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03.02.2023
Virgile Billod, promotion 2019
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
J’ai grandi dans une petite ville de Haute-Saône, assez loin des considérations parisiennes dans lesquelles je baigne aujourd’hui. À côté de chez moi se trouvait une petite sous-préfecture. Sur les conseils d’un ami de mes parents, j’ai adressé un courrier à cette administration pour y réaliser mon stage de découverte professionnelle en classe de 3ème. J’ai découvert un environnement qui m’a plu et qui a surtout déclenché une obsession : exercer un métier dans lequel je me sens utile pour les autres.
Après le lycée j’ai d’abord rejoint l’Institut d’Études Politiques de Strasbourg où j’ai étudié quatre ans dont une année passée à l’Université Luiss de Rome en échange. J’ai commencé à me spécialiser en droit et administration publique puis j’ai rejoint l’École d’affaires publiques de Sciences Po, avec l’idée de mettre toutes les chances de mon côté pour réussir les concours de la haute fonction publique. J’ai intégré le Master politiques publiques, spécialité Administration publique, et la suite ne s’est pas passée comme prévu !
Après une admissibilité à l’INET, j’ai rejoint le cabinet du Président du Département de la Côte-d’Or, où j’ai exercé comme Conseiller technique et pour qui je tenais régulièrement la plume. J’ai énormément progressé lors de cette étape, au cours de laquelle j’ai contribué à l’action d’un dirigeant public très expérimenté, qui avait compris l’importance de la communication pour le succès de son mandat, et qui de fait était particulièrement doué en la matière.
Ensuite, j’ai rejoint le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, à l’époque ministre de l’Industrie, sur des fonctions de Conseiller discours, c’est-à-dire en charge des prises de parole et de la communication écrite (éditos, préfaces, interviews écrites, contributions diverses et variées). Bien sûr, cette expérience a confirmé le caractère stratégique de la communication, mais elle m’a surtout permis de passer un cap professionnel important. J’ai passé un an dans ce que l’on pourrait qualifier de cellule de crise permanente, ayant pris mon poste en pleine pandémie, lorsque la ministre se démenait pour fournir la France en vaccins contre le COVID. Ce fut un immense honneur et en même temps une période éprouvante, avec des exigences très élevées, une intensité que je n’avais jamais connue (pas même à Sciences Po, et pourtant…) et un quotidien exceptionnel.
J’ai beaucoup aimé cette expérience. Mais c’est un métier que l’on exerce temporairement. J’avais aussi envie d’élargir mon champ de compétences et me confronter à de nouveaux environnements. C’est alors que j’ai entendu parler du conseil en communication stratégique. Ce secteur m’offrait la possibilité de concilier ma passion pour la communication et les affaires publiques, mon envie de continuer à relever de nouveaux défis, et l’impérieuse nécessité de me sentir utile. Depuis le printemps 2022, je travaille donc comme consultant chez Brunswick Group, cabinet de conseil international en communication stratégique, fondé à Londres il y a 35 ans.
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
Je dirais qu’il y a eu plusieurs « chocs » ou prises de conscience. Le premier, quand j’ai découvert le plaisir de travailler pour les autres. Ce qui m’a plu, c’est l’idée d’essayer d’agir au service de causes auxquelles je crois.
Le deuxième choc, ce fut le départ pour les études supérieures, loin de mes proches et un peu comme un précurseur, assez peu de personnes dans mon entourage ayant suivi ce type de trajectoire. Sortir de ma zone de confort n’a pas été facile mais avec le recul, ce fut jusqu’à ce jour l’une des meilleures décisions de ma vie. J’ai appris à me débrouiller seul, à aller vers les autres et à pousser des portes…
Ensuite, il y a eu l’arrivée à Sciences Po, l’antre de « l’élite à la française » dans l’imaginaire collectif, un endroit qui m’a longtemps paru inaccessible. Pendant trois ans, j’ai fait de mon mieux pour saisir les opportunités incroyables que propose cette école. J’ai voulu vivre l’expérience à 200%, m’investir dans la vie associative, profiter à fond des cours.
Enfin, il y a eu mon passage en cabinet ministériel. Le temps passe deux fois plus vite qu’ailleurs, la pression est permanente et la prise de responsabilité très rapide. « Autonomie ! » m’a dit le Chef de cabinet lors de mon premier jour. Ce fut formateur et ça m’a complètement ouvert l’horizon. J’ai eu la chance d’exercer au ministère de l’Industrie, colonne vertébrale de l’économie. J’ai appris à connaître le monde de l’entreprise et les différents interlocuteurs de Bercy. Je m’appuie tous les jours sur cette expérience dans le métier que j’exerce désormais, au fond pas si différent de celui d’avant. Entre le monde politique et administratif et celui de l’entreprise, les points communs sont palpables, et de plus en plus.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre poste aujourd'hui en tant que consultant chez Brunswick Group ?
J’ai la chance d’avoir rejoint une entreprise qui a des valeurs fortes et pour qui l’humain compte, ce qui transparaît chaque jour dans les activités que nous menons au service de nos clients. Brunswick Group, c’est d’abord et avant tout un réseau de gens compétents et talentueux, qui travaillent ensemble d’un bout à l’autre de la planète. Le caractère international de notre structure est prégnant, avec 27 bureaux dans 19 pays. Nos clients sont par conséquent mais pas exclusivement de grandes multinationales, des entreprises cotées en bourse, pour qui la communication est stratégique au sens où l’erreur n’est pas permise. Un pas de travers, une brèche dans sa réputation, et la valeur de l’entreprise est immédiatement impactée, avec à terme des conséquences graves sur l’activité et les emplois. Notre métier, c’est de prendre soin de cette réputation et de la défendre lorsqu’elle est injustement attaquée. Nous ne sommes ni médecins ni avocats, mais ces rôles ne nous sont pour ainsi dire pas totalement inconnus vis-à-vis de nos clients.
Le travail chez Brunswick est un travail d’équipe. Nous croyons en la confrontation des expertises et en l’intelligence collective. C’est parce que nous sommes soudés et avons confiance les uns en les autres que nous sommes performants. La communication n’est pas toujours une science exacte. Pour être efficace, elle a besoin d’être testée et interrogée. C’est la base de notre travail quotidien qui est un travail où l’humilité compte beaucoup. Il faut se poser énormément de questions pour tenter d’apporter quelques réponses solides et bien construites à nos clients.
Enfin, je dirais que ce qui fait le sel de notre métier de conseil, c’est la diversité des sujets que nous traitons. Aucun secteur ne peut se passer d’une réflexion sur des aspects de communication et d’affaires publiques. Au-delà de ça, la communication n’est pas un sujet monocanal : communication corporate, interne, de crise ou encore communication financière... C’est très varié et stimulant, dans la continuité des études à Sciences Po d’ailleurs.
Selon vous, quels seront vos prochains défis ?
Je serais bien en peine de vous le dire… Je n’ai pas de boule de cristal et je vis sans trop me poser de questions lorsque cela n'apparaît pas nécessaire. J’ai trouvé un endroit dans lequel je me sens bien pour travailler, et où j’espère apprendre beaucoup de choses. Je fais de mon mieux et je fais confiance en l’avenir ! Ce qui est sûr, c’est que je ne risque pas de m’ennuyer.
Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires Publiques envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
Elles sont multiples et sincèrement, la liste est loin d’être exhaustive. Mais on peut toutefois tenter de dégager quelques points saillants. C’est d’abord une école qui donne une palette de compétences et connaissances très vastes, et qui forme très bien aux exigences du marché du travail. Un diplômé de Sciences Po, qui plus est de l'École d’affaires publiques, est à mon sens quelqu’un qui sait s’adapter et dispose de bases solides lui permettant d’être rapidement à l’aise dans les responsabilités qui lui sont confiées. Savoir définir ce que l’on cherche, et où le trouver, est de plus en plus indispensable dans un monde où les données se multiplient à l’infini. Loin de donner la science infuse, être formé à Sciences Po permet de savoir raisonner de façon structurée et synthétique. À mon avis, cela fait partie des choses que les recruteurs recherchent dans nos profils. On pourrait aussi rappeler quelques poncifs comme l’ouverture d’esprit, une curiosité exacerbée et un bon réseau. C’est très complet et c’est une école qui peut être la chance d’une vie. C’est grâce à cette école que j'ai pu travailler dans un cabinet ministériel et ensuite rejoindre un groupe tel que Brunswick. J’en suis convaincu.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
Trois conseils me viennent en tête. Le premier : acceptez une part d’incertitudes et de doutes. Rien n’est jamais acquis et le parcours tout tracé n’existe pas, contrairement aux idéaux que l’on peut avoir lorsqu’on est étudiant. Se confronter à cette réalité, c’est mûrir et devenir plus fort face aux aléas de la vie et du monde du travail. Ensuite, sachez construire votre réseau et apprenez à vous en servir d’abord et avant tout pour trouver de bons conseils. C’est en vous nourrissant de l’expérience des autres que votre projet s’affinera. Enfin, osez ! Sortez des sentiers battus, explorez des voix auxquelles vous n’aviez pas pensé, découvrez de nouveaux environnements. C’est parfois une prise de risques, mais c’est aussi souvent le début d’une aventure qui vous récompensera d’une manière ou d’une autre.