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27.09.2022

Milena | Regional Head of People Development & Learning Sub-Saharan Africa, L'Oréal

Pourriez-vous nous décrire votre parcours jusqu'à votre poste actuel et vos principales fonctions ?

Je suis rentrée à Sciences Po en 2013 en bi-cursus Lettres avec la Sorbonne après un baccalauréat littéraire. Après deux années passionnantes entre la rue Saint Guillaume et Malesherbes, j'ai fait une 3ème année en Ecosse à l'Université de Stirling. A mon retour, j'ai décidé d'intégrer le master RH à l'École du management et de l'impact (anciennement École du management et de l’innovation). J'ai fait une césure entre mon M1 et M2 afin de pouvoir effectuer un premier stage long au Lab RH. J’ai ensuite été reçue en échange à l’Université Bocconi de Milan pendant 6 mois. J’y ai suivi des cours de project management qui m’ont appris à me structurer, également un cours de négociation et l’utilisation de charte de Gantt. Par la suite, j’ai rejoint le groupe L'Oreal en tant que chef de projets Diversités et Inclusion.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience durant l’année de césure ?

J’ai fait mon stage de césure au Lab RH, un acteur unique regroupant startups, grands groupes, services publiques, chercheurs autour de l'innovation RH en France. J’y ai organisé des ateliers de réflexion autour de sujet tels que « le futur de l’expérience collaborateur / l’expérience candidat, ou encore le bien-être au travail, la déconnexion etc. L’intérêt était de mettre en lien des startups RH avec des acteurs publics ou privés dont des grands groupes ou encore la Direction interministérielle de la transformation publique, mais aussi des organisations de formation pour les startups comme des incubateurs. Et bien sûr, la conception d’un cours autour de l’innovation RH à Sciences Po !

Quel est, d’après vous, l'apport de l'année que vous avez effectuée en apprentissage ?

L'apprentissage c'est une formule riche et également très challengeante car on se trouve régulièrement en situation de dissonance cognitive, c'est à dire que s'opère une tension entre ce qu'on a pu apprendre théoriquement et ce que l'on vit en entreprise. Cette année a été une année décisive pour moi pour définir le type de RH que je souhaitais devenir et pour accepter que ce sont également des petits pas, des petites batailles, des décisions courageuses a son échelle qui peuvent faire la différence :

  • Prendre le temps de coacher un candidat qui n’a pas tous les codes mais dont on est convaincu du potentiel
  • Donner accès aux benefits de l’entreprise (accès aux salles de sport, coaching, psy…) a tous les employés incluant les stagiaires mais également les sous-traitants
  • Refuser un type de rewards qui n’est pas écologique (un billet d’avion, un voucher pour un groupe dont on n’est pas convaincu de l’éthique)

Pouvez-vous nous parler de votre insertion professionnelle à la suite de votre année en apprentissage ?

À la suite de mon année d'apprentissage, j'ai décidé de prendre quelques mois pour mener à bien des projets personnels qui m'ont notamment conduite à rejoindre l'Association Lire pour en Sortir - une association qui accompagne les détenus dans leurs envies de lecture. Je suis ensuite partie en janvier 2020 en Italie faire un VIE construit sous la forme d'un graduate program RH chez L'Oreal. J'ai donc occupé trois positions au sein des différentes expertises : Talent Acquisition (EVP), Rewards (revue des Job Mapping Level et de la politique de rémunération avec Mercer) et Learning (onboarding)

À la suite de mon VIE, je suis partie en Afrique du Sud pour participer à la construction de la zone Afrique subsaharienne. J'ai été le bras droit de la DRH de la zone pendant une année sur des sujets divers (rewards, projets de transformation, employee listening, learning, talent management…) et maintenant que l'équipe grandit je me spécialise sur les questions de People Development et Talent Management.

Quel master au sein de l'École du management et de l'impact avez-vous suivi et qu'est-ce que le master vous a apporté pour votre métier actuel ?

Je pense que la vraie valeur ajoutée du master RH est la place centrale accordée aux sciences sociales. Les enseignements reçus m’ont donné une palette d’outils : sociologiques, psychologiques, légaux, statistiques qui me permettent d’être équipée et à l’aise avec une forme de complexité. J’ai appris à observer les personnes en amont, mais également à identifier le système dans lequel ces personnes s’insèrent pour faire un diagnostic. Je pense que c’est une approche qui permet de développer son esprit critique et d’apporter des solutions sur mesure.

Quel est pour vous le sens des fonctions que vous occupez ?

D’une manière générale, le sens que je trouve dans le métier de RH réside d'une part : dans la possibilité d’impacter positivement la vie d'une personne, par exemple en offrant un emploi épanouissant, en étant une oreille attentive, en ouvrant de nouvelle possibilité, en la challengeant, en la formant pour faire évoluer ses aspirations. Et d'autre part dans la nécessité d'avoir un regard prospectif sur les évolutions sociétales qui impactent les organisations et les incitent à se transformer.

Quels sont les aspects qui vous intéressent le plus ?

Ce que je trouve passionnant en RH c’est qu’il existe une dizaine de métiers différents, mais tous interconnectés. Donc d’une part on ne s’ennuie jamais, d’autre part je pense que la fonction RH en elle-même est en pleine mutation. Aujourd’hui les expertises sont très silotées, les systèmes RH sont mal intégrés, les datas sont sous-utilisées, il y a une perte de temps importante dans des taches à faible valeur ajoutée. Donc finalement ce qui m'intéresse c'est de participer à la transformation de cette fonction qui, il me semble, en se digitalisant, s’humanise aussi.

Comment vous projetez-vous dans les années à venir ?

Je ne sais pas. Il me semble qu'il est très difficile de se projeter aujourd'hui. Je me pose beaucoup de questions, mais je n'ai que quelques réponses. Aujourd'hui j'essaie de saisir chaque opportunité avec un maximum de curiosité pour grandir et avoir un impact positif sur mon organisation mais également de manière plus large. Ce qui m'importe c'est d'être fière de ce que fais et de défendre mes convictions et mes valeurs.

Quel était votre cours / enseignement préféré ou le plus marquant ?

Mon enseignement le plus marquant a probablement été l'enquête sociologique chez Pôle Emploi qui nous a permis de mettre en pratique les cours de sociologie et de réellement digérer les concepts. En outre, j'ai trouvé très enrichissant que ce soit au sein d'une organisation publique dont le cœur de métier est la question de l'employabilité. Contrairement aux idées reçues ou l'image de Pôle Emploi, je trouve que c'est une organisation extrêmement innovante qui peine à se transformer par manque de ressources et de moyens.

Si vous deviez donner un conseil aux futurs diplômés, quel serait-il ?

Le conseil que je donnerais aux futurs diplômés est de ne pas chercher à être stratégique dans le choix de leur premier job, mais de choisir un manager avant un type d'organisation ou un nom. J'ai eu beaucoup de chance d'avoir des premiers managers qui m'ont beaucoup inspirée et qui m'ont donné confiance, je pense que c'est là que réside l'essentiel : avoir confiance en sa capacite à faire évoluer les choses dans un sens qui est aligné avec nos valeurs.

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