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01.02.2022
Léo MICHEL, Promotion 2020
Pouvez-vous nous retracer votre parcours universitaire ?
Après trois années de classe préparatoire littéraire A/L au lycée Henri-IV à Paris, j’ai rejoint le master d’Histoire de l’École de la Recherche de Sciences Po. Ancien optionnaire d’histoire-géographie en classe préparatoire, je savais que les résultats que j’avais obtenus, mon admissibilité à l’ENS-Ulm et le projet de mémoire que j’avais construit me permettraient de candidater à Sciences Po – qui offrait un cadre tout à fait intéressant pour mes champs d’intérêt : histoire de l’État, histoire des migrations en Europe, et au-delà ouverture aux autres sciences sociales.
J’ai donc suivi les deux années du master d’Histoire de Sciences Po à l’issue desquelles j’ai obtenu mon diplôme après avoir défendu un mémoire portant sur les transformations de l’École des Hautes Etudes Commerciales en lien avec les évolutions des élites économiques au sein de l’État. C’est en construisant ce projet sous la direction de la chercheuse Claire Lemercier que j’ai choisi de candidater pour un second master au sein de l’École d’Affaires Publiques. Les entretiens que j’avais menés dans le cadre de mon travail de recherche m’avaient peu à peu donné l’envie de traverser le miroir, pour être à la jonction du monde de la recherche et de celui de la conception des politiques publiques.
Comment est né votre intérêt pour l’Histoire ?
Je suis passionné par l’Histoire depuis mon enfance : j’étais captivé dès mon plus jeune âge par les historiens et le savoir particulier qu’ils détenaient. Je viens d’une région où le passé récent marque de son empreinte les lieux et les parcours personnels : j’avais envie de comprendre pourquoi les langues et les noms s’entrechoquaient ainsi en Alsace, comment les gens avaient pu être séparés par les constructions nationales, et comment des gens si proches de moi avaient pu graviter dans des univers si différents. A cela s’est ajouté un intérêt pour les sciences sociales dans leur ensemble, notamment pour les concepts qu’elles développaient et qui me permettaient d’appréhender plus finement les questions qui m’habitaient depuis longtemps. Sciences Po était ouvert à ces réflexions, et elle promouvait ce dialogue entre les différentes sciences sociales en son sein.
Que vous ont apporté vos années d’études à L’École de la recherche ?
La façon dont le master nous plonge immédiatement dans le monde de la recherche et dans son actualité est remarquable. Les élèves sont complètement intégrés au Centre d’Histoire, et on finit vite par connaître la petite famille que constituent les chercheurs en sciences sociales de Sciences Po. C’est à la fois grisant et en même temps cela nous force à nous confronter aux difficultés du monde de la recherche. On ne nous ment pas sur tous les obstacles qui jalonnent une carrière de chercheur. Mes camarades et moi sommes chacun arrivés avec nos projets et nos rêves, et les professeurs nous ont dispensé les conseils qui ont permis à chacun de trouver sa voie. Ce sont les chercheurs et mes camarades de promotion qui m’ont permis de me poser les bonnes questions sur la suite que je souhaitais donner à mon parcours.
L’École de la Recherche m’a bien sûr beaucoup apporté d’un point de vue intellectuel, remplissant pleinement sa promesse d’une formation à la recherche par la recherche. Elle ouvre sur une palette de savoirs dans l’ensemble des sciences sociales et m’a laissé suivre mon envie de construire une recherche qui empruntait presque autant à l’histoire qu’à la sociologie et à la science politique. J’ai ainsi eu l’opportunité de réaliser mon mémoire de master sous la direction d’une chercheuse du Centre de Sociologie des Organisations. Cette interdisciplinarité était également facilitée par la bibliothèque de l’École de la Recherche, où se mêlent les élèves des différents masters.
Quel est l’enseignant-e ou l’enseignement qui vous a le plus marqué ?
Les enseignants du master d’Histoire composent une galerie attachante de portraits. On y retrouve des figures bien connues, parfois au-delà même du monde académique, tel que Marc Lazar, ou de jeunes chercheurs brillants capables de guider vos premiers pas dans le monde de la recherche à l’image de Mathieu Fulla. Paul-André Rosental restera pour moi la figure la plus marquante parmi les enseignants. J’ai eu la chance de l’avoir comme tuteur au cours de mon premier semestre à Sciences Po, et j’ai été marqué par la cohérence et la profondeur qu’il a su donner à sa thématique de recherche à la fois comme enseignant et comme chercheur.
Enfin, l’enseignement que j’ai trouvé le plus riche était celui dispensé par Marie-Emmanuelle Chessel et Gwenaële Rot sur l’Histoire des Enquêtes autour de la consommation et du travail – du fait de la variété des sources convoquées et surtout pour ce qu’il révélait de la richesse d’un champ de recherches trop souvent délaissé par les étudiants de ma génération.
Quels souvenirs gardez-vous de votre école, de votre promotion, de vos enseignant-e-s ?
Je garde surtout le souvenir d’une grande bienveillance et d’un bel esprit de camaraderie avec le reste de la promotion. Nous étions une petite promotion, et cela a permis de créer des liens forts en peu de temps alors même que nos centres d’intérêt étaient très divers. C’est une expérience particulièrement intéressante que d’appartenir à ce master spécifique au sein de la grande famille Sciences Po, et de pouvoir bénéficier à la fois de l’état d’esprit d’une petite équipe et des infrastructures de Sciences Po.
Quelle fonction occupez-vous aujourd’hui ?
J’effectue actuellement une année de césure dans le cadre du master de politiques publiques, ce qui m’a permis d’effectuer un stage en tant que collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale. Je participe désormais aux travaux de l’Institut Montaigne en tant qu’assistant chargé d’études au sein du département consacré au développement territorial et au capital humain, à la jonction de ma formation au sein de l’École de la Recherche et de celle que je suis au sein de l’École d’Affaires Publiques.
Quelles ont été les principales étapes de la construction de votre projet professionnel ?
L’élaboration des décisions économiques, le rôle des politiques de formation dans la construction de la société, la biopolitique et le rapport des individus à l’État furent autant de thématiques centrales dans ma réflexion d’apprenti historien, à partir desquelles je me suis par la suite questionné sur le métier que je souhaiterais exercer. Cela m’a conduit à construire un projet professionnel centré sur les politiques sociales et environnementales, et plus globalement autour de la thématique du développement prise au sens large. J’ai ainsi cherché à effectuer des stages me permettant de me confronter directement aux grands enjeux de nos politiques publiques, en participant au lancement d’un dispositif d’incitation aux politiques RSE au sein de l’Eurométropole de Strasbourg ou encore en travaillant aux côtés d’un député membre de la commission des affaires sociales investi sur les sujets relatifs au handicap et à l’acceptabilité sociale des transitions.
Quelles ont été les contributions de votre formation à la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
Le master d’Histoire m’a apporté beaucoup de compétences transversales, que j’ai l’occasion de réinvestir quotidiennement : savoir trouver une information, construire un raisonnement, exercer son esprit critique. Les liens entre le master d’Histoire et les autres disciplines des sciences sociales permettent également d’appréhender avec finesse les grandes problématiques autour desquelles se construisent nos politiques publiques. Mais par-dessus tout, la formation que propose l’École de la Recherche apporte un atout décisif pour travailler dans ce domaine d’activité : elle apprend à réfléchir en profondeur et à ne pas céder à la tentation de la superficialité.
Auriez-vous un conseil à donner à un-e étudiant-e qui souhaite s'orienter vers le secteur d’activité dans lequel vous travaillez aujourd'hui ?
Je pense qu’il est essentiel pour les étudiants en sciences sociales souhaitant construire une carrière dans le domaine de la conception et de l’évaluation des politiques publiques de parvenir à conjoindre la largeur de vues propre au chercheur et le sens du concret qui permet de s’emparer d’un dossier. La formation par la recherche ouvre à de nombreux horizons, mais exige de faire un effort supplémentaire pour se tailler un chemin dans la jungle des possibles et faire mentir les clichés qui circulent encore trop souvent sur une recherche hors-sol.
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[ Février 2022 ]