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13.01.2023

3 questions à Isabelle de Silva, conseillère scientifique de la spécialité Administration publique

Isabelle de Silva, haut fonctionnaire, conseillère d’Etat a occupé des postes variés dans l’administration et au sein du Conseil d’Etat. Elle a ainsi été membre puis présidente de l’Autorité de la concurrence jusqu’à fin 2021, et a placé son mandat sous le signe des sujets numériques. Au sein du Conseil d’Etat elle a notamment été commissaire du gouvernement et présidente adjointe de la Section sociale, et a été nommée en mai 2022 présidente de la sixième chambre du Conseil d’Etat. Spécialiste des questions d’environnement et d’urbanisme, elle a également occupé les fonctions de Directrice des affaires juridiques du ministère de l’écologie et du développement durables. Elle a enfin occupé les fonctions de rapporteur adjoint au Conseil constitutionnel et de commissaire du gouvernement près le Tribunal des conflits. Elle est ancienne élève d’HEC, de l’ENA, titulaire d’une licence de Philosophie de l'Université Paris I Sorbonne et du diplôme de la Community of European Management Schools. Elle est professeur associé à l'É>cole d'affaires publiques (EAP) depuis novembre 2022 et conseillère scientifique de la spécialité Administration publique. Elle succède ainsi à Bernard Stirn.

Pour quelles raisons avez-vous accepté de devenir professeur-associé au sein de l'EAP ?

Cela faisait un long moment que les fonctions de professeur associé me tentaient, afin de retrouver le contact avec les étudiants et de pouvoir transmettre la connaissance du droit acquise par mes fonctions. La proposition qui m’a été faite de rejoindre l’EAP est venue à point nommé car j’occupe à présent des fonctions qui sont compatibles avec cette mission. J’ai été particulièrement honorée de cette proposition, car le prestige de l’Ecole d’affaires publiques n’est plus à démontrer, et la diversité des parcours qu’elle offre me paraît correspondre parfaitement à mes expériences passées : les champs de l’administration, de l’action ministérielle, du contentieux, de la régulation, des affaires européennes me sont familiers par les postes que j’ai pu occuper, et au cœur des enjeux actuels de la société.

Vous êtes aujourd'hui  la conseillère scientifique de la spécialité Administration publique dont l'attractivité ne se dément pas puisqu'elle accueille plus de 300 étudiants cette année, parmi lesquels un certain nombre se destine à la fonction publique. Quels sont les sujets sur lesquels vous souhaitez travailler durant les mois qui viennent ? 

La spécialité « Administration publique » est une institution ancienne, qui a formé des générations d’étudiants, mais qui a su parfaitement se renouveler pour s’adapter aux transformations de Sciences Po et aux nouvelles aspirations de ceux qui la rejoignent aujourd’hui. Elle accueille des étudiants qui ont des parcours universitaires d’excellence et qui recherchent à la fois la transmission des savoirs fondamentaux dans les domaines du droit, de l’économie, des questions sociales ou de la science administrative, mais aussi l’ouverture sur l’Europe, le monde, et les nouveaux enjeux tels la transition écologique. Mon souhait est de poursuivre le travail remarquable effectué ces dernières années par Bernard Stirn, qui a constitué une équipe pédagogique particulièrement solide et chevronnée, en m’attachant, avec les responsables de l’EAP, à anticiper les évolutions nécessaires. A cet égard, la transformation de la fonction publique, avec les réformes en cours de l’encadrement supérieur, sera un point d’attention. De même, la prise en compte des enjeux climatiques et de la révolution numérique sont des évolutions de long terme qui doivent être reflétées dans les enseignements de l’école. Et il est important qu’à côté des disciplines centrales qui font la réputation de l’Ecole, les étudiants puissent trouver des enseignements plus spécialisés répondant à leurs centres d’intérêts et aux débouchés qu’ils privilégient.

Vous allez enseigner un cours sur la régulation des plateformes numériques au printemps 2023. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Après avoir consacré une large part de mon mandat de présidente de l’Autorité de concurrence aux enjeux numériques, il m’a semblé intéressant de proposer aux étudiants de l’EAP une vision d’ensemble de la régulation des plateformes numériques, qui analyse tous les outils aujourd’hui mis en œuvre - droit de la concurrence, protection de la vie privée, régulation des contenus - et ceux qui le seront demain : Digital Markets Act et Digital Services Act notamment. L’idée de cet enseignement est de donner aux étudiants une connaissance experte de ces sujets, mais aussi de nourrir, plus largement, une réflexion sur l’efficacité des différents modes et systèmes de régulation. Comment définir l’objectif d’une régulation, quelle architecture institutionnelle, comment mesurer son efficacité ? La régulation européenne peut-elle inspirer le reste du monde ? Ces questions sont essentielles pour des futurs décideurs publics, mais aussi pour ceux qui envisagent une carrière dans le secteur privé, car aujourd’hui l’action des grandes plateformes numériques a une influence qui transcende les secteurs, et affecte autant la vie économique que la vie publique. Ce projet me motive beaucoup, et j’espère qu’il sera utile aux étudiants !

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