Le CSO, d'hier à aujourd'hui
- Les locaux du CSO, 19 rue Amélie, 75007 Paris
- Témoignages de doctorants au CSO
Je m’appelle Clémentine Gozlan, et avant d’arriver au CSO j’ai été à l’École normale supérieure de Lyon.
Je m’appelle Camille Boubal, et j’ai fait un master de sociologie à l’EHESS.
Je m’appelle David Santana, et j’ai fait des études de sociologie à Paris V.
Je m’appelle Christophe Claisse, j’étais au département de sciences sociales de l’École normale supérieure de Cachan.
Je m’appelle Hadrien Coutant, j’ai fait Sciences Po avant de débuter ma thèse. J’ai fait le master de gestion des ressources humaines.
Sur quoi portent vos recherches ?
Clémentine Gozlan : « L’évaluation de la recherche en mutation » - Programme de recherche « Enseignement supérieur et recherche »
En France, on a vu la création d’une agence nationale d’évaluation de la recherche qui s’appelle l’AERES. Cette agence a été controversée au sein de la communauté académique. On pouvait croire avec l’AERES que les chercheurs allaient être dépossédés de leurs prérogatives en tant que chercheurs et évaluateurs, à cause du fait qu’il y aurait des managers de la recherche qui leur imposeraient des directives. L’enquête ne montre pas ce résultat-là, l’enquête montre plutôt que les scientifiques restent centraux dans le dispositif d’évaluation nouveau qui se met en place. Ils sont centraux : ce sont les scientifiques qui fabriquent les procédures, ce sont eux qui les appliquent mais par contre ce ne sont pas n’importe lesquels des chercheurs qui sont investis dans ces arènes d’évaluation. Et donc la thèse essaye de comprendre les recompositions des rapports entre les professionnels au sein même de la communauté académique.
Camille Boubal : « Savoirs, instruments et politiques de santé en nutrition » - Programme de recherche « Santé »
J’ai réalisé une centaine d’entretiens avec les acteurs de prévention, notamment à l’INPES, l’institut national de prévention et d’éducation à la santé. J’ai également rencontré les personnes importantes du programme national « Nutrition Santé », et j’ai aussi rencontré des chercheurs en psychologie, marketing, économie, qui justement aident à la compréhension du comportement et notamment du changement de comportement. Pourquoi travailler sur les savoirs de comportement ? En fait, il s’agit de comprendre l’émergence de nouveaux savoirs, le marketing social et l’économie comportementale, qui pourraient permettre d’améliorer l’éducation à la santé et la prévention.
David Santana, « La culture de sûreté dans le management des centrales nucléaires » - Programme de recherche « Risques »
La notion de culture de sûreté est utilisée de manière très différente selon les acteurs de l’industrie nucléaire, en fonction de leurs intérêts, etc. Que ce soit l’Agence internationale de l’énergie atomique, les dirigeants de l’entreprise EDF et les managers sur le terrain, ils ont chacun leur problématique propre et donc la mobilisent à leur façon.
Christophe Claisse, « Les carrières au sein d’une entreprise en transformation » - Programme de recherche « Marché du travail et groupes professionnels »
Je me suis plus précisément centré sur les centres financiers de la Banque postale, c’est-à-dire que, en réalité 50 ans après Michel Crozier, je me suis retrouvé à réaliser une partie de mon terrain de recherche au sein de cette fameuse agence comptable qu’il avait étudié dans le phénomène bureaucratique. L’observation de ces conseillers en évolution professionnelle dans leur quotidien de travail a permis de révéler des logiques de construction de carrière et des principes de mobilité professionnelle complètement différents de ceux que sont censés promouvoir les conseillers en évolution professionnelle qui, sous couvert du passage d’une mobilité subie à une mobilité soi-disant choisie, ont pour charge d’organiser le transfert de toute une partie de la main-d’œuvre dédiée à des activités de production très techniques vers des activités commerciales.
Hadrien Coutant, « Construire un groupe industriel : le cas d’une fusion chez Safran, dans l’aéronautique » - Programme de recherche « Firmes »
J’ai passé trois ans dans l’entreprise, j’étais intégré dans l’entreprise, j’ai participé à tout un tas de réunions, de comités de direction, j’ai participé à tout un processus de fusions d’organisations dans une division de Recherche et développement. Ça m’a amené à poser la question des transformations de la gouvernance des entreprises publiques par l’État et donc à poser la question de comment cette gouvernance d’entreprises publiques s’est financiarisée au cours des dix dernières années.
Fermer la transcription textuelle de la vidéo - Le colloque du CSO à Cerisy en 1990
Au début des années 60, Michel Crozier rassemble autour de lui les jeunes chercheurs qui forment le noyau de son équipe. Ils sont logés dès 1962 rue Geoffroy Saint Hilaire, à Paris, dans l’immeuble du Club Jean Moulin dont Michel Crozier est un membre très actif. Les enquêtes sur l’administration française, dont le coup d’envoi est donné en 1964 avec un financement de la DGRST*, vont souder le groupe qui est reconnu par le CNRS dès 1967, prend le nom de « Centre de sociologie des organisations », le CSO, en 1970, et devient une équipe autonome du CNRS en 1975.
Michel Crozier gère son équipe comme « un patron de PME », accueille les étudiants qui apprennent le travail du sociologue en participant à des enquêtes sur le terrain dirigées par des chercheurs de l’équipe. La formation originale dispensée au CSO s’appuie sur l’Association pour le Développement des Sciences Sociales Appliquées (Adssa), une association loi 1901 créée par M. Crozier, H. Mendras et JD. Reynaud. A partir de 1975, le diplôme du Cycle supérieur de sociologie délivré par l’Adssa est homologué et devient le DEA de sociologie de Sciences Po. Les enquêtes du CSO portent sur la réforme de l’Etat et la décentralisation, sur l’organisation dans l’industrie ou les services administratifs, et elles sont financées par la Direction générale de la recherche scientifique et technique (DGRST), mais aussi par la MSH, le Comité d’organisation des recherches appliquées sur le développement économique et social (CORDES), ou par les ordonnateurs eux-mêmes (EDF, SNCF, CAF, St Gobain). Les rapports d’enquête se transforment en ouvrages publiés. En même temps, sont soutenues les premières thèses d’étudiants formés au CSO (1 en 1977, 3 en 1979).
En 1979, l’équipe se reforme – plusieurs chercheurs quittent le CSO tandis que cinq chercheurs sont accueillis au cours de la décennie suivante – et déménage pour s’installer dans les locaux du 19 rue Amélie. En même temps que se multiplient les thèses, de nouveaux sujets d’étude apparaissent : les services, l’innovation.
Au cours des années 80 et 90, la collaboration avec les cabinets de conseil se développe et se traduit par des contrats de recherche et des débouchés pour les étudiants. En 1990, un grand colloque à Cerisy consacré à l’œuvre de Michel Crozier propose un bilan de la sociologie des organisations. Le CSO, ouvert à l’international dès sa naissance, participe à de nombreux réseaux scientifiques et accueille le secrétariat d’EGOS pendant quatre ans (1992-96) tout comme il héberge aujourd’hui la SASE.
Au cours des années 2000, le CSO va connaître une évolution majeure. En 2001, au terme d’une collaboration de plus en plus étroite, notamment en matière d’enseignement, le CSO devient officiellement un laboratoire de Sciences Po, et une unité mixte de recherche du CNRS. En 2005, le DEA de sociologie se transforme en Master et le CSO est appelé à jouer un rôle de plus en plus actif dans l’enseignement à Sciences Po. La double tutelle apporte à l’équipe une meilleure assise financière et une structure administrative renforcée. Les contrats de recherche sont financés principalement par des organismes publics ou des agences de l’Etat. Mais c’est dans sa composition que l’équipe s’est le plus modifiée : à partir de 2000 elle s’accroît chaque année d’un ou plusieurs chercheurs qui viennent d’horizons différents. Formés ailleurs qu’au CSO, ils intègrent l’apport d’autres champs de la sociologie (sociologie politique, sociologie économique) et du croisement des disciplines (histoire, science politique); ils renouvellent les anciens champs de recherche (territoires, santé, politiques publiques…) ou en développent de nouveaux (marchés, professions..) ; en fin si l’enquête par entretien reste la méthode privilégiée, elle est complétée par d’autres approches qualitatives ou quantitatives.
Martine Gillet
Décembre 2014