L'iceberg de la financiarisation : une ethnographie transnationale et multi-échelle des dettes dans les marchés illégaux (Asie, Amérique du Sud et Europe)

LE PROJET

Ce projet interdisciplinaire (sociologie, anthropologie, économie politique) vise à explorer la partie immergée de l’ “iceberg de la financiarisation”, c’est-à-dire les chaînes de crédits créées par la micro-finance dans l’économie informelle et leur connexion avec le reste de l’économie mondiale.

Il est financé pour une période de 17 mois (juin 2023-décembre 2024) par Sciences Po et Université Paris Cité.

LES OBJECTIFS

La financiarisation désigne le processus par lequel la reproduction sociale et la société dans son ensemble en viennent à dépendre des marchés financiers et à obéir à leur logique spéculative. Les recherches sur la finance mettent souvent l’accent sur le fonctionnement des marchés boursiers, les fonds d’investissement, le secteur bancaire ou les actifs offshore, ainsi que sur leur régulation. Mais ceux-ci ne forment que la pointe de l’iceberg, dont la partie immergée est constituée des activités financières informelles et même illégales, bien qu’elles soient souvent ignorées ou considérées comme marginales.

Ce projet s’intéresse à cette partie immergée de l’iceberg de la finance, à travers une étude exploratoire du rôle de la dette dans les marchés illicites en cours de financiarisation. Plus précisément, il cherche à répondre à deux questions connectées : i) L’accroissement mondial des dettes publiques et privées et le besoin croissant de liquidités stimulent-ils l’économie informelle, illicite et illégale ? ii) Comment la numérisation de la finance fournit-elle des opportunités de financiarisation de l’économie illicite et illégale ? Pour cela, l’équipe cherchera à reconstituer des chaînes transnationales de crédits, grâce à un travail de terrain en Inde, au Brésil et en France. Elle se concentrera sur deux cas : les chaînes de dette contribuant au au trafic de cocaïne ; celles liant par le micro-crédit les populations pauvres d’Inde et du Brésil à des banques françaises.

ÉQUIPE

Gabriel Feltran, directeur de recherche CNRS, CEE, Sciences Po (Principal Investigator)

Isabelle Guérin, directrice de recherche IRD, CESSMA, Université Paris Cité (Principal Investigator)

Jeanne Lazarus, directrice de recherche CNRS, CSO, Sciences Po (Principal Investigator)

David Picherit, chercheur CNRS, LESC

Timothée Narring, chercheur associé, CESSMA