Accueil>Le CEE compte 3 docteurs et docteure en science politique supplémentaires !

16.12.2024

Le CEE compte 3 docteurs et docteure en science politique supplémentaires !

Pablo Cussac a soutenu le 26 novembre sa thèse “Gouverner par les standards. L'évaluation des enseignants et les processus d'étatisation managériale au Mexique et au Chili (années 1990-2020)”, préparée au CEE et au CERI, devant un jury de composé Philippe Bezes (co-directeur de thèse), Hélène Buisson-Fenet, Eve Chiapello, Hélène Combes (co-directrice de thèse), Patrick Hassenteufel, Patricio Silva et Antoine Vauchez. 

Comme il l’a retracé lors de sa soutenance, sa socialisation politique, dans une famille de fonctionnaires dans l’Espagne post-crise de 2008, n’est pas étrangère au choix de son objet de recherche. Après avoir commencé à étudier la réforme de l’évaluation de la profession enseignante au Mexique, qui battait son plein, pour son mémoire de master dirigé par Philippe Bezes et Hélène Combes, il a poursuivi ce travail en thèse en y adjoignant le cas du Chili. 

Alors qu’au Mexique, cette réforme s’est faite contre le corporatisme syndical enseignant, elle s’organise au Chili avec la profession, en réaction au néolibéralisme. Malgré ces contextes différents, Pablo Cussac met en lumière, à travers une enquête composée d’entretiens, de sources écrites, d’observations ethnographiques et d’analyse de statistiques, des conséquences similaires sur les bureaucraties (développement de capacités par l’externalisation de l’évaluation à des organisations privées, au détriment des ministères) et sur la profession enseignante (l’individualisation des évaluations accroît la concurrence au sein de la profession, ce qui produit des formes de démobilisation et de remobilisation des syndicats). 

Ces travaux invitent par ailleurs à repenser la comparaison internationale. Comparer les cas du Mexique et du Chili n’allait pas de soi, de par leur taille, l’organisation de leurs systèmes éducatifs ou leurs histoires politiques. Dans sa thèse, il s’est donc intéressé à des processus comparables : les coalitions politiques ayant porté les standards, les capacités bureaucratiques (en termes de professionnalisation, d’expertise et de coordination des administrations) qui sont construites pour les mettre en oeuvre et les effets de ces instruments sur la profession enseignante et ses syndicats. 

Pablo Cussac a obtenu un poste de chercheur postdoctoral au Centre d’études et de recherches administratives et sociales (Ceraps, CNRS/Université de Lille/Sciences Po Lille), dans le cadre du projet ANR UNERGY "Usages et contestations des politiques énergétiques", dirigé par Aude Lejeune.

   

Zoé Evrard a soutenu le 6 décembre sa thèse de doctorat “Redeploying Planning in Support of a New Neoliberal Consensus: On the Mediating Role of Economic Expertise in the Belgian Negotiated Neoliberalization Process”, préparée à AxPo et au CEE, devant un jury composé de Cornel Ban, Vincent Gayon, Verena Halsmayer, Colin Hay, Dieter Plehwe et Matthias Thiemann (directeur de thèse). 

Cette thèse examine le redéploiement de la planification étatique en Belgique dans le cadre de la trajectoire de néolibéralisation caractéristique du pays. Elle remet en question l'hypothèse dominante selon laquelle la planification est devenue obsolète sous le néolibéralisme, en montrant au contraire que la planification a été à la fois néolibéralisée, c’est-à-dire réorganisée pour soutenir les réformes orientées vers le marché, et néolibéralisante, en façonnant activement le processus de néolibéralisation belge. Soulignant la nature négociée de cette trajectoire, la thèse pose la question suivante : quel rôle l'expertise, y compris celle développée à l'origine à des fins de planification, a-t-elle joué dans la négociation d'un nouveau consensus néolibéral au sein du régime politique belge fragmenté ? 

Pour répondre à cette question, Zoé Evrard étudie l'hypothèse selon laquelle cette expertise a contribué à légitimer et à négocier un nouveau consensus néolibéral en Belgique, mais seulement après que la planification ait été détournée de son objectif initial de démocratisation économique pour devenir un outil de gouvernance du marché. À l'aide de nombreux documents d'archives, de rapports officiels, d'histoires orales et d'entretiens semi-structurés, elle propose une analyse à plusieurs niveaux qui situe la transformation de la planification belge dans le cadre de l'évolution plus large du capitalisme belge.
 

Cette analyse apporte trois contributions principales. Premièrement, concevoir la planification comme une infrastructure politiquement flexible permet des investigations empiriques, même après le déclin de la planification en tant qu'idéologie politique, et donc l'étude de sa néolibéralisation. Deuxièmement, dans un régime politique fragmenté, le caractère politique des régimes de connaissances est révélé en soulignant le rôle médiateur des connaissances partagées. Troisièmement, en combinant le néo-institutionnalisme historique et la sociologie de l'expertise, l'étude propose une approche dynamique et relationnelle pour expliquer la formation du consensus dans un régime fragmenté.

Zoé Evrard est actuellement chargée de recherche au sein du secteur Économie du Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), en Belgique.

Émilien Houard-Vial a soutenu le 2 décembre sa thèse "Dire et produire l'idéologie partisane aujourd'hui. Le cas de l'UMP/Les Républicains (2002-2024)", devant un jury composé d’Alexandre Dézé, Florence Haegel (directrice de thèse), Cécile Leconte, Thibault Rioufreyt, Frédéric Sawicki et Émilie Van Haute. 

Cette thèse porte sur l’investissement des questions idéologiques et ses enjeux au sein de la droite partisane française, particulièrement au sein de l’UMP/Les Républicains, entre 2002 et 2024. Ce travail se propose de contribuer aux littératures sur le déclin de l’idéologie, sur les transformations organisationnelles des partis électoraux-professionnels, et sur les défis électoraux posés aux partis de droite modérée entre autres par l’extrême droite. Il se fonde essentiellement sur une méthodologie qualitative et inductive, mêlant collecte de matériaux écrits, observations et entretiens, mais intègre également des données quantitatives. 

Émilien Houard-Vial met en évidence le déclin des traditions politico-historiques de droite, la stabilisation de l’idéologie de l’UMP/LR autour d’un consensus libéral-conservateur et d’une rhétorique des « valeurs » qui permet une labilité des expressions idéologiques, tout en conservant une certaine cohérence dans le temps et une cohésion y compris sur des thèmes clivants. Il explique l’inefficience du travail idéologique organisationnel dans un parti faiblement institutionnalisé sur fond de rapport instrumental à l’idéologie, et l’importance prise par les entreprises intrapartisanes personnalisées dans la production de l’idéologie à droite. Enfin, il montre que face à une concurrence partisane accrue, le parti cherche avant tout à se distinguer de ses concurrents sur une dimension métaidéologique liée à son identité de parti de gouvernement et à son expérience au pouvoir, dans un contexte de porosité aux discours de droite radicale.

Emilien Houard-Vial est actuellement attaché temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.