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07.11.2022
Lucas Hassan, promotion 2020
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
Après une classe préparatoire scientifique, j’ai d’abord intégré une école d’ingénieur (l’ENSTA ParisTech) au sein de laquelle j’ai suivi un parcours en mathématiques appliquées. J’ai ensuite rejoint dans le cadre d’un graduate program l’entreprise Nexter qui produit des matériels militaires pour l’armée de Terre. Cela m’a permis d’occuper différents postes sur les deux ans que duraient ce programme, notamment des postes à la frontière des sujets techniques et commerciaux (innovation, création de nouveaux produits, etc.).>
À la fin de mon graduate program, j’ai été admis à Sciences Po au sein du Master politiques publiques, spécialité Sécurité et défense. J’avais choisi cette spécialité car elle me permettait de conserver une certaine logique dans mon parcours tout en m’ouvrant à des sujets bien éloignés de ceux enseignés en école d’ingénieur ! À l’issue de Sciences Po et de quelques stages en administration publique, j’ai rejoint la direction générale des entreprises en tant que chargé de mission « industries de cybersécurité ». Après avoir occupé ce poste pendant près de deux ans et demi, je commence dans quelques jours un nouveau poste de chef de projet « attribution des fréquences et déploiement mobile ».
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
L’étape la plus importante à mon sens a été de comprendre que ma vocation n’était pas d’approfondir un champ technique particulier (à l’image de mes camarades ayant fait une thèse), mais plutôt d’apprendre à expliquer les sujets techniques complexes à un public non spécialiste et savoir les combiner avec des enjeux plus larges (juridiques, géopolitiques, politiques, etc.) qui permettent d’avoir une vision globale des sujets traités. Je pense que dans une société dans laquelle les sujets scientifiques et techniques prennent une importance toujours plus forte, il y a un besoin de personnes en capacité de traduire ces sujets en termes compréhensibles pour les décideurs et c’est ce que je souhaite faire dans ma carrière.
En outre, j’ai aussi rapidement compris que je souhaitais travailler au profit de l’État. D’abord parce que cela permet de donner un sens au travail que l’on produit tous les jours, mais aussi parce que je crois profondément au rôle de l’État pour organiser la société et orienter son développement.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre poste aujourd'hui ?
Le poste que j’ai jusqu’ici occupé consistait à travailler au développement de la filière française de la cybersécurité. Il s’agit en premier lieu d’identifier les enjeux qui se posent à la filière puis de proposer des politiques publiques à même d’y répondre, en mobilisant tous les leviers à la main de l’État (réglementaire et financier notamment). Concrètement, j’ai notamment travaillé à la mise en œuvre de la stratégie nationale d’accélération pour la cybersécurité et la mise en place du Campus Cyber. L’enjeu de ce poste est de réussir à appréhender les sujets techniques, de pouvoir les traduire en termes de politique publique puis les défendre auprès de nos interlocuteurs (cabinets ministériels, autres administrations, etc.)
Je prendrai dans quelques jours un nouveau poste en tant que chef de projet « fréquence et déploiement mobile ». Dans ce cadre, j’aurai à m’impliquer dans les travaux européens et internationaux visant à réglementer l’usage des différentes bandes de fréquences et à coordonner le travail d’un chargé de mission sur le sujet du déploiement du réseau mobile en métropole et en outre-mer. Là encore, l’un des enjeux principaux de ce poste sera de réussir à sortir des seules considérations techniques pour traduire ces sujets en termes de politique publique et les porter auprès des décideurs. Il présentera aussi une dimension managériale qui m’intéresse pour la suite de ma carrière.
Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, et plus particulièrement de la spécialité Sécurité et Défense, envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
Avant tout, ma formation à Sciences Po m’a permis d’acquérir une véritable ouverture d’esprit : concevoir et mettre en œuvre une politique publique exige de prendre en compte des enjeux très divers sans pour autant être un expert de tous ces sujets. Avoir étudié à Sciences Po permet de se rendre compte rapidement qu’un élément manque ou a été mal pris en compte et, le cas échéant, de pouvoir se renseigner auprès d’un expert. La qualité des intervenants à Sciences Po et la possibilité d’échanger sur leur parcours m’a aussi beaucoup aidé car ces discussions permettent de mieux comprendre le mode de pensée des décideurs et la façon dont ils prennent leurs décisions.
Plus particulièrement, la spécialité Sécurité et défense m’a apporté une bonne culture générale des enjeux propres à ce milieu. Travailler dans le secteur de la cybersécurité, c’est travailler dans un secteur dont l’organisation est très complexe et en perpétuelle évolution. Les cours de la spécialité m’ont donné les bases pour comprendre les enjeux qui sous-tendent ces mutations et me permettre de mieux appréhender le rôle des différents acteurs qui composent le secteur.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
Mon premier conseil serait d’avoir confiance en soi : venant d’une formation d’ingénieur, j’ai été très surpris par le fait que de nombreux élèves à Sciences Po doutent de leurs compétences professionnelles alors que la plupart m’ont semblé extrêmement brillants. Les étudiants de Sciences Po ont la capacité d’apprendre vite et de mêler des connaissances dans des domaines très divers, ce sont des compétences essentielles dans le monde professionnel ! Il ne faut pas penser que les employeurs cherchent forcément des personnes connaissant parfaitement les moindres détails des postes qu’ils proposent. L’important est d’être capable d’apprendre vite et mon expérience à la direction générale des entreprises m’a montré que les élèves de Sciences Po en sont capables.
Mon second conseil serait de commencer tôt à réfléchir à ce qu’on souhaite faire plus tard, quitte à changer régulièrement d’avis : l’idée n’est pas de se fixer aujourd’hui pour savoir ce qu’on fera dans 20 ou 30 ans, mais se donner un cap permet d’avancer plus facilement, quitte à bifurquer plus tard en fonction des opportunités ou de ses envies.