Accueil>"Dans cette école, j'ai su que je monterai un jour un média"
24.03.2022
"Dans cette école, j'ai su que je monterai un jour un média"
Pouvez-vous décrire votre parcours académique et professionnel?
Après un bac scientifique au lycée Louise Michel à Champigny-sur-Marne dans le Val-de-Marne (94), j'ai intégré une classe préparatoire aux grandes écoles littéraires dans l'idée de commencer à préparer les concours aux écoles de journalisme, je savais que je voulais devenir journaliste dès la classe de seconde. J'ai passé deux ans à Saint-Maur-des-Fossés au lycée Marcellin Berthelot où j'ai compris que la géographie serait la matière que je continuerai avant d'entrer en journalisme (je n'étais pas du tout sûre d'y arriver à l'époque !). J'ai donc fait une licence de géographie à l'institut de géographie de Paris I Panthéon Sorbonne, tout en préparant les concours des écoles de journalisme, et notamment celui de Sciences Po qui m'intéressait le plus pour son aspect international. Je ne pensais pas décrocher les concours si vite, j'ai intégré l'école cette année-là d'abord dans l'idée de faire de la télévision, puis j'ai rapidement compris que c'était le web qui m'excitait le plus pour sa réactivité et sa liberté d'écriture, de format... Je n'avais pas envie d'attendre des années avant de signer un article dans un grand quotidien (même si j'adorais la presse).
En deuxième année de master, >en 2008, je suis partie en stage au Washington Times l'été, puis en échange avec l'école de journalisme du Missouri à Columbia au deuxième semestre 2008. C'était l'année de la première élection de Barack Obama, j'ai pu suivre la campagne avec celle qui deviendrait mon associée dix ans plus tard – Charlotte Pudlowski –, et les réseaux sociaux commençaient tout juste à être des outils journalistiques, c'était réjouissant ! J'ai trouvé un travail avant même d'avoir obtenu mon diplôme en 2009 car je passais beaucoup trop de temps sur internet et les réseaux, j'ai été la première community manager de la chaîne Arte. Puis j'ai travaillé un an et demi chez 20minutes.fr, avant d'aller à L'Obs.com travailler pour un site de tribunes et de témoignages, et d'intégrer Slate.fr, d'abord sur un projet techno de repérage de contenus qui circulent sur le Web, puis en tant que cheffe des infos puis rédactrice en chef adjointe jusqu'en 2017.
Quel poste occupez-vous aujourd'hui? A quoi ressemble votre travail au quotidien?
Je suis co-fondatrice, avec Charlotte Pudlowski donc, du studio de podcasts Louie Media depuis 2017. Je suis cheffe d'entreprise et je m'occupe plus particulièrement de superviser tout le développement, la création et la production des podcasts. Nous avons deux activités principales. Un média avec dix podcasts différents, notre ligne éditoriale, c'est "faire ressentir le monde" pour à la fois informer pour une meilleure compréhension du monde, tout en suscitant des émotions. Cela passe souvent par des histoires vraies, racontées par celles et ceux qui les ont vécu, comme dans Passages (où l'on entend une histoire racontée par un ou plusieurs points de vue), ou dans Entre, notre podcast qui donne la parole à des enfants sur le passage d'un âge à un autre, d'une phase de l'enfance à une autre. Très récemment nous avons sorti une enquête en 5 épisodes sur l'impact du réchauffement climatique sur le corps des femmes : Un jour la terre s'ouvre. Et nous avons une partie agence, Louie Creative, où nous produisons pour d'autres médias (Madame Figaro), des institutions (la Croix-Rouge, l'AFD), et des marques. Et nous assurons enfin des formations à la production de podcasts, mais aussi à la voix et à l'audio plus largement.
Quelles ont été les contributions de votre formation à la fonction que vous occupez aujourd'hui?
Quand je suis entrée à l'école de journalisme en septembre 2007, j'avais fait deux stages très courts en rédaction grâce à des candidatures spontanées alors que je n'avais aucun réseau. En entrant à l'école, j'étais au quotidien en contact avec des enseignants qui sont tous journalistes dans des rédactions ou qui ont une grande expérience dans leur secteur, ce qui permet d'en savoir plus sur le fonctionnement de plein de médias et boîtes de production, c'est super précieux et ça ouvre des portes.
Aussi, j'ai vraiment eu l'impression de commencer à travailler avant de sortir de l'école car les cours sont très pratiques : par exemple, on a lancé et écrit pour des blogs pour LeMonde.fr (sur les élections municipales à Paris et le festival de Cannes) dans le cadre d'un cours avec Pierre Assouline.
Mais la plus contribution la plus importante je crois après ça a été le semestre d'échange à l'université de Columbia dans le Missouri. Il a eu tellement d'implications pour ma vie professionnelle ensuite que je ne peux que le recommander : cela m'a permis de trouver un emploi à la sortie de l'école et de monter Louie Media, car c'est là que j'ai découvert le traitement de l'info et la recherche de sources via les réseaux sociaux – ça peut sembler évident aujourd'hui mais ça ne l'était pas en 2007. Et c'est aussi là que j'ai commencé à écouter des podcasts.
Quels souvenirs gardez-vous de votre école, de votre promotion, de vos enseignants?
C'était une super promo (2007-2009), une très bonne ambiance avec l'équipe de l'école, beaucoup d'entre nous sont en rédaction, ont écrit des livres, monté leur projet Je me souviens aussi qu'avec une partie de notre promotion, nous avons aussi lancé un magazine dans le cadre d'un cours avec Renaud Leblond et Christian Fevret sur la création de média. Pendant deux ans, grâce à l'incubateur de Sciences Po aussi, on a publié Megalopolis, un magazine sur le « très Grand Paris ». C'était une première expérience de création de média qui nous a tellement appris. Le projet était surtout emmené par mes camarades de promo Marina Bellot et Jérôme Lefilliâtre mais c'est avec ce cours et ce projet que j'ai su que je monterai un jour un média.
L'autre chose qui m'a marquée : grâce à Agnès Chauveau, qui dirigeait l'école à l'époque, on a eu un cours sur le Web et les outils (dont les réseaux sociaux) au tout début de notre formation avec Francis Pisani, c'est là que j'ai créé mon compte Twitter en septembre 2007.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaiterait devenir journaliste aujourd'hui? What advice could you give to a student who would like to become a journalist?
Faire confiance à ses intuitions aussi et suivre les sujets qui le ou la passionnent, plutôt que d'essayer de ressembler à ce qui existe déjà.