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11.07.2022

Favoriser les échanges entre étudiants et décideurs, chercheurs et citoyens pour l'élaboration de politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques

Pour marquer la fin de l'année de Master politiques publiques, spécialité Global Health, plusieurs étudiants ayant participé au cours Evidence-based policy-making in health : theory and practice(s) à l'École d'affaires publiques de Sciences Po lors du semestre d’automne ont animé une table ronde sur les recommandations concernant l'élaboration de politiques de santé fondées sur les connaissances et preuves scientifiques. Cet événement a conclu leur travail tout au long du cours, qui s'est achevé par la publication d'un article dans les Archives of Public Health, présentant quatre recommandations visant à améliorer l'élaboration de politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques, à travers le regard d'une jeune génération d'étudiants en Master politiques publiques et futurs décideurs. 

Un groupe d’étudiantes (Margaux Françoise, Lina Tafur, Clara Leroy, Maya-lhanze Lama et Raquel Melgar Calderón), accompagnées de leur professeur Louisa Stüwe, ont présenté ce que l’ensemble des étudiants du cours avaient identifié et voté comme étant les recommandations les plus importantes pour renforcer les politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques. Il s'agit notamment du besoin et de la mise à disposition de moyens pour encourager la participation des citoyens, et en particulier des patients aux politiques de santé, de suggestions pour gérer les conflits d'intérêts, de l'importance de disposer de systèmes d'information en santé solides pour passer “de la données à la sagesse”. Enfin, les étudiantes ont abordé la manière de travailler avec des données dans un contexte d'incertitudes et en évolution constante, notamment dans le cadre de développement de solutions de santé basées sur l'intelligence artificielle. D'une manière générale, leurs recommandations soulignent la nécessité de repenser l'ensemble du cycle d’élaboration des politiques publiques en santé par le biais d'incitations institutionnelles. Elles invitent également à un changement d'état d'esprit et à l’utilisation d’outils plus efficaces pour la mise en pratique de connaissances afin de combler les lacunes en matière de communication et dialogues entre décideurs et chercheurs.

Dr Mona Nasser (Université de Plymouth, Royaume-Uni), engagée en faveur de politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques, a fait la présentation de son point de vue de chercheuse mettant en évidence le rôle des revues systématiques pour informer les politiques publiques. Dr Nasser a souligné que "l'une des compétences clés que les jeunes professionnels doivent développer tout au long de leur carrière est de prendre des décisions malgré l'incertitude existante - même pour les décisions pour lesquelles il existe un grand volume de littérature scientifique - les preuves peuvent réduire l'incertitude dans la prise de décision, mais ne l'éliminent pas.

Par la suite, Yann Le Cam, directeur général de l’alliance non gouvernementale d'associations européennes de malades, EURORDIS, dont la mission est de travailler au-delà des frontières et des maladies pour améliorer la vie des personnes vivant avec une maladie rare, a animé une “keynote” politique sur l'importance de l'élaboration de politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques pour les patients et spécifiquement pour ceux atteints de maladies rares. Tout au long de son intervention, Yann Le Cam a insisté sur l'importance des récits et du story-telling. " [Chez EURORDIS] nous voulons être sûrs que lorsque nous disons quelque chose, non seulement nous sommes authentiques, mais que nous pouvons l'étayer par des preuves quantitatives et qualitatives, par des témoignages. (...) Lorsqu'il s'agit de politique, les preuves sont importantes, mais la personne qui en parle [et sensibilise] est tout aussi importante, tout comme le fait d'avoir un article dans les médias.

Ensuite, les deux intervenants ont eu l'occasion de partager leurs points de vue et perspectives aux côtés de Christine Berling (docteur en biophysique, ministère de la Santé et de la Prévention, France) lors d'une table ronde animée par Louisa Stüwe (Ministère français de la Santé et enseignante à Sciences Po) et les étudiants. Leur discussion a été variée et a abordé des sujets tels que la volonté politique, les conflits d'intérêts ou les intérêts concurrents, les intérêts commerciaux, le fossé “Nord”-”Sud” dans la recherche scientifique, le manque de preuves (lacunes dans les données), la prise de décision concernant le financement de la recherche. 

Les discussions ont permis de formuler des recommandations pour l'adoption de politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques, notamment :

1) une plus grande transparence afin de lutter contre les intérêts divergents entre les gouvernements, les organisations internationales et régionales, la société civile, les organisations non gouvernementales et les organisations privées à but lucratif,

2) une collaboration accrue entre le "Nord global" et le "Sud global" afin de remédier aux inégalités en matière de financement de la recherche et d'exploiter les connaissances collectives mondiales pour s'attaquer aux problèmes communs, et 

3) promouvoir le développement de protocoles de recherche pour commencer à collecter et à utiliser des données sanitaires sur des questions de santé publique qui ne font généralement pas l'objet de recherches en raison d'un manque de sensibilisation des décideurs politiques ou des organismes de financement de la recherche, ainsi que du grand public, comme c'est le cas pour les maladies rares. 

Les panélistes ont conclu la discussion en soulignant le fait que l'élaboration des politiques n'est pas uniquement basée sur des preuves scientifiques. Souvent, il n'y a que peu ou pas de preuves, parfois les politiques sont guidées par une intuition ou un sentiment, ou par l'expérience personnelle ou les sentiments des décideurs politiques, ou encore par le contexte social actuel du monde. Cependant, ils ont convenu que le développement de la culture sanitaire à grande échelle est un élément clé pour faciliter l'adhésion aux politiques de santé publique et la promotion de la santé. 

Dans l'ensemble, la discussion a prouvé que même si les étudiants et les orateurs invités partageaient des perspectives et des idées différentes sur l'élaboration de politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques, tous affirmaient la même volonté de favoriser cette pratique. Tous les intervenants ont convenu que le contexte d'incertitude et de fausses informations généralisées dans lequel nous vivons ne devrait pas dissuader les scientifiques et les décideurs de communiquer largement avec les citoyens afin de les intégrer davantage dans le processus décisionnel et de rendre ces politiques plus compréhensibles. 

 

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