies d’influence et de lobbying mises en place par le groupe Alphabet auprès des acteurs locaux pour obtenir une régulation qui lui soit favorable ?
Au-delà des mobilisations visibles, les services de Google se sont également imposés à bas bruit dans les politiques publiques. Waze ou Google Maps sont devenus par exemple des acteurs incontournables des politiques de mobilité. Quels conflits ont émergé au travers du développement de ces services ? Comment les pouvoirs publics les intègrent-ils dans leurs stratégies de gouvernement ? Voit-on émerger de nouveaux modes de gouvernance territoriale au travers desquels des acteurs publics ou privés travaillent avec Google pour mettre en œuvre des politiques publiques ?
Calendrier :
Date limite de proposition de communication : 20 avril 2023
Examen des propositions et retour sur les propositions : 30 avril 2023
Journée d’études : 10 juillet 2023 à Sciences Po (Paris)
Les propositions, d’une page et rédigées en français ou en anglais, devront être adressées à Antoine Courmont ( antoine.courmont@sciencespo.fr) au plus tard le 20 avril 2023. Elles devront expliciter la thématique de la communication, la question de recherche, le cadre théorique et la méthodologie ainsi que les matériaux mobilisés.