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20.03.2025
Kunal PANDA, Master & doctorat en économie
POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE PARCOURS ACADÉMIQUE ? COMMENT EST NÉ VOTRE INTÉRÊT POUR L'ÉCONOMIE ?
Ma formation universitaire et mon intérêt pour l'économie découlent d'un apprentissage interdisciplinaire. Alors que j'étudiais (à contrecœur) les mathématiques au lycée, on pouvait toujours me trouver en train de lire des livres d'histoire pendant la récréation.
Depuis mes études à l'université de Delhi, je m'intéresse à l'économie politique historique et aux niveaux de vie. Fort d'une formation quantitative rigoureuse et interdisciplinaire, j'ai obtenu une licence en économie grâce à ma « recette miracle » de recherche : les structures sociales comptent et l'histoire peut expliquer la façon dont nous vivons la modernité.
QUE VOUS ONT APPORTÉ VOS ANNÉES D’ÉTUDES À L’ÉCOLE DE LA RECHERCHE ? QUELS SOUVENIRS GARDEZ-VOUS DE VOTRE ÉCOLE, DE VOTRE PROMOTION, DE VOS ENSEIGNANT·E·S ?
Avant de poursuivre en doctorat, j'ai suivi le programme de master en économie de l'École de la recherche. Ce programme d'études supérieures m'a permis d'acquérir des méthodes de recherche quantitatives. Par conséquent, mon intérêt (si je puis dire) « qualitatif » pour l'histoire a été renforcé par l'utilisation d'une méthodologie pour « penser et écrire » dans une perspective économique.
Apprendre quelque chose de nouveau s'accompagne souvent de stress et de frustration ; cela peut signifier que vous êtes sur la bonne voie. Le programme de master était très stressant, et encore plus pour les étudiants qui ne sont pas français. Mon plus beau souvenir est d'avoir travaillé avec mes collègues et amis, qui étaient à mes côtés pour les succès comme les échecs. J'apprécie également les relations de confiance que j'ai créé avec des étudiants et alumni indiens.
QUEL EST L’ENSEIGNANT·E OU L’ENSEIGNEMENT QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ ?
Deux enseignantes, l'une pendant mes études de premier cycle et l'autre pendant mes études supérieures, ont fortement contribué à ma formation et à mon expérience de recherche jusqu'à présent.
La première est Archana Aggarwal, professeure agrégée au Hindu College de l'université de Delhi. Elle travaille sur les relations au travail à Delhi et m'a initié à l'économie politique historique et à l'économie féministe. J'étais toujours enthousiaste à l'idée d'assister à ses cours, car elle illustrait les théories économiques des manuels d'une riche contextualisation de leur histoire et application. Les économistes ont souvent tendance à faire abstraction du monde, elle m'a appris à prendre du recul et à réfléchir à l'application des grands principes.
La seconde enseignante est Riddhi Kalsi, doctorante au département d'économie de Sciences Po, qui était assistante en économétrie pendant mes études supérieures. Ses travaux portent sur les primes salariales publiques/privées pour les femmes en France. Aujourd'hui, elle est une amie et une collègue proche, et je suis impressionné par sa compréhension socio-économique. Je chérirai toujours nos conversations. Elle m'a appris à considérer toute question économique en lien avec le bien commun et à toujours commencer par des statistiques concrètes !
Comment votre formation a-t-elle contribué à votre parcours de recherche ?
Ma formation a contribué à mes recherches de deux manières.
Tout d'abord, j'ai acquis les compétences théoriques nécessaires pour analyser la littérature scientifique de manière critique. Mon travail se concentre sur de la recherche appliquée aux données d'observation, avec un corpus scientifique de plus en plus dynamique et rigoureux. Ma formation universitaire me permet d'acquérir de nouvelles compétences pour m'adapter à l'évolution de la recherche.
Ensuite, ma formation m'a rendu plus terre-à-terre lorsque je « pratique » la recherche. En d'autres termes, je suis plus prudent dans mon travail de recherche et mes conclusions empiriques. Ma façon de penser les questions économiques est plus systématique, elle repose sur un mécanisme clair.
POURQUOI AVOIR CHOISI DE POURSUIVRE EN DOCTORAT ?
Un doctorat représentait la seule progression naturelle pour assouvir ma curiosité et mes centres d'intérêts. J'ai poussé l'exploration au-delà des programmes scolaires depuis le tout début de mes études. J'ai probablement passé plus de temps à rechercher la source et la bibliographie d'un texte qu'à étudier le texte en question. J'étais aussi très demandé par mes camarades de classe pour la révision des concepts fondamentaux avant les examens !
Dans de nombreuses familles indiennes, devenir fonctionnaire est un choix classique, pour des personnes dans ma situation. Mais, je veux étendre mes connaissances. Un doctorat est un bon moyen de commencer ce voyage, dans un cadre de travail aux côtés de mes pairs à Sciences Po, travaillant sans relâche pour lancer ma carrière.
SUR QUEL SUJET PORTE VOTRE THÈSE ?
Je travaille à l'identification des effets à long terme du colonialisme sur la santé et la nutrition, en me concentrant principalement sur l'Inde. Je combine des études sur l'accès aux biens publics et le changement agraire pour relier de manière globale l'histoire des institutions et l'évolution des niveaux de vie.
AURIEZ-VOUS UN CONSEIL À DONNER À UN·E ÉTUDIANT·E QUI SOUHAITE POURSUIVRE EN DOCTORAT ?
Voici quelques conseils :
- Laissez le temps influer sur vos idées : pour rejoindre un programme doctoral, les candidats proposent leur projet de recherche. Ce projet doit démontrer la contribution d'un candidat au domaine scientifique choisi. Les orientations du projet peuvent évoluer, toujours dans un sens positif. Dès le début, les candidats doivent se tenir informés des nouvelles publications scientifiques et être ouverts à réorienter leur travail.
- Ne « recherchez » pas seul : en parallèle du conseil précédent, il faut sans cesse parler de votre travail à vos collègues. Les aspirants chercheurs doivent comprendre la nature communautaire du milieu de la recherche. La meilleure recette consiste à présenter votre travail de recherche et à l'affiner grâce aux retours reçus. Travailler seul peut être stressant et vous isoler, et les meilleures idées peuvent découler des conversations les plus simples.
- Soyez indulgent envers vous-même : un doctorat est un parcours stressant. La période précédant la soutenance de thèse vous touchera personnellement et professionnellement. Il faut veiller à ce que le stress lié à votre recherche soit dénué d'impact sur votre vie personnelle. Mon conseil est de préserver votre santé physique et mentale, et votre vie sociale. Surtout, n'hésitez pas à demander de l'aide si vous en ressentez le besoin.
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