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01.07.2024

Cécile Costa Fraysse, promotion 2019

Cécile Costa Fraysse (crédits : Jaime Costa Centena)

Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?

Je suis diplômée de l'École d'affaires publiques de Sciences Po. Je me suis spécialisée en économie au fur et à mesure de mes années d'études, depuis le Collège Universitaire, en passant par Berkeley et enfin mes cours d'économie publique en master à Sciences Po. Cette science sociale m'a apporté une rigueur d'analyse, un esprit critique ainsi qu'un intérêt pour la lecture de papiers de recherche. Intellectuellement, je pense que je dois beaucoup aux cours de deux professeurs uniques à Sciences Po : Benoît Cœuré et Jean-Pierre Landau.

J'ai toujours souhaité appliquer mes connaissances en économie au défi de la transition énergétique. J'ai effectué l'un de mes premiers stages au sein des services du Premier Ministre (France Stratégie), à la Direction du Développement Durable et du Numérique. J'ai particulièrement apprécié évoluer au sein d'une équipe d'experts interdisciplinaires, entourée d'ingénieurs, d'économistes et de politologues. J'ai pu découvrir les déterminants de l'essor des énergies renouvelables. Quelques années plus tard, j'ai rédigé un mémoire sur l'histoire économique du programme nucléaire des années 1970 dans cette même perspective, avec l'idée de croiser différentes sciences sociales.

Sciences Po m'a aussi ouvert les portes d'institutions qui me faisaient rêver. Rejoindre la BCE pendant six mois et assister à la mise en place du réseau des banques centrales pour le verdissement du système financier (Network for Greening the Financial System) a constitué une expérience marquante. Depuis le discours fondateur de Mark Carney (Gouverneur de la Banque d'Angleterre) 2015*, j'ai assisté à des avancées notables en matière de finance durable. En tant que membre de la Commission Climat Finance Durable de l'ACPR, j'ai corédigé un rapport sur les engagements climatiques de la Place de Paris et mené une task force pour l'étude des risques liés à la biodiversité. Depuis la mise en place de nouvelles normes telles que la CSRD ou la taxonomie verte européenne, le changement climatique fait désormais partie du champ d'étude des institutions financières, au même titre que le risque de crédit ou l'inflation.

Quelles ont été les principales étapes de la construction de votre projet professionnel ?

J'ai été profondément marquée par ma troisième année d'échange sur le campus de Berkeley, en Californie, région pionnière en matière de développement durable aux États-Unis. Je crois avoir emporté avec moi un peu de l'esprit entreprenant et optimiste de l'ouest américain.

Grâce à ma position au sein de la direction de la stratégie à RTE, j'ai la chance d'observer de près le nouveau mouvement de réindustrialisation liée à la transition énergétique. J'ai été particulièrement frappée par le foisonnement de nouveaux projets qui se développent autour des grands ports industriels en France : développement de l'hydrogène, des énergies renouvelables, installation de gigafactories, etc. J'ai préparé le déplacement de la directrice stratégie et régulation de RTE au sein des territoires en transition à Fos et à Dunkerque. J'ai été amenée à rencontrer des industriels porteurs de projets, des collectivités locales et des services de l'État en région. Ce mouvement est source de retombées économiques et d'espoir pour les territoires, et je suis fière que RTE se mette en ordre de bataille pour l'accompagner.

Quelles sont les caractéristiques de votre poste aujourd'hui en tant que PMO à la Direction de la Stratégie chez RTE ?

Le rôle des réseaux électriques est peu connu. Pourtant, leur importance au service de la transition énergétique est désormais actée par la Commission Européenne et l'Agence Internationale de l'Énergie. Sans réseau électrique, comment assurer l'évacuation de la production des nouvelles énergies (nucléaire, offshore, solaire...) ? Comment alimenter en électricité les nouveaux usages décarbonés (véhicules électriques, chauffage...) ? En cela, le réseau « fait système » et m'oblige à adopter un point de vue transverse sur le secteur de l'énergie.

Concrètement, j'interviens dans l'équipe de pilotage du rapport qui doit lancer le troisième cycle de développement du réseau électrique français. Il s'agit d'un programme industriel d'ampleur, qui sera négocié avec le régulateur et l'État, et mobilisant actuellement presque toutes les directions de l'entreprise.

Par-delà cette étude, j'observe la transformation de RTE vers un monde de croissance des besoins en électricité. Ce changement de paradigme pose plusieurs questions de stratégie industrielle. Comment être sûrs d'être au rendez-vous de la neutralité carbone ? Comment assurer nos approvisionnements et quelles nouvelles compétences ou nouvelles sources de financement mobiliser ? Ce sont à tous ces enjeux que mes collègues ont la lourde tâche de répondre, et que j'accompagne dans la réalisation de leur travail grâce à une écoute attentive.

Quels seront, selon vous, vos prochains défis ?

J'aimerais réaliser une partie de ma carrière à l'international, et pourquoi pas au sein d'un pays en développement. Je crois que Sciences Po m'a appris à quitter ma zone de confort, à risquer l'aventure. Nous pouvons beaucoup apprendre en ouvrant notre regard, et je suis fascinée par le dynamisme de certains pays, comme le Maroc, qui s'apprête désormais à vendre son électricité renouvelable jusqu'au Royaume-Uni. 

Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, et plus spécifiquement la spécialité Economics and Public Policy, envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?

Encore étudiante, la lecture de certains papiers en économie m'a profondément inspirée. Je pourrais citer notamment ceux de Martin Weitzman sur les risques climatiques ou de Jacques Percebois. De façon graduelle et grâce à l'économie, je me suis intéressée à des champs éloignés de ma formation initiale en sciences sociales : l'industrie et l'innovation en matière énergétique ou l'adaptation au changement climatique.

Sciences Po nous pousse à être des acteurs du changement innovants. J'ai découvert l'univers de l'intelligence artificielle grâce au Policy Lab. J'ai même pu retourner en Californie, au sein du siège social de Facebook. Depuis, je me tiens informée de ces nouvelles avancées, qui ne manquent pas de toucher le secteur énergétique. Comment mieux piloter un système électrique doté d'une part d'énergies intermittentes ? Comment faire mieux participer les petits acteurs au marché de l'énergie ? Il était crucial que les étudiants de Sciences Po se familiarisent aux défis et aux biais posés par l'essor des industries numériques.

Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur(e) jeune diplômé(e) ?

Oser et persévérer ! Beaucoup de femmes n'osent pas se destiner à certaines carrières, notamment si elles ne remplissent pas 100 % des critères. Aujourd'hui, je suis entourée d'ingénieurs et d'experts spécialistes de thématiques hautement techniques. Je n'étais pas prédestinée à une carrière à RTE. Je suis toutefois convaincue que ce qui fait la différence, c'est avant tout la passion pour un sujet et notre ténacité.

* Discours de Mark Carney, Gouverneur de la Banque d’Angleterre, prononcé le 29 septembre 2015 à Lloyd’s of London intitulé “Breaking the tragedy of the horizon - climate change and financial stability” 

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