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17.05.2021

Rencontre avec Mbaye-Yacine Thiam, diplômé 2017 du Master droit économique spécialité Global Business Law and Governance

Mbaye-Yacine Thiam
Mbaye-Yacine Thiam

POUVEZ-VOUS NOUS DÉCRIRE VOTRE PARCOURS ACADÉMIQUE ET PROFESSIONNEL ?

Je suis entré à Sciences Po juste après mon bac que j’ai obtenu à Toulouse d’où je suis originaire. J’ai intégré la deuxième promotion du tout nouveau Programme Europe-Afrique qui venait d’être créé l’année précédente et dont le cursus était encore dispensé sur le campus de Paris. Il s’agissait d’un cursus bilingue français-anglais dont une partie du programme portait sur l’Afrique, et notamment l’Afrique subsaharienne aux détours de matières telles que l’économie, l’histoire, le droit et la littérature notamment. J’ai effectué ma troisième année à l’étranger en Afrique d’abord au sein d’un cabinet de conseil en stratégie et management à Dakar au Sénégal avant de partir à Pretoria en Afrique du Sud pour six mois de stage au sein du bureau régional des Nations Unies en tant qu’assistant en communication et ensuite en tant qu’assistant en protection juridique au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Lors de cette dernière expérience, qui m’a bouleversé, j’étais notamment chargé de l’évaluation des besoins en protection juridique des réfugiés en Afrique du Sud, lesquels étaient confrontés à une réalité humanitaire plus que préoccupante dans un pays lui-même en crise économique et sociale.

A mon retour en France, j’ai intégré l’École de droit avec la volonté de devenir avocat, sans pour autant savoir dans quelle spécialité. Intéressé à la fois par le droit des personnes mais aussi par le droit des affaires, je me suis dans un premier temps tourné vers le droit du travail en réalisant un court stage en droit social dans un cabinet français avant me tourner vers le droit commercial, plus international. Je n’ai pas fait de césure et suis directement passé en deuxième année de master au sein de la spécialité Global Business Law and Governance en partenariat avec Columbia Law School et Paris I Panthéon-Sorbonne. J’ai ainsi eu l’opportunité de passer les six premiers mois de mon année à New York à Columbia au cours desquels j’ai suivi cours de droit des sociétés, de droit international public et privé, de droits de l’Homme. La deuxième partie de l’année se passait à Paris, entre Sciences Po et la Sorbonne où j’ai essentiellement suivi des cours d’arbitrage, de droit pénal des affaires et de droit du commerce international.

J’ai effectué mon stage de fin d’étude au sein du département de contentieux des affaires d’un cabinet français à l’issue duquel je me suis vu proposer un contrat de juriste. Je suis resté dans ce cabinet pendant un an et demi, année pendant laquelle j’ai passé mon CRFPA. Une fois à l’école du Barreau, j’ai réalisé mon PPI en tant que consultant au sein du cabinet de conseil Deloitte en stratégie sociale et M&A. J’ai ensuite intégré le cabinet Orrick Rambaud Martel au sein du département contentieux et pénal des affaires pour mon stage final.

A l’automne 2020, j’ai intégré le cabinet d’affaires américain Jones Day en tant que collaborateur au sein du département Global Disputes qui regroupe les pratiques arbitrage et contentieux des affaires.

COMMENT EST NÉ VOTRE INTÉRÊT POUR LES ÉTUDES DE DROIT ?

Mon intérêt pour le droit est arrivé progressivement au fil de mon parcours à Sciences Po. Effectivement, je n’avais jamais envisagé la possibilité de devenir avocat avant ma troisième à l’étranger. J’ignorais même que cette voie était ouverte en passant par l’École de droit. En revanche, j’ai vite compris que j’aimais le droit, les principes fondamentaux qui en découlaient et la structure qu’il apportait pour comprendre, défendre ou questionner une position. Sur le plan personnel, j’étais et reste convaincu que le droit permet à l’individu de jouir pleinement de sa liberté, de son indépendance d’esprit, d’être au service de l’autre en lui permettant de trouver les solutions aux situations auxquelles il se confronte au quotidien. Sur le plan professionnel, j’ai choisi de devenir avocat en remarquant que j’étais particulièrement attiré par le contentieux judiciaire et la défense des droits. A cet égard, je me voyais davantage défendre une position que trancher un litige. L’avocat exerce une profession très complète en mobilisant à la fois ses connaissances, ses recherches, son expérience professionnelle, son vécu personnel, sa plume et son verbe. C’est un métier de service extrêmement exigeant, par lequel on apprend au quotidien sur les autres et sur soi-même et grâce auquel on acquiert des compétences réutilisables ensuite dans d’autres domaines.

QUELLES SONT LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE VOTRE POSTE AUJOURD'HUI ?

Au sein de l’équipe Global Dispute de Jones Day, je m’occupe principalement des dossiers de contentieux des affaires même si je peux être amené à intervenir sur des arbitrages internationaux. Ma pratique couvre l’ensemble du contentieux du droit des affaires à savoir le droit commercial, le contentieux post-acquisition, les enjeux de responsabilité bancaire, de responsabilité contractuelle et délictuelle ainsi que les produits défectueux. J’interviens à tous les stades du contentieux : lorsque les parties commencent à s’échauffer et qu’il faut calmer le débat notamment par la négociation d’un accord transactionnel, lorsque le débat s’est malgré tout cristallisé et qu’il faut bâtir la stratégie contentieuse d’attaque ou de défense et enfin lorsqu’il faut exécuter une décision de justice ou une sentence arbitrale. Je suis aussi amené ponctuellement à travailler pour d’autres départements (restructuring, droit social, corporate, bancaire) qui sollicitent parfois un avis pour les aspects contentieux de leurs dossiers.

La clientèle est très variée tant dans leurs domaines d’activité que dans leurs besoins et l’on devient très vite en véritable couteau-suisse du contentieux. Par ailleurs, je travaille essentiellement en français et en anglais compte tenu de l’internationalité de la clientèle. Enfin, la diversité et la technicité des problématiques juridiques qui se posent obligent à œuvrer de pédagogie et d’efforts de vulgarisation pour présenter et arbitrer des stratégies contentieuses ou traduire des spécificités procédurales propres au litige. Il s’agit pour nous de canaliser et de décharger le client du stress que peut générer tout contentieux, tant du point de vue médiatique que financier.

Quels souvenirs gardez-vous de votre école, de votre promotion, de vos enseignants ?

L’École de droit m’a permis de découvrir progressivement un monde que je ne connaissais pas, de m’y sentir à l’aise et de bâtir un projet professionnel. Je dois beaucoup à l’école qui a notamment mis en place, en partenariat avec le cabinet Clifford Chance, une bourse d’excellence dont j’ai été l’heureux bénéficiaire et qui m’a également permis de partir à New York au sein de la Columbia Law School dans le cadre de la spécialité Global Business Law and Governance. Je garde aussi un excellent souvenir du cours dispensé par le Professeur Louis Assier-Andrieu sur les figures de la pensée juridique américaine, de l’énergie et de la technicité de Maître Reinhard Dammann en droit des biens ainsi que de la passion de la Professeure Horatia Muir-Watt pour le droit international privé.

Enfin, j’ai le souvenir d’une promotion brillante, bienveillante et unie, au sein de laquelle je me suis fait de nombreux amis que je retrouve toujours avec plaisir.

Un conseil pour celles et ceux qui souhaiteraient rejoindre l'École de droit ?

"One step at a time". C’est un conseil qu’une amie rencontrée à Columbia m’avait donné et qui s’est avéré fort utile pour la suite de mon parcours. En effet, le droit est une matière exigeante et il faut prendre le temps de mûrir personnellement, juridiquement et professionnellement pour être à la hauteur de ses ambitions, quelles qu’elles soient. L’École de droit offre d’incroyables opportunités à toutes les étapes du cursus et il faut les saisir en se faisant confiance, en apprenant de ses échecs, et en s’émancipant des discours qui voudraient nous voir emprunter une voie qui ne nous correspondrait pas. Enfin, il est illusoire de penser que ce processus de construction doit se faire seul voire en compétition avec les autres. Au contraire, le passage à l’École de droit est véritablement une expérience collective qui forge de solides amitiés vers lesquelles il ne faut pas hésiter à se tourner, elles sont d’une grande aide pour les défis qui nous attendent.

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