Se souvenir pour qui nous élaborons des politiques : l'histoire du réfugié Ousmane Doumbouya

Lors de l'une des séances du cours migration et politiques d'intégration (">Migration and integration policies", automne 2021) dispensé par Anna Piccinni, les étudiants de l’École d’affaires publiques ont eu l'opportunité de rencontrer Ousmane Doumbouya, un artiste de 29 ans qui a fui la Guinée après avoir été pourchassé par la police en raison d'un documentaire qu'il réalisait sur les conditions de vie dans les prisons. Après avoir passé quelques années au Maroc, il s'est installé à Paris il y a 5 ans où il est aujourd'hui travailleur social, comédien, rappeur et poète, et collabore avec le Centre Culturel FGO Barbara dans le 18ème arrondissement. 

Les étudiants Sara Amesiane Hassani et Michael Osman ont partagé avec nous leurs sentiments sur cette rencontre unique.

QUELS ONT ÉTÉ LES tempS FORTS DE CE COURS ? 

L’intervention d’Ousmane Doumbouya a apporté un élément humain qui a transcendé les limites de ce qu'une salle de classe peut atteindre. Nous avons vraiment vu l'adversité que les migrants doivent surmonter pour venir en France. Nous entendons souvent parler des migrations comme des statistiques, loin de nos vies, mais Ousmane est vraiment l'histoire derrière les chiffres. Je me suis sentie très privilégiée d'étudier en France, mais en tant que future responsable politique, cela m'a également rappelé l'importance de reconnaître l'aspect humain de la politique migratoire.

QU'EST-CE QUI VOUS A LE PLUS SURPRIS ET QU'AVEZ-VOUS APPRIS DE SON EXPÉRIENCE ?

Michael Osman: "Je pense que ce qui m'a le plus surpris est le sentiment qu'ont les migrants d'être coincés entre le marteau et l'enclume. La vie peut être très difficile dans certains pays, mais le processus de migration l'est tout autant. Des murs de 7 mètres, un océan mortel ou des montagnes massives semblent être des barrières impénétrables, pourtant la situation dans certains pays fait que le risque en vaut la peine. L'histoire d'Ousmane, qui a traversé l'océan entre le Maroc et l'Espagne, a mis en évidence la difficulté du processus et le fait que tout le monde n'y arrive pas. Même ceux qui parviennent à atteindre l'Europe doivent lutter pour demander l'asile. En entendant les horreurs de la corruption politique, des abus et de la pauvreté, le voyage vers la France est pourtant pour le moins compliqué."

QUEL IMPACT CELA A-T-IL EU SUR VOS HORIZONS ACADÉMIQUES ET PROFESSIONNELS ? CELA A-T-IL ÉLARGI VOS OBJECTIFS DE CARRIÈRE ?

Sara Amesiane Hassani: "Ce que j'ai le plus apprécié de la conférence de M. Doumbouya, c'est qu'elle m'a rappelé à quel point il est important d'écouter les expériences des personnes touchées par les politiques migratoires. Lorsque l'on passe tout un semestre à discuter de la migration du point de vue de la gouvernance, on oublie facilement que l'on parle de personnes réelles, de leurs vies et de leurs destins. Surtout pour quelqu'un qui aspire à participer à la politique à l'avenir, se rappeler pour qui nous faisons de la politique et l'impact qu'elle peut avoir sur les individus est essentiel pour trouver des solutions humaines et efficaces à des problèmes complexes. C'est donc un immense enrichissement que M. Doumbouya ait eu la gentillesse de partager avec nous des expériences aussi personnelles et douloureuses et de répondre à nos questions."

Michael Osman: "L'intervention était unique en ce sens que même pour ceux qui travaillent en dehors de la politique migratoire, les effets des autres politiques sur les migrants seront à jamais ancrés dans nos compétences politiques. Comment les politiques de santé publique peuvent-elles affecter les réfugiés ? Comment les politiques visant à développer les capacités de travail peuvent-elles considérer les migrants ? Notre cours était toujours holistique, et le fait d'avoir l'élément humain a vraiment apporté le dernier élément critique dont nous avions besoin en tant que décideurs politiques pour avoir un véritable impact."

EN SAVOIR PLUS

• La spécialité Politique sociale et innovation sociale de l'École d'affaires publiques (en anglais)