Accueil>Arthur Duthoit, promotion 2016
03.10.2022
Arthur Duthoit, promotion 2016
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
J’ai intégré Sciences Po après le baccalauréat sur le campus de Paris. Après les trois premières années de collège universitaire, dont une à Singapour, s’est posée pour moi la question de mon orientation professionnelle. Je souhaitais une carrière qui y réponde par trois dimensions majeures :
- Un bon équilibre entre travail en équipe et travail en autonomie
- L’opportunité de monter en compétences et en responsabilités
- La possibilité d’être confronté à des problématiques intellectuellement stimulantes
Ayant une attirance particulière pour les enjeux de politiques publiques, je me suis naturellement tourné vers le Master Affaires Publiques. J’ai eu plusieurs expériences liées à ce parcours, à la préfecture de la Vendée, à l’Assemblée Nationale ou à l'Institut Montaigne et j’ai préparé les concours administratifs. >
N’ayant pas eu celui que je souhaitais, je me suis interrogé sur le sens à donner à mon parcours. En repensant aux trois dimensions que je m’étais donnée, il m’est apparu que l’univers du conseil correspondait assez bien à mes aspirations, et étant intéressé par la mode et le design j’ai choisi de refaire un master en International Management à la Bocconi, qui est bien positionné sur ces sujets.
Au cours et à l’issue de ce master, j’ai eu trois expériences :
- Une expérience de conseil au sein des équipes de Capgemini Invent à New York
- Une expérience de business analyst au sein des équipes de SAPIAN, une entreprise en LBO avec le fond Weinberg
- Mon expérience actuelle de consultant data au sein d’Artefact
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
Le projet professionnel me semble plus relever de la démarche introspective en perpétuelle gestation que d’une liste d’objectifs à atteindre. A ce titre c’est vraiment une construction personnelle :
- La définition de ce que l’on veut faire ou ne pas faire - la découverte de ses envies, de sa personnalité, de ses ambitions…
- La prise de conscience de ce que l’on peut faire ou ne pas faire - les offres qui existent sur le marché, les compétences valorisées…
- La confrontation à ses premières expériences afin de déterminer ce dans quoi on est performant - le travail d’équipe ou l’autonomie, les projets courts ou les responsabilités de long-terme…
- Une réflexion de long terme sur ce qui a vraiment de la valeur, du sens pour soi et qui doit évidemment confirmer ou remettre en cause les appétences initiales.
En ce qui me concerne, cela s’est fait en deux temps : d’abord une remise en question un peu difficile, mais nécessaire suite aux concours administratifs, puis la maturation lente d’une trajectoire cohérente.
En comprenant qu’une partie des concours administratifs n’était pas faite pour moi, j’ai réalisé qu’il me fallait donner une dimension positive à mon parcours et non pas seulement définir mon projet par défaut, parce que je ne voulais pas faire ou simplement “parce que, c’est la suite logique” ou “parce que c’est la voie royale”. Comme je l’ai déjà exprimé, les trois dimensions fondamentales pouvaient m’aider à me repérer mais pas à m’orienter précisément.
Je me suis demandé ce qui avait le plus de sens pour moi :
- En termes de secteur, l’industrie du luxe et du design me plaisent pour leur rapport aux métiers artisanaux et l’équilibre entre l’histoire des maisons et la volonté d’innover.
- Le geste-métier qui m’attire le plus est celui du marketing. Les réflexions qui guident la conception d’un produit, sa présentation et son offre afin de répondre aux attentes, aux besoins des clients me passionnent.
- Je savais aussi qu’il était nécessaire pour moi de me former sur les enjeux de la technologie, de la data et du numérique qui sont de plus en plus présents pour les entreprises.
Et j’ai eu l’occasion de tester ces différents aspects lors de mes différentes expériences à Capgemini Invent, SAPIAN et Artefact.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre poste aujourd'hui chez Artefact ?
Le rôle de consultant data à Artefact est marqué par trois dimensions essentielles, la polyvalence sur les différentes missions, la capacité à assurer le relais entre les équipes métiers et technologiques et les valeurs fortes de l’entreprise.
La polyvalence est une constante dans les métiers du conseil. En tant que consultant data à Artefact, nous sommes amenés à intervenir sur l’ensemble des gestes métiers d’une entreprise (marketing, commerce, opérations, achats…), quel qu'en soit l’industrie (distribution, télécommunications, pharmaceutique, produits de grande consommation…), quelque soit la technologie utilisée (générique ou spécifique, on-premise ou cloud…) et quelque soit le type de problématique (stratégie data, gouvernance des données, accélération d’un programme d’intelligence artificielle, définition des cas d’usage data-marketing…).
L’interface entre le business et la tech est propre au conseil en transformation par les données avec un besoin constant d’intégrer les évolutions du paysage technologique. Les missions sur lesquelles nous travaillons nous amènent à clarifier, voire définir le besoin métier avant de le traduire en problématique data ou tech. Dans le cadre de projets d’intelligence artificielle par exemple, une phase de “discovery” est nécessaire afin de cadrer les “features” que l'on souhaite développer et les bénéfices associés. Sur les projets de data-driven marketing la mission commence généralement par une phase d’audit du client sur différents aspects (outils, modèle opérationnel, usage de la donnée…) et de définition de recommandations pertinentes en fonction de la vision établie. Par la suite, nous participons à la conception de la solution. Sur un projet d’algorithme ou de produit data, les consultants peuvent être amenés à incarner une rôle de product owner. Dans le cas d’une mission data marketing ils adoptent une posture complémentaire aux équipes marketing, aux agences média et créa des clients.
La culture de l’entreprise est propre à Artefact, mais elle est partagée avec les autres métiers techniques, digitaux et créatifs. C’est aussi ce qui fait la richesse de l’entreprise, pouvoir échanger avec des profils aussi éloignés qu’un software engineer ou un planeur stratégique. Gravitant autour des sujets tech / data, Artefact s’inspire des principes des entreprises de ce secteur, notamment :
- La transparence sur les objectifs, les résultats et les bénéfices associés aux postes qui permet à chacun de se positionner dans l’entreprise et d’adapter ses attentes et ses objectifs par rapport à un plan de compétences par poste, des badges d’expertise et une grille de rémunération.
- La confiance et l’autonomie avec la possibilité de s’investir sur des projets internes en fonction des sujets qui ont du sens ou des compétences que l’on souhaite développer : action environnementale, recherche sur des sujets data, partenariats avec les entreprises de la tech…
Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'Affaires Publiques envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
A mon sens, l'École d’affaires publiques de Sciences Po est l’École qui s’inscrit le plus dans la lignée du campus universitaire. Au-delà des compétences communes aux écoles de commerce et d’ingénieurs, elle donne à ses étudiants des compétences simples mais essentielles et difficiles à acquérir. Je pense à trois en particulier :
- Le sens de la synthèse, qui est une compétence fondamentale. Il permet en amont d’une mission de distinguer ce qui est important - dans le conseil, c’est souvent la valeur business - de ce qui ne l’est pas. En aval de ces projets il permet de ramasser l’essentiel en quelques messages clés pour faciliter la restitution / transmission des enseignements.
- La rigueur dans l’expression écrite et la confiance dans l’expression orale. Ces compétences-clés sont systématiquement travaillées à Sciences Po à travers les exercices de dissertation et d’exposé. C’est tout à fait vrai au sein des affaires publiques qui valorisent l’expression claire et précise de concepts parfois complexes et difficiles.
- La curiosité, qui n’est pas vraiment une compétence, mais plutôt une qualité. La formation à Sciences Po est pluridisciplinaire et apprend aux étudiants à rester à l’écoute d’idées différentes ou neuves. En un mot, l'École d'affaires publiques apprend à apprendre et c’est essentiel pour progresser dans n’importe quel métier.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
Il est sans doute plus intéressant de se tromper que de s’abstenir. En essayant, on apprend quelque soit le résultat et c’est je crois le plus important. Aussi, en sortant d’une école comme Sciences Po on peut généralement se payer le luxe de se tromper ou de connaître des échecs sans en payer le prix fort.