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Art, industrie et société au temps de la reconstruction et de la croissance d'après-guerre
5 au 12 juin 2019
Art et industrie peuvent-ils faire bon ménage ? La question est probablement aussi ancienne que l'industrie elle-même et rares sont ceux qui, tel Achille Kaufmann en 1853, ont revendiqué la "poésie de l'industrie".
Après la première guerre mondiale, la "querelle du machinisme" fit rage entre ceux qui ne voyaient plus dans la machine qu'un instrument de mort et ceux que fascinaient sa puissance et sa beauté fonctionnelle. L'après seconde guerre ne laissa guère de place au refus romantique du progrès, car il fallait reconstruire, et vite. Mais, des exigences de rapidité de la Reconstruction, on a trop vite conclu, rétrospectivement, qu'on n'aurait, à l'époque, eu aucun souci de l'esthétique. C'est cette question que l'on entend revisiter en discutant des relations entre art et industrie au cours de cette époque.
Il s'agira d'abord de s'interroger sur l'esthétique fonctionnelle de l'usine elle-même et sur son influence sur l'ensemble de l'architecture de la période. La question est, ensuite, celle des médias artistiques et de leur renouvellement : la photographie et le cinéma sont directement en phase avec l'esthétique usinière, mais la peinture, la sculpture, la tapisserie sont aussi mobilisées. Il faut réconcilier les hommes avec leur nouvel univers. Si l'industrie peut pénétrer l'art, l'art pourra aussi pénétrer l'industrie. Car l'enjeu est aussi social. Cette période est celle des grandes ambitions de démocratisation artistique. La beauté doit appartenir à tout le monde comme l'affirmait André Malraux. Il faudra aussi s'intéresser aux représentations de l'activité productive, longtemps marquées par la figure ouvriériste de la puissance corporelle. Comment rendre compte de l'usine moderne, celle où l'homme semble disparaître derrière le gigantisme industriel ?
L'organisation de ce colloque en Normandie, région durement touchée par les destructions de la guerre et où la "Reconstruction" d'après-guerre fut en conséquence particulièrement importante, a une portée symbolique. Mais ce sera aussi l'occasion d'aborder, in situ, notamment à Saint-Lô, "capitale des ruines", ville détruite à 90% pendant la guerre, un certain nombre de problématiques du colloque. L'idée de "l'heure de la Reconstruction" est en ce sens à entendre dans une acception plus large que les années d'immédiat après-guerre. Elle renvoie à l'idée de "relèvement" de la France, urbanistique, industriel, mais aussi social et culturel qui marqua les décennies d'après-guerre et a laissé des traces vives jusqu'à aujourd'hui.
Ce colloque est organisé sous la direction de Gwenaële Rot et François Vatin (Université Paris Nanterre, IDHES).