Accueil>Recherche>Projets de recherche>Gouverner la distance: Pesticides et santé des habitants, de la mesure scientifique aux mesures politiques
Gouverner la distance: Pesticides et santé des habitants, de la mesure scientifique aux mesures politiques
Financé en 2020 par le SAB - Scientific Advisory Board (composé d’universitaires de rang international, tous extérieurs à Sciences Po), ce projet est placé sous la direction de Sylvain Brunier et de Jean-Noël Jouzel.
Durée : 36 mois.
Résumé :
Que ce soit pour mettre en quarantaine un territoire donné en cas d'épidémie, ou pour établir un périmètre de sécurité autour d'une usine chimique afin de protéger les populations vivant à proximité, l'idée même que les risques sanitaires peuvent - et doivent - être confinés implique la définition de zones auxquelles des niveaux de risque sont attribués. L'histoire de l'environnement a clairement montré comment la définition de distances de sécurité est au cœur des technologies de gouvernement qui, au cours des deux derniers siècles, ont visé à gérer à la fois les nuisances industrielles et les protestations sociales qu'elles induisent, sans entraver le développement du capitalisme. Le travail qui consiste à séparer des activités contaminantes des zones d’habitation s’appuie sur une infrastructure épistémique et technique composée de cartes, d'appareils de mesure et de données épidémiologiques, qui rend ces distances de protection mesurables et gouvernables.
Notre projet de recherche vise à éclairer ces nouvelles formes de spatialisation des risques sanitaires et environnementaux induits par les activités agricoles, à partir du cas des riverains exposés à la dérive des pesticides. Il s'articule autour de trois axes permettant de déplier les controverses autour de la "bonne" distance entre les activités agricoles et les populations locales : mobilisation collective, production scientifique et régulation publique. Tout au long du projet, les cas californien et anglais apporteront des contrepoints particulièrement intéressant pour comprendre la manière dont les modes de protestation et les calculs consacrés à la dérive des pesticides ont circulé - ou non - des Etats-Unis vers l'Europe et la France.