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17.06.2024

Le campus de Dijon accueille des classes transplantées d’étudiants ukrainiens

Tout a commencé lorsqu’un enseignant vacataire sur le campus de Dijon, Benjamin Abtan, a présenté au directeur de campus Lukas Macek l’initiative franco-belge Europe-Prykhystok pour laquelle il est engagé. 

Enseignant d’un atelier de méthodologie autour des politiques du changement sous la thématique “Lutte contre le racisme dans les institutions”, Benjamin Abtan travaille en parallèle à la mise en relation de collectivités territoriales françaises et ukrainiennes. Ces collaborations résultent en l’organisation de courts séjours en France pour de jeunes ukrainiens. Nous appelons cette initiative des “classes transplantées”. 

Suite à une réunion entre le campus de Dijon, la ville et la métropole de Dijon et les représentants de la région Bourgogne Franche-Comté, tous partenaires du campus dijonnais, l’accueil des collégiens ukrainiens s’est mis en place. 

M. Macek s’est tout d’abord rendu à Vinnytsia, accompagné par une délégation, afin de visiter l’une des écoles partenaires et comprendre le contexte dans lequel les futurs collégiens accueillis en immersion évoluent au quotidien. 

Puis, bien plus qu’un intermédiaire entre les différentes parties prenantes, le campus de Dijon a accueilli les collégiens et leurs professeurs dans ses locaux et mobilisé plusieurs étudiants dans le cadre de leur Parcours Civique. 

C’est notamment le cas de Siloé et Valeria que nous avons interviewées, extraits: 

Présentez-vous.

Siloé Halliez:  Je viens de terminer ma première année à Sciences Po Paris, campus de Dijon, centré sur l’Europe centrale et orientale. À Sciences Po je suis engagée dans plusieurs associations, dont “Les Jeunes Européens” et l’association ukrainienne du campus, “UArt”, dont je suis Vice-Présidente. Je suis également engagée politiquement et je suis profondément pro-européenne.

Valeria Vidrasca: Originaire d’Europe de l’Est et ayant grandi en France, je suis beaucoup intéressée par les enjeux politiques et culturels de cette région d’Europe, ce qui m’a amené à choisir Sciences Po Paris, et plus particulièrement le campus de Dijon. Je suis aussi la présidente de l’association « UArt ».    

Comment vous êtes-vous impliquée dans l’accueil d’étudiants ukrainiens sur le campus de Dijon ?

Siloé et Valeria: Nous avons fait plusieurs réunions avec l’association “Aidons l’Ukraine” et la mairie de Dijon. Nous avons alors partagé nos idées d’activités et de visites pour bâtir ensemble un programme détaillé et un budget prévisionnel. Ensuite, le 28 mai, nous avons accueilli les enfants au CREPS (lieu où ils résident) et ensuite un accueil officiel à la mairie de Dijon. 

Le matin nous aidions les professeurs, par exemple, pour les cours de français, la réalisation d’activités manuelles avec les enfants…. Nous avons réalisé une présentation interactive avec un quiz sur les régions de France, ou encore une présentation sur les droits de l’enfant pour la journée internationale en leur honneur. 

Concernant les après-midis, soit nous partons en visite, soit nous organisons des activités nous-mêmes. Nous avons par exemple organisé une course d’orientation, un atelier fresque et peinture sur tee-shirt (pour avoir des souvenirs à ramener) et des Olympiades sportives.

Le but était qu’ils découvrent la France à travers la Bourgogne et qu’ils aient de bons souvenirs d’activités de coopération également. De manière plus générale, notre rôle était d’échanger avec eux, d’être à l’écoute et de faire en sorte qu’ils se sentent bien.

   

Pourquoi avez-vous choisi ce thème pour votre Parcours Civique ?

Siloé: La situation géopolitique en Ukraine est une cause qui me tient particulièrement à cœur depuis le début de l’invasion. Durant ces dernières années, j’ai beaucoup suivi l’actualité et approfondi le sujet par des lectures ou documentaires (j’ai par exemple fait de cette cause mon sujet d’essai pour entrer à Sciences Po). Depuis que je suis à Sciences Po, je continue ce parcours en m’engageant auprès d’associations de soutien à l’Ukraine et en participant à leurs événements et commémorations. J’apprends également l’ukrainien depuis quelques mois. M’engager pour l’Ukraine dans le cadre de mon parcours civique était donc une évidence. 

Valeria: J’étais dès le début intéressée par les associations culturelles et les enjeux identitaires de part mes origines et en raison de l’actualité géopolitique. Je trouvais que l’accueil d’élèves ukrainiens permettrait de solidifier les relations franco-ukrainiennes et d'ouvrir sur de nouvelles opportunités d’échanges et de programmes. Réaliser mon parcours civique autour de l’Ukraine me permettrait de comprendre les enjeux humains et sociaux de cette guerre qui pèsent sur les enfants, mais aussi de découvrir comment aider et conforter des personnes en situation de vulnérabilité, tout en découvrant un peu plus chaque jour la culture ukrainienne.

Que retirez-vous de cette expérience professionnellement et humainement ?

Siloé: Professionnellement, j’en retire des compétences d’organisation et de communication : savoir comment gérer un planning et des imprévus, préparer des activités, et gérer un budget. Apprendre à s’adapter au groupe, à échanger avec eux pour vérifier que tout se passe bien. Cette expérience m’a aussi permis de renforcer mon anglais ainsi que mon apprentissage de l’ukrainien.

Humainement, je retiendrai la force et le courage de ces enfants, qui continuent à vivre, échanger, écouter, et s’émerveiller malgré la perte de leur(s) parent(s) récemment. Je retiendrai aussi leur grande ouverture, leur gentillesse, et leur tendresse pour certains. Je retiendrai leur espoir en l’attente de la victoire de l’Ukraine et du retour de la paix dans leur pays.

De mon côté, j’ai appris à faire attention à des enfants fragilisés par la perte d’un parent tout en ne les infantilisant pas et en reconnaissant leur force. Une de mes victoires a par exemple été de réussir à devenir proche et complice avec une jeune Ukrainienne très touchée par la perte de son père, qui ne parlait pas et restait à l’écart au début du séjour. Désormais, elle est bien intégrée et souriante.

Valeria: Travailler avec les enfants sur tous ces projets et les accompagner dans ces sorties m’a permis de comprendre comment encadrer des enfants, et plus généralement comment travailler en équipe. Avec les étudiants de Sciences Po, nous devions nous organiser pour les activités proposées, et essayer de rendre le programme le plus ludique possible, nous poussant à être vraiment créatifs.

Ces enfants ont une grande sensibilité; passer du temps avec eux et leur faire découvrir des choses nouvelles est non seulement gratifiant mais aussi agréable à vivre alors que nous découvrons chaque jour un petit bout de leur culture.

   

Envisagez-vous de donner une suite à ce projet ?

Siloé: Je pense que cette expérience ne s’arrêtera pas là, nous avons noué de belles relations avec certains enfants ukrainiens avec qui nous resterons en contact. De plus, je souhaiterais continuer à m’engager auprès de l’association “Aidons l’Ukraine” l’année prochaine. Par ailleurs, mes recherches de stage civique en Ukraine m’ont amené à faire la connaissance d’un jeune reporter français en Ukraine, qui m’a proposé de le rejoindre pour suivre son reportage. Ainsi, je devrais partir environ deux semaines à la fin du mois de juillet en Ukraine pour suivre son reportage et rencontrer des Ukrainiens touchés par la guerre, ce qui sera, j’en suis certaine, une expérience unique et très instructive pour la suite. Mon engagement pour l’Ukraine ne se limite donc pas à ce stage.

Valeria: En tant que présidente de l’association ukrainienne « UArt », je vais devoir organiser des évènements sociaux comme des conférences, des projections, ou encore des soirées de découverte de la culture ukrainienne sur le campus. L’objectif cette année sera de développer les partenariats institutionnels et permettre de faire découvrir au sein de Sciences Po une culture encore méconnue en France. Par ailleurs, j’ai vocation plus tard à travailler dans le monde des affaires internationales en vue de développer les relations entre la France et l’Europe de l’Est dans le monde du commerce et des affaires politiques. Je compte donc donner une suite professionnelle à ce projet.

Portes Ouvertes Bachelor virtuelles, le samedi 30 novembre 2024

Journée portes ouvertes bachelor
(crédits : Sciences Po)

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