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11.02.2025
Hugo Huet
Vous venez d’être nommé Président du Conseil d’Orientation des politiques de Jeunesse (COJ). Pouvez-vous nous dire en quoi cela consiste ?
Le COJ est aujourd’hui une instance méconnue, mais devra demain jouer un rôle clé. Placé directement auprès du Premier ministre, le Conseil et ses 108 membres ont pour double mission d’évaluer les politiques publiques qui touchent les jeunes, et d’être un intermédiaire crédible pour faire remonter leurs préoccupations, et, le cas échéant, proposer des alternatives. L’instance en elle-même et les membres bénévoles qui la composent, issus d’associations, de syndicats et d’organisations concernées par ces enjeux sont une sorte de trait d’union entre une classe politique parfois éloignée des réalités propres aux jeunes, et une jeunesse souvent pleine d’idées en recherche perpétuelle de moyens pour les faire entendre. C’est l’enjeu du COJ, et la mission que le Gouvernement a souhaité me confier.
Quels sujets le COJ est-il amené à traiter durant vos 3 années de mandat ?
Notre instance a vocation à traiter tous les sujets du quotidien des jeunes, qu’ils habitent dans l’Hexagone ou en Outre-mer, quelles que soient leurs situations. Pendant la crise sanitaire, le Président de la République disait qu’il était difficile d’avoir 20 ans en 2020. Je suis de cette génération et suis pleinement conscient de tous les défis qui se présentent aux jeunes : précarité alimentaire, matérielle et psychologique ; difficultés pour se loger, pendant les études et en en sortant ; fracture numérique avec notamment le développement de l’IA ; autocensure de jeunes qui ne se sentent parfois pas légitimes ou capables de rêver avec ambition ; freins liés aux mobilités (sociales, professionnelles et territoriales), et tant d’autres sujets. Notre feuille de route ne sera pas gravée dans le marbre, mais inspirée des réalités vécues par les jeunes et qui, par définition, sont en constante évolution.
Avant cette nomination, quel a été votre parcours académique et professionnel ?
Après un Bachelor à Sciences Po sur le campus de Reims, un semestre passé à UCL et une licence de droit obtenue à Assas, je suis aujourd’hui étudiant en 2ème année du Master Politiques Publiques, spécialité administration publique. J’ai par ailleurs saisi l’occasion d’une césure pour obtenir un master en Études politiques et de gouvernance européennes au Collège d’Europe à Bruges.
En parallèle de mon cursus, j’ai eu la chance d’approcher des environnements professionnels divers, à l’occasion de stages ou en contrat : au sein du Groupe ADP (Aéroport de Paris, 2022), du cabinet du Préfet du Val-d’Oise (2022), au Sénat (2020-2021) et au sein de la Délégation interministérielle à la Jeunesse (2023). Je suis aujourd’hui alternant au sein du cabinet du Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations.
Je suis enfin élu local depuis 2020, en charge de la jeunesse et de la proximité à Asnières-sur-Seine et référent du réseau départemental des élus délégués à la Jeunesse, au sein de l’Association des maires des Hauts-de-Seine.
Quelles ont été vos motivations à travailler en parallèle de vos études ?
Être admis à Sciences Po est, bien souvent, synonyme d’un bon niveau scolaire. Mais cela est-il aujourd’hui suffisant pour entrevoir l’avenir sereinement ? Je ne le crois pas. Beaucoup d’étudiants choisissent, par nécessité ou volontairement, d’emmagasiner un maximum d’expériences concrètes, complémentaires aux savoirs académiques, avant d’entrer sur le marché du travail. Cela a été mon choix, et j’ai eu beaucoup de chance d’apprendre aux côtés des professionnels qui m’ont accueilli. Depuis le début de mes études, j’ai essayé de varier les expériences professionnelles parce que je suis convaincu qu’elles permettent de porter un regard différent, plus concret, sur ce qui nous est enseigné à Sciences Po. La force de notre école, à l’inverse d’encore beaucoup d’universités, est de mettre dans les meilleures conditions les étudiants qui prennent ce chemin.
Quelles sont les contributions de votre formation en Politiques publiques au sein de l'EAP envers la fonction que vous occupez aujourd'hui en qualité de président du COJ?
Les enseignements dispensés par l’École d’affaires publiques permettent d’avoir une vision assez précise de l’organisation et du fonctionnement de l’État. C’est un réel atout lorsqu’il s’agit de naviguer entre les différents ministères et les nombreuses administrations.
Je dirai aussi que la diversité des cours proposés à Sciences Po, en permettant d’explorer des disciplines ou des thématiques nouvelles, parfois très éloignées des enseignements fondamentaux, m’aide à appréhender les enjeux très variés propres aux politiques de jeunesse.
Auriez-vous un conseil à donner à un/une étudiant(e)?
Je serais bien illégitime à prodiguer un quelconque conseil à qui que ce soit. Il n’y a ni réussites ni échecs quand on est étudiant, simplement une multitude de chemins possibles et d’ambitions à avoir. Chaque jeune est légitime à rêver, à se projeter, à explorer. La seule condition est pour moi de tout donner pour atteindre ses objectifs. Le mérite est je pense l’une des valeurs que notre école véhicule. En France, et particulièrement à Sciences Po, pouvoir rêver de tout est une chance, que chaque étudiant qui franchira la grille pourra saisir.