Critique internationale - Sommaire
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À partir d’un large tour d’horizon de travaux disséminés consacrés aux réformes de l’administration dans les processus de démocratisation, l’article identifie les multiples usages politiques dont ces réformes font l’objet : appropriation de l’appareil d’exercice du pouvoir, recherche d’efficacité de l’organisation pour produire des biens collectifs, contrôle des ressources administratives dans des logiques clientélistes, souci de légitimation face aux organisations internationales de financement et de développement. Analysant les conditions de mobilisation des trois répertoires de réforme concurrents (modèle bureaucratique « wébérien », État décentralisé, New Public Management), l’article montre les ambiguïtés de ces recettes et analyse les enjeux, les limites et les effets de leur instrumentalisation. Il souligne particulièrement l’inscription institutionnelle des réformes et leur dépendance à l’égard des administrations héritées des régimes autoritaires qui façonnent et contraignent les tentatives de transformation des systèmes administratifs dans les contextes démocratiques.
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La volonté de « réformer » l’administration constitue l’un des principaux leitmotive de la vie politique soviétique, puis russe depuis la perestroïka, mais elle n’a été mise en œuvre qu’à partir des années 2000. Cet article propose en premier lieu une analyse du contexte dans lequel s’est opérée l’accélération de l’agenda de la réforme administrative, en soulignant la convergence des attentes exprimées par les dirigeants politiques russes, les organisations internationales, les milieux entrepreneuriaux et l’« opinion publique ». Il montre en second lieu comment la mise en œuvre des mesures adoptées dans les années 2000 conduit à former un système administratif particulier, mêlant innovations, emprunts et héritages. L’analyse de ce processus d’hybridation indique que, contrairement à une représentation dominante, les prescriptions internationales « modernisatrices » et les héritages locaux, présentés comme des archaïsmes encombrants, ne s’opposent pas nécessairement, mais se complètent, voire se renforcent mutuellement. L’argumentation s’appuie sur la lecture des sources gouvernementales et sur des recherches menées en Russie dans ce domaine, mais aussi sur des données collectées au cours d’entretiens avec des fonctionnaires de différents niveaux dans plusieurs régions de l’Oural.
La réduction du nombre d’employés gouvernementaux est la conséquence directe des programmes élaborés par les experts des Institutions financières internationales (IFI) pour réorganiser le service public selon les préceptes de la Banque mondiale et du FMI. Pourtant, loin d’affecter les dynamiques et les structures sous-jacentes de la fonction publique, les réformes entreprises ont renforcé les clivages hérités de la période coloniale et exacerbé les tensions. Tel qu’il s’est déroulé au Malawi, le processus de réorganisation de la fonction publique amène à s’interroger sur la pertinence de la vision instrumentale de la bonne gouvernance mise en avant par les IFI, vision fondée sur le concept décontextualisé et ahistorique d’un État qui « dysfonctionne » et qui pourrait être « réparé » grâce aux « outils » offerts par les experts. Car il semble bien, alors même que les objectifs fixés par les IFI ont été atteints, que la réforme du service public, destinée surtout à transformer le Malawi dans le sens souhaité par la « communauté des bailleurs de fonds », n’ait pas du tout contribué à rendre la bureaucratie plus efficace. Celle-ci est aujourd’hui plus fragmentée que jamais, les « enclaves » (bénéficiant du soutien financier et logistique des IFI) et les ministères de tutelle se battent pour de faibles ressources et les « juniors », les nombreux fonctionnaires subordonnés dans l’administration du pays, prennent de plus en plus de distance par rapport à leurs « patrons ».
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Quels sont les usages politiques et scientifiques de la société civile dans les processus de réforme du marché du travail en Allemagne ? Partant d’une définition idéale-typique de trois logiques de mise en équivalence des individus qui se sont constituées au cours du XIXe siècle (le civique, le civil et le social), nous cernerons dans un premier temps les grammaires de l’articulation entre l’individuel et le collectif mobilisables et mobilisées dans le contexte contemporain. Nous examinerons ensuite l’expansion sous le Kaiserreich de la logique sociale qui a évincé la logique de la société civile comme pour mieux saisir le mouvement inverse qui se dessine plus d’un siècle plus tard. Ce retour à l’histoire permettra de comprendre les raisons de l’efficacité de la société civile comme levier critique tout en interrogeant les conditions de viabilité des alternatives susceptibles d’en découler
Le présent article examine le développement historique de l'universalisme américain, en partant de l'hypothèse selon laquelle les grandes fondations philanthropiques, en raison de leur projection internationale précoce, en sont l'un des lieux de cristallisation. C'est à partir des années 1890 que les États-Unis possèdent les moyens de leur ambition internationale, et que se forge, dans les nouvelles élites dont la grande philanthropie est l'émanation, un universalisme fondé sur la certitude que les États-Unis portent en eux l'avenir de l'Humanité. Il mûrira entre les années 1890 et l'entre-deux-guerres, avant de se manifester dans toute sa force après 1945, à la faveur du statut de superpuissance acquis par les États-Unis. C’est dans cette perspective que doit être replacée l’action des fondations : dès le début du XXe siècle, les plus grandes d’entre elles élaborent une politique mondiale liant étroitement la certitude d’incarner l'intérêt général et la volonté de diffuser un modèle américain. C'est ce que montre le cas emblématique de la fondation Rockefeller.
Alexis Spire, Étrangers à la carte : l’administration de l’immigration en France (1945-1975), Paris, Grasset, 2005, 402 pages.
Kitty Calavita, Immigrants at the Margins : Law, Race, and Exclusion in Southern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, 258 pages.
Alain Chatriot, Marie-Emmanuelle Chessel, Matthew Hilton (dir.), Au nom du consommateur : consommation et politique en Europe et aux États-Unis au XXe siècle, Paris, La Découverte, 2004, 424 pages.