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18.03.2024
Sécurité intérieure et justice : leur parcours de professionnelle
À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, la spécialité Sécurité et défense de l'École d'affaires publiques de Sciences Po a donné la parole à quatre de ses enseignantes, pour témoigner de leur parcours dans les milieux professionnels de la Sécurité intérieure et de la Justice :
- La magistrate Marianne Beyssac, Cheffe de la mission support et innovation et chargée de communication de la Direction des affaires criminelles et des grâces
- La colonelle de gendarmerie Claire Boucher, Chargée de mission au pôle stratégie et prospective du cabinet du directeur général de la Gendarmerie nationale
- La commissaire de police Charlotte Huntz, conseillère judiciaire adjointe au sein du cabinet du Directeur général de la police nationale.
- L'avocate Karen Noblinski, spécialisée en cyberharcèlement et en violences sexuelles, fondatrice de son cabinet en droit pénal
Les enseignantes invitées ont débuté la conférence en racontant ce qui a dessiné leurs choix d’orientation, évoquant le goût du terrain, le sens de l’intérêt général, et la diversité d’acteurs. Elles ont insisté sur la possibilité d’orienter sa carrière en fonction de sa sensibilité, en revenant sur leurs engagements contre les violences faites aux femmes, qui tissent chacun de leurs parcours.
Au travers le récit d’expériences personnelles, elles ont ensuite analysé les difficultés liées au sexisme et aux traitements différenciés discriminants rencontrés en tant que femmes au cours de leur carrière.
Ce partage de réalités communes a permis d’alimenter une réflexion sur l’intersection des discriminations liées au genre et à la jeunesse, notamment au sein des institutions de la sécurité, qui sont principalement masculines, avec près de 79% d’hommes dans la Police et Gendarmerie (source : Insee, Siasp 2019). Le milieu judiciaire, s'il a connu une forte féminisation, est caractérisé par des inégalités d’accès à la progression hiérarchique. Les quatre intervenantes ont fait part des stratégies parfois mises en place pour asseoir leur légitimité dans ces environnements professionnels, en effaçant par exemple les expressions de leur féminité dans l'exercice de leurs fonctions. Elles ont souligné l’importance de changer les représentations stéréotypées associées à leurs professions en continuant à être elles-mêmes.
Les échanges avec l'assistance se sont ensuite concentrés autour des actions de la Justice, la Police et la Gendarmerie dans la lutte contre les violences faites aux femmes, tentant d’esquisser les contours de leurs achoppements et perspectives.
Les invitées ont posé un constat lucide sur les failles de ces institutions dans le traitement des violences sexistes et sexuelles et des violences conjugales, tout en évoquant les dispositifs de politiques publiques mis en œuvre pour tenter d’y pallier, allant du renforcement des actions interministérielles au déploiement d’outils de prise en charge des victimes. Ce fut l’occasion d’évoquer les débats qui agitent aujourd’hui le droit en France et au sein de l’Union Européenne, autour de la caractérisation pénale du viol, la notion de consentement, ou encore du concept de contrôle coercitif.
La conférence s’est achevée sur les perspectives optimistes de décloisonnement des politiques de lutte contre les violences faites aux femmes, et de renforcement des partenariats entre les institutions de la sécurité, la société civile et le monde associatif.