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07.04.2025

Aleksandra Zofia Lech et Wissal El Mahmoudi, lauréates de la Bourse d'excellence Herbert Smith Freehills 2024/2025

Aleksandra Zofia Lech et Wissal El Mahmoudi

Cette année, le cabinet Herbert Smith Freehills, partenaire de l’École de droit de Sciences Po, a attribué deux Bourses d’excellence, à Aleksandra Zofia Lech et Wissal El Mahmoudi, toutes deux étudiantes en première année au sein du master Droit économique.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours universitaire ?

Aleksandra : Mon parcours académique s'articule autour d'une formation juridique pluridisciplinaire, combinant droit, gouvernance et relations internationales. La formation dispensée à Sciences Po, campus de Reims, m'a permis de développer une approche analytique et compréhensive des enjeux juridiques contemporains, en particulier dans le domaine du droit international.

Au cours de mon cursus, j'ai eu l'opportunité de consolider mon expertise internationale lors d'un séjour académique à l'Université de Vienne. Cette expérience m'a offert une perspective approfondie sur le droit économique international et les mécanismes contractuels complexes des fusions-acquisitions. Ma sélection pour représenter l'université au Frankfurt Investment Arbitration Moot Court constitue un point d'orgue de cette période, où notre équipe a obtenu la troisième place.

Actuellement engagée en première année de master Droit économique à l'École de droit de Sciences Po, je poursuis une trajectoire académique stratégiquement orientée vers l'approfondissement des problématiques juridiques internationales. Ma formation actuelle me permet de développer une expertise spécialisée dans les domaines de l'arbitrage et du droit des affaires. Je m'attache à intégrer les dimensions théoriques et pratiques du droit, avec pour objectif de me positionner comme une professionnelle capable de naviguer dans la complexité des enjeux juridiques contemporains, tant au niveau national qu'international.

Wissal : J’ai grandi à Béziers, où j’ai passé un bac avec les spécialités mathématiques, physique-chimie et Sciences Économiques et Sociales (SES) tout en suivant un enseignement de Droit et grands enjeux du monde contemporain, qui m’a tout de suite passionnée. C’est probablement ce mélange entre « rigueur scientifique » et sciences sociales qui m’a naturellement menée vers le droit.

J’ai ensuite rejoint Sciences Po à Paris, où j’ai continué à explorer le droit, notamment à travers le cours de Droit constitutionnel comparé dispensé par Eleonora Bottini tout en gardant une ouverture à l’international avec ma mineure en Espace mondial enseigné par Frédéric Ramel. En troisième année, j’ai eu la chance de partir en échange à San Francisco. Ça a été une expérience incroyable, autant sur le plan académique que personnel, j’ai pu perfectionner mon anglais, découvrir un nouveau mode de vie, un nouveau système éducatif, explorer la Californie mais surtout, ça m’a confirmé que je voulais évoluer dans un environnement international. Cette ouverture sur le monde fait naturellement écho à mon parcours personnel, marqué par ma double culture franco-marocaine.

De retour à Paris, j’ai intégré le master Droit économique, où je me suis découvert un véritable intérêt pour l’arbitrage d’investissement en participant au Concours d’Arbitrage International de Paris. Cette expérience a renforcé mon envie de m’impliquer dans ce domaine, ce qui m’a conduite à rejoindre la reporting team de l’association d’arbitrage Paris Baby Arbitration. Je contribue désormais à la rédaction de la revue mensuelle Biberon, qui couvrira notamment la Paris Arbitration Week 2025.

Mon intérêt ne se limite toutefois pas à l’arbitrage et englobe plus largement le droit international dans son ensemble. Dès janvier 2025, j’ai eu la chance de participer à l’Académie d’hiver de droit international de La Haye, où j’ai pu approfondir des thématiques comme le droit de la mer ou encore des concepts tels que la bonne foi ou l’effectivité, en écho à mes enseignements suivis à Sciences Po. Par la suite, j’ai pris part à un court programme d’échange à Milan axé sur le contentieux international organisé par l’Association des Juristes de Sciences Po avec les étudiants de l’Université Bocconi. Cet échange consistait en des workshop et ateliers autour du droit international au sein du cabinet Linklaters et de la Camera di Commercio Milano Monza Brianza Lodi. Ces deux expériences m’ont permis de découvrir d’autres façons de penser le droit à travers des échanges avec des étudiants et professionnels d’autres horizons.

Dans le prolongement de ce parcours tourné vers l’international, j’ai l’honneur de représenter dans quelques jours Sciences Po au Concours International de Médiation à São Paulo. Je vois cette opportunité comme une nouvelle occasion de travailler en équipe et d’explorer un autre aspect du droit.

Vous êtes lauréates de la Bourse d'excellence Herbert Smith Freehills 2024/2025, pouvez-vous nous en dire plus ?

Aleksandra : Le processus de sélection s'est déroulé en deux phases rigoureuses : d'abord, une évaluation approfondie de mon dossier comprenant mes résultats académiques, mon curriculum vitae, ma lettre de motivation et une projection budgétaire détaillée, suivie d'un entretien structuré au sein du cabinet. Bien que rigoureuse et exigeante, cette dernière étape s'est distinguée par une approche d'évaluation fondée sur l'échange. Le jury a conduit un entretien approfondi, explorant nos formations, ambitions et visions du droit, transformant ce moment d'évaluation en un dialogue riche et mutuellement enrichissant. Enfin, les résultats ont été annoncés lors d’un cocktail, clôturant cette sélection dans une atmosphère conviviale.

Cette bourse représente une opportunité transformative. Jusqu'à présent, j'ai dû concilier mes études avec deux emplois supplémentaires pour subvenir à mes besoins, limitant significativement mon temps d'étude et mes capacités de recherche. Désormais, cette bourse me permet de me consacrer pleinement à mon parcours académique, me libérant des contraintes financières qui entravaient mon développement. Elle m'offre la possibilité de me concentrer intégralement sur mes études en arbitrage international, d'approfondir mes recherches et de développer un projet professionnel stratégique. Le programme de mentorat proposé par le cabinet constitue une opportunité privilégiée d'échange avec des praticiens expérimentés, me permettant d'acquérir des perspectives stratégiques et de renforcer mes compétences au contact d'experts du domaine.

Wissal : Le processus de sélection commence par un envoi de dossier : notes, CV, lettre de motivation, mais aussi un tableau prévisionnel de budget et des justificatifs fiscaux. C’est assez exigeant, mais on sent que tout est fait pour que le jury puisse vraiment comprendre notre parcours et nos besoins. L’entretien se déroule ensuite dans les locaux du cabinet, l’accueil a été très chaleureux, il y avait des fruits, des sucreries et une ambiance détendue avec les cinq autres étudiants sélectionnés pour les entretiens. Ça a tout de suite fait redescendre la pression.

Le jury était composé de deux associés du cabinet, Rebecca Major et Thomas Herman, ainsi que de Raphaëlle Buot de l’Épine (directrice adjointe France de NGE Concessions), Vincent Pierret (Chief Legal Officer Partner chez Vauban Infrastructure Partners), et Cyril Vock (responsable du département Low Carbon à la direction juridique de Total Energies). L’École de droit de Sciences Po était représentée par Sébastien Pimont, doyen, et Julie Babin d’Amonville, directrice exécutive.

L’entretien portait sur mes projets, mes engagements associatifs et mon intérêt pour le droit international. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est le ton bienveillant de la discussion : il ne s’agissait pas d’un interrogatoire, mais d’un véritable échange. L’annonce des lauréats se fait le jour même, autour d’un cocktail.

J’ai été très heureuse d’apprendre que j’étais lauréate de cette bourse. Étant boursière échelon 6 du Crous, ce soutien financier me permettra d’envisager de façon plus sereine mon année de césure et plus largement la poursuite de mes études.

Au-delà de l’aide matérielle, c’est aussi une formidable opportunité de tisser un lien avec un cabinet international de premier plan. Le programme de mentorat proposé aux lauréats permet d’échanger directement avec un professionnel, de poser les questions que l’on n’ose pas toujours poser en stage ou à l’université, et d’être accompagnée dans la construction de son projet, ce qui est une chance précieuse à ce stade de notre parcours.

Je suis très reconnaissante envers Herbert Smith Freehills pour cette opportunité.

Quels sont vos projets ?

Aleksandra : Grâce à la bourse obtenue, je réaliserai un semestre d'études à l'Université de Pennsylvanie Carey Law School, où j'approfondirai ma compréhension des systèmes juridiques de Common Law. À la suite de cette expérience académique, je conduirai un stage en arbitrage et investissement, consolidant ainsi ma formation pratique. Cette trajectoire internationale me permettra de me spécialiser en Arbitrage et Contentieux lors de ma deuxième année de master, avec pour objectif final de préparer l'examen d'accès au Centre régional de formation professionnelle d'avocats (CRFPA) et de me positionner comme une professionnelle qualifiée dans le règlement des différends internationaux.

Wissal : Sur le plan personnel, je vais continuer à mener mes projets associatifs avec Article 1 et leur collectif Different Leaders pour promouvoir l’égalité des chances, enjeu qui me tient à cœur. J’ai notamment organisé la Journée Mondiale de l’Égalité des Chances (JMEC) à Béziers et je travaille actuellement  avec les autres membres sur l’organisation des Assises de l’Égalité pour sensibiliser les entreprises à cette question. Je fais également partie des jeunes du programme Jeunesse(s) du Cercle des économistes. Nous sommes chargés de travailler sur des propositions des politiques publiques sur des enjeux liés à la jeunesse (santé, environnement, éducation, emploi, démocratie…) qui seront présentées en juillet 2025 lors des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence.

Sur le plan professionnel, j’envisage une année de césure, qui débutera par un stage à Bruxelles dans un cabinet international en droit européen, droit de l’OMC et droit du commerce international. Pour la seconde partie de ma césure, j’aimerais dans l’idéal réaliser un stage en arbitrage international. Ensuite, je souhaiterais suivre en M2 la spécialité Global Business Law and Governance, avec un échange en Amérique du Nord. Cela me permettrait de me former aux systèmes de Common Law et de mieux comprendre leur articulation avec le droit français, dans la perspective d’une carrière tournée vers le droit international.

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