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31.08.2023

Prix Spécial de thèse sur la ville 2023 décerné à Charles Reveillère

Organisé par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) et l’Association pour la Promotion de l’Enseignement et de la Recherche en Aménagement Urbanisme (APERAU Internationale), le Prix de thèse sur la ville a pour objet de récompenser les meilleures thèses de doctorat soutenues en France ou à l’étranger, rédigées en langue française :

  • révélant des façons nouvelles ou renouvelées de saisir les enjeux contemporains de la ville, du fait urbain, et d’en appréhender les transformations, y compris selon une approche historique ;
  • contribuant à éclairer voire interpeller l’action sur la ville et les espaces urbanisés, les activités de l’ensemble des opérateurs urbains, que ce soit dans le cadre de leurs politiques publiques, de leurs pratiques professionnelles, ou de la gestion urbaine.

Parmi les thèses retenues, le jury a sélectionné Charles REVEILLERE pour sa thèse de doctorat en sociologie “Demain c’est loin, et aujourd’hui c’est déjà trop tard. Vivre et gouverner le délogement dans deux espaces populaires en attente de rénovation urbaine”, soutenue à l’Institut d’Études Politiques de Paris, sous la direction de Claire LEMERCIER et de Jérôme PELISSE.

Résumé :

Ce travail porte sur deux espaces populaires du parc privé et social marseillais ciblés par des projets de rénovation urbaine. Le quotidien des habitant·es est mis en suspens : vont-iels devoir déménager, quand, où et comment ? Au nom d’une éventuelle démolition à venir, la gestion courante est minorée, laissant se dégrader bâtiments et espaces publics.

La thèse analyse le délogement comme un processus dont la brutalité se déploie au long cours. Elle commence par une description de l’attente vécue par les habitant·es, si éprouvante qu’elle fabrique souvent leur consentement au départ avant même que les administrations aient à les en contraindre. Après avoir identifié quelle forme d’action publique produit ce phénomène, l’auteur s’intéresse aux rapports de pouvoir qui déterminent les règles de distribution des biens symboliques et matériels en jeu dans le délogement.

En articulant cadre d’analyse processuel et comparaison spatiale, la démonstration identifie deux modes de gouvernement des espaces populaires, associés à un horizon plus ou moins ouvert de négociation. Trois angles d’analyse se dégagent. Tout d’abord, la relation entre pouvoir et prévisibilité : comment se distribue la maîtrise du temps et que fait-elle aux rapports entre des habitant·es et des administrations qui les délogent ? Ensuite, les pratiques d’intermédiation : dans l’attente des guichets officiels, des voies d’accès alternatives aux biens sont érigées, produisant des règles de distribution structurées par des rapports de domination différents de ceux habituellement observés. Enfin, les liens entre fragmentation interne de l’espace populaire et pratiques des administrations : la comparaison de formes plus ou moins rapprochées de domination permet de voir ce que les pratiques plus ou moins familières des agent·es font aux rapports sociaux localisés.

La thèse étudie plus spécifiquement les différentes faces du gouvernement clientélaire, entre réappropriation populaire des rapports aux administrations, levier de maintien de la paix sociale et instance de politisation conflictuelle. Elle repose sur l’analyse longitudinale de données produites par deux ethnographies des espaces populaires, des entretiens (avec habitant·es, agent·es administrations et intermédiaires) et des recueils de sources écrites.

Contact : charles.reveillere@sciencespo.fr

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