Groupe de travail et d'information sur le terrorisme et le contre-terrorisme (O.C.T.A.V.)
Les chercheurs membres de ce groupe se proposent de ressaisir conjointement et à leur racine les problématiques liées du "terrorisme" et de "l'antiterrorisme". Les séances de ce groupe intègrent le séminaire de recherche de l’Observatoire collaboratif du terrorisme, de l’antiterrorisme et des violences (O.C.T.A.V.)
Le groupe de travail a émergé du constat qu'il n'y a jamais eu autant d'épisodes de violence "terroriste" que depuis les années 1970 et l'institutionnalisation progressive, en France, en Europe et aux Etats-Unis notamment, de ce que l'on appelle désormais "l'antiterrorisme". Loin de conduire à l'idée que "l'antiterrorisme" serait lui-même générateur de la violence "terroriste", ce constat suggère plutôt de refuser l'opposition terrorisme/antiterrorisme qui structure le discours politique, médiatique et d'expertise depuis cette époque. Dès les années 1970, en effet, le discours politique, largement alimenté par celui des experts, lui même amplement relayé par les médias, ne cesse d'opposer “terrorisme“ et “antiterrorisme“ et de présenter le second comme la réponse des Etats au premier. Ce faisant, il fait fi du mimétisme des pratiques qui, depuis cette même époque, git au principe du développement de l'antiterrorisme : plus le “terrorisme“ a été décrit comme une nouvelle forme de violence dont les entrepreneurs agiraient en réseau, et plus les acteurs de la sécurité, de la défense, du renseignement ont été appelés à s'organiser à leur tour en réseau, via un recours accru à l'outil informatique et à développer une forme renouvelée d'intervention étatique contre la violence labellisée “terroriste“. C'est cette forme renouvelée d'intervention des Etats contre la violence dite "terroriste" que l'on nomme aujourd'hui "antiterrorisme".
Ce diagnostic d'une transformation de la violence non-étatique exclusivement, à laquelle les appareils de sécurité et de défense des Etats modernes ne feraient que répondre en s'y adaptant, est erroné. Outre qu'il contribue à enfermer les entrepreneurs de violence et les appareils de sécurité, de défense et de renseignement des Etats modernes dans une inquiétante escalade de la violence et de la répression, il tend aussi à bloquer la réflexion a propos de la mise en œuvre de politiques publiques alternatives susceptibles de fournir un autre traitement de la violence dont les transformations contemporaines ne concernent pas seulement la violence non-étatique, mais aussi celle des Etats, comme en témoignent les plus récentes propositions, en France ou aux Etats-Unis, visant à accroître les capacités antiterroristes.
Les séances du groupe entendent, à travers un programme sur trois ans (2017-2020), explorer l'hypothèse générale selon laquelle ce que l'on appelle le "terrorisme" et "l'antiterrorisme" renvoient, ensemble, à une série de transformations complexes des manières même dont le phénomène général de la violence a été problématisé et catégorisé à l'époque moderne afin de permettre son traitement par des autorités étatiques dont la sociologie historique wébériano-éliassienne a su décrire le processus de légitimation. Sous cette hypothèse, ii est admis que l'analyse de ces transformations ne peut se faire à partir de la série d'oppositions - classiques et souvent trompeuses - entre la violence des individus et la violence des Etats, entre le "terrorisme" et "l'antiterrorisme", entre démocratie et barbarisme, entre modernité et islam, entre Occident et Moyen-Orient, etc. Une telle analyse implique donc un geste réflexif de mise à distance de ces catégories de pensée qui structurent I'ensemble du discours politique et d'expertise.Avec ses équivalents au sein des institutions partenaires du Sciences Po-CERI, ce groupe de travail forme l’Observatoire collaboratif du terrorisme de l’antiterrorisme et des violences (O.C.T.A.V.).
Ses membres se proposent de ressaisir conjointement et à leur racine les problématiques du ‘terrorisme’ et de ‘l’antiterrorisme’ en interrogeant leurs rapports aux transformations contemporaines de la violence et du politique. Pour cela, les travaux d’O.C.T.A.V. s’organisent autour de deux plateformes : un séminaire de recherche et des 'rencontres-praticiens' avec des professionnels de la sécurité, de la défense, du renseignement, de la justice et du travail social. Les séances du séminaire de recherche et les rencontres-praticiens alternent autour d’un même thème.
Pour s’inscrire à la liste d’information O.C.T.A.V., merci d’écrire à : administration@octav.org
Voir le programme des activités O.c.t.a.v. entre juin 2017 et mars 2020.