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10.01.2022

A lire : FACE AU COVID-19. Les établissements d’enseignement supérieur et de recherche face à la crise sanitaire

Les universités face aux crises, une question très peu étudiée

L’idée de cette recherche est née début mai 2020, alors que nous commencions à apercevoir la fin du premier confinement. Après une rapide revue de littérature, il nous est apparu que la question de la gestion des crises – quelle que soit leur nature – par les universités était un terrain quasi-vierge. Parallèlement la consultation des travaux sur la gestion organisationnelle des crises montrait qu’ils peuvent être organisés en deux grandes catégories : d’une part ceux qui analysent les causes et la gestion des crises dans des organisations caractérisées par leur haut degré de complexité et d’interdépendance technologiques (entreprises chimiques, centrales nucléaires, navettes spatiales…) et qui se penchent également sur les manières de prévenir ces risques ; d’autre part ceux qui portent sur les services qui interviennent lors de crise (administration préfectorale, pompiers, services d’urgence, etc.) afin de comprendre comment ils se préparent et se coordonnent (ou pas) en cas de crise.

À la lecture de ces travaux, il est apparu encore plus pertinent de s’intéresser aux universités et à leur gestion de la crise sanitaire : non seulement elles n’avaient jamais été concernées par ces recherches, mais de plus une de leurs spécificités organisationnelles, le loose coupling, c’est-à-dire la faible interdépendance fonctionnelle qui les caractérise, est souvent présentée comme un facteur facilitant la gestion des crises dans les univers bureaucratiques ou à haute technologie (Quarantelli, 1977 ; Perrow, 1984 et 1999). Comment réagissent alors des organisations loosely coupled à une crise : sont-elles moins affectées ou plus réactives que des organisations au sein desquelles les interdépendances fonctionnelles ou technologiques sont plus fortes ? Les reconfigurations des rapports de force que soulignent nombre de travaux sur les crises (Bergeron et Borraz, à paraître) sont-elles moins fréquentes, moins fortes, moins intenses que dans d’autres organisations ? La gouvernance propre à chaque établissement est-elle modifiée et si oui dans quel sens ? Enfin, comment les universités arbitrent-elles entre sécurité sanitaire et continuité de leurs activités et stratégies de plus long terme ? Autrement dit, la crise les détourne-t-elle de leurs projets de développement ou de transformation ou bien ceux-ci sont-ils malgré tout poursuivis ?

C’est fortes de ces questions que nous avons conçu une vaste enquête empirique qui a couru de mai 2020 à septembre 2021 et bénéficié d’un financement d’une année par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre de l’appel RA-COVID.

Stéphanie Mignot-Gérard (IRG, UPEC)
Christine Musselin (Sciences Po, CSO, CNRS)
Aline Waltzing (Sciences Po, CSO, CNRS).
Avec la collaboration d’Aliénor Balaudé (Sciences Po, CSO, CNRS) et de Anne Moyal (Sciences Po, CSO, CNRS) et des étudiant·e·s du master de sociologie de Sciences Po.

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