Hommage à Dominique Colas (1944-2025)

Paris, 14 mars 2025

Nous avons la profonde tristesse de faire part du décès de Dominique Colas, professeur émérite des universités à Sciences Po, survenu le lundi 10 mars 2025, dans sa quatre-vingt-unième année.

Philosophe et politiste, Dominique Colas a été une personnalité éminente de la faculté permanente de Sciences Po.

Après une formation de philosophe, il avait consacré sa thèse d’État - sous la direction de Maurice Duverger - à « La théorie du parti révolutionnaire chez Lénine et ses implications politiques ». Convaincu par celui-ci de préparer l’agrégation de science politique, il fut — en 1981 — l’un des premiers admis à ce concours alors récent et déjà fort exigeant.

Après avoir été professeur des universités à l’Université de Nancy (1981-1990), puis à l’Université de Paris Dauphine (1990-1995), Dominique Colas fut élu à Sciences Po en 1995, puis rattaché au Centre de recherches internationales (CERI).

Outre le service d’enseignement lié à sa fonction et la poursuite de ses travaux de recherche, il accepta aussitôt de prendre en charge, à la demande du directeur de Sciences Po, Alain Lancelot, et d’Hélène Carrère d’Encausse, la direction d’un diplôme d’études avancées (DEA) alors intitulé « Étude comparée de la transition démocratique dans l’Europe post-communiste ». Ce DEA, qui changea fréquemment d’appellation entre 1989 et 2000, forma des générations de spécialistes de l’Europe centrale et orientale, ainsi que de la Russie, de l’Ukraine et des autres États ex-soviétiques.

Dominique Colas se consacra intensément à cette tâche, accompagnant avec intelligence et clairvoyance les profondes transformations qui secouaient la zone de prédilection et le champ de recherche de ce DEA (devenu master en 2003). Il œuvra sans relâche au recrutement des étudiants, à l’encadrement de leurs travaux et à leur devenir.

La liste des docteures et docteurs qu’il a guidés jusqu’aux carrières académiques tout autant que vers d’autres milieux professionnels est particulièrement riche. C’était là sans doute l’une de ses plus grandes fiertés professionnelles.

En outre, il était un de ces professeurs qui savent s’adresser aux plus jeunes, comme en témoignent ses enseignements dans notre premier cycle et les manuels qu’il a publiés.

Ses publications, où dominent Le Glaive et le Fléau. Généalogie du fanatisme et de la société civile (Grasset 1992) et son Lénine politique (Fayard, 2017), ont eu une large reconnaissance scientifique et publique, mais il manifestait tout autant de satisfaction, si ce n’est plus, lorsqu’il pouvait observer la réussite de celles ou de ceux qu’il avait formés et accompagnés. 

Intellectuel passionné par la rencontre entre philosophie politique, sociologie et histoire, Dominique Colas était aussi le digne héritier d’une des grandes figures de Sciences Po, Anatole Leroy-Beaulieu (directeur de l’École libre des sciences politiques de 1906 à 1912), un des premiers slavistes, précurseur et promoteur des études russes et orientales. Dominique Colas fut en outre le directeur des Cahiers Anatole Leroy-Beaulieu, publiés par Sciences Po.

Serviteur exigeant et fidèle de notre institution, Dominique Colas nous a offert encore récemment le meilleur : un dernier ouvrage éclairant, Poutine, l’Ukraine et les statues de Lénine, édité par les Presses de Sciences Po en 2023.

Nos pensées amicales vont à sa famille, à ses proches et à toutes celles et tous ceux qui, étudiants, collègues, personnels administratifs, l’ont connu et aimé.

Laurence Bertrand Dorléac, Président de la FNSP
Luis Vassy, directeur de Sciences Po