Gaël Grasset, promotion 2016

Après trois ans en classe préparatoire B/L, j'ai entrepris deux cursus en parallèle : une école d'ingénieur en statistique et un master de sociologie à Sciences Po. Mon intérêt pour la sociologie est né de deux aspects que j'ai découverts lors de ma formation théorique en classe préparatoire.

Premièrement, j'ai été particulièrement attiré par la boîte à outils méthodologique de la sociologie. Cette discipline exige un recul constant sur les données, sur les conditions de leur collecte, et sur ce qu'on peut en déduire. J'ai également été fasciné par les concepts développés par Pierre Bourdieu, comme ceux de dominant/dominé, l'habitus et la violence symbolique.

Deuxièmement, le domaine d'étude de la sociologie m'a passionné. Étudier les hommes, c'est étudier la vie, le réel, le concret. Pour moi, c'est un peu la science appliquée de la philosophie. La sociologie ne se contente pas de poser la question du pourquoi, mais elle observe aussi le comment.

Sciences Po, c’est avant tout une étiquette prestigieuse. Si, à la sortie de l'école, les entreprises examinent le contenu des études, quelques années plus tard, elles ne regardent plus que l'école. Sciences Po est une grande institution, peu importe le diplôme obtenu. En ce qui concerne mon master en sociologie, il m'a apporté une richesse de connaissances et de nombreux moments de réflexion et de stimulation intellectuelle. Je garde particulièrement de bons souvenirs de passes d'armes méthodologiques, de remises en question de la véracité de conclusions d’articles et d'un mémoire bien mieux défendu qu'écrit.

Aujourd'hui, j’occupe le poste de project leader au Boston Consulting Group.

Après avoir terminé mes études à Sciences Po, j'ai commencé ma carrière en tant que Data Scientist chez Oscaro.com, où j'ai travaillé pendant un an. Ensuite, j'ai cofondé une entreprise avec trois autres personnes, dont un camarade de promotion de Sciences Po. Nous avons développé cette entreprise pendant quatre ans. Par la suite, j'ai rejoint une autre start-up, où j'ai travaillé durant trois ans et demi. Depuis le début de cette année, j'occupe mon poste actuel.

Les deux principales contributions de ma formation en sociologie à ma fonction actuelle seraient les suivantes.

Tout d'abord, la sociologie m'a appris à toujours questionner le potentiel des données et à comprendre ce qu'elles peuvent réellement signifier. Dans le monde d'aujourd'hui, cette compétence est bien plus qu'un atout, c'est un prérequis pour rester pertinent. Malheureusement, cette capacité n'est pas aussi répandue qu'elle devrait l'être. Bien sûr, cette compétence se développe aussi avec l'expérience, mais j'ai eu la chance de l'acquérir dès le départ grâce à la sociologie.

Ensuite, la sociologie est un véritable chemin vers une entreprise responsable. En tant que dirigeant et maintenant membre du conseil des plus grandes entreprises françaises, la sociologie m'a permis de ne jamais oublier que nos décisions ont un impact réel sur la vie des gens, parfois avec des conséquences terribles comme les licenciements. Cette formation m'a appris, et m'a souvent forcé, à aborder ces sujets avec la gravité qu'ils méritent.

Quoi que vous décidiez de faire, votre capacité essentielle à avoir du recul sera un atout majeur, travaillez la et gardez la précieusement !