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27.11.2023
Que faire hors du monde académique avec un master recherche ou un doctorat de sociologie de Sciences Po ?
Vendredi 24 novembre, en salle Goguel, entre 17h et 20h, cinq intervenants ont échangé avec une cinquantaine d'étudiant.es de sociologie de l'École de la recherche autour des perspectives professionnelles possibles, hors du monde académique, après un master ou une thèse de sociologie à Sciences Po. Les cinq intervenants (sept étaient prévus mais deux annulations de dernière minute pour cause de Covid et d'imprévu) sont revenus sur leurs parcours variés (voir leurs mini biographies ci-dessous). Ils ont aussi évoqué en format table ronde les manières dont ils pratiquent aujourd'hui la sociologie ou s'en servent dans leurs activités professionnelles et comment ils ont créé leurs activités de sociologue indépendant ou de fondateur de start up ; ou comment ils ont été recrutés en tant que fonctionnaire en collectivité territoriale, de chargé d'étude, ou de salarié dans les RH, membre d'une association promouvant la sociologie en entreprise. Les échanges entre les intervenants et avec les étudiants ont été riches et réflexifs pour montrer qu'en dehors ou à côté du monde académique, les formations dispensées en master autant que la réalisation d'un doctorat de sociologie ouvrent de nombreuses portes et de possibles. Et ce, même là où la demande de sociologie n’est pas forcément première mais où le regard sociologique heuristique, distancié et lucide, offre de nombreux atouts pour faire valoir ses compétences « hors les murs ».
LES INTERVENANT.ES
Blaise BARBANCE
- Délégué à la vie associative APSE (Association Pour la Sociologie de l’Entreprise)
- Diplômé de l’IEP Paris et de l’Executive Master Diagnostic social et stratégie de changement
- Ancien responsable développement RH d’une caisse régionale de Groupama et responsable du Centre formation du Groupe
- Ancien professeur associé GRH à Aix-Marseille Université et responsable pédagogique du M2 Gestion des compétences et des talents
- Chercheur associé au Laboratoire d’Economie et Sociologie du Travail à Aix en Provence
- Membre du collectif ArtLib à l’IMéRA (Institut Méditerranéen de Recherches Avancées)
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Quand les sociologues répondent à la commande : de nécessité faire vertu (compte-rendu)
Gaëtan BRISEPIERRE
Gaëtan Brisepierre a créé en février 2012 l’EURL GBS un cabinet de sociologie spécialisé dans la transition énergétique et environnementale des bâtiments. Il est titulaire d’un doctorat de sociologie de l’Université Paris Descartes - Sorbonne suite à une thèse sur les économies d’énergie dans l’habitat collectif dirigée par l’anthropologue Dominique Desjeux et réalisée en partenariat avec l’énergéticien ENGIE. Le cabinet de sociologie GBS propose des prestations d’études et de conseil basées sur l’approche et les méthodes de la sociologie pour des organismes publics et privés. L’idée est toujours de partir du terrain afin d’interroger les projets de l’organisation. Les méthodes mises en œuvre sont : l’enquête ethnographique, l’analyse des systèmes d’acteurs, l’étude quantitative, l’animation de groupe, les questionnaires… Elles permettent de produire une description ancrée dans la réalité sociale qui ouvre de nouvelles pistes d’action pour l’organisation.
Site internet (publications)
Gaël GRASSET
Après son master en sociologie de Sciences Po en 2015, il choisit d’orienter sa carrière vers le secteur de la transition énergétique. Il participe à la création de nam.R, une entreprise spécialisée en données et intelligence géolocalisées, où il a occupé le poste de Chief Technical Officer, et au sein de laquelle il a dirigé des initiatives clés telles que la conception de l’architecture applicative et la mise en place produit. Puis, il a occupé des postes de direction chez Tucoenergie où son rôle a consisté à piloter des initiatives stratégiques visant à promouvoir des solutions énergétiques durables, en alignant les objectifs logiciel avec les besoins sociétaux. Pour lui, la sociologie offre une perspective précieuse dans le domaine de la tech : elle nous apprend à prendre du recul, à examiner attentivement les conditions de collecte de données et à comprendre les implications sociétales de nos analyses et travaux. De plus, la méthode sociologique partage une proximité remarquable avec la méthode de développement de produits, mettant l’accent sur l’empathie et la compréhension des besoins des utilisateurs. Cette convergence entre la sociologie et la technologie promet des avancées significatives et durables dans la création de solutions centrées sur l’humain.
Jad HAMMANI
- Diplômé du master de sociologie en 2019 (mémoire sous la direction de Daniel Benamouzig)
- Diplômé du master d'affaires publiques en 2021
- Lauréat du concours d'administrateur de l'Assemblée nationale en 2021 (affecté à la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire) puis lauréat du concours de l'Ecole nationale d'administration (désormais Institut national du service public) la même année, promotion Guillaume Apollinaire
- En 2023, adjoint au chef du bureau de la synthèse des finances publiques à la Direction générale du Trésor, du ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Marie LIERMIER
Diplômée du master de sociologie à Sciences Po en 2021, Marie Liermier prépare et obtient l’agrégation de sciences économiques et sociales à l’ENS Paris-Saclay en 2022. Après des expériences d’animation dans des associations d’éducation populaire, elle effectue son année de professeur stagiaire au lycée Flora Tristan à Noisy-le-Grand (93). Elle enseigne désormais dans deux établissements, à Drancy et au Raincy (93), auprès de classes de seconde et de première. Elle continue de se former aux pédagogies critiques dans des espaces syndicaux et militants.
Julie MADON
Julie est sociologue consultante au sein du cabinet d’études généraliste étéicos, où elle réalise des études ethnographiques pour divers clients publics et privés, en valorisant les missions à portée sociale et environnementale. Elle est également chercheuse associée au Centre de Sociologie des Organisations (Sciences Po – CNRS). Elle a soutenu sa thèse en juin 2023. Dirigée par Sophie Dubuisson-Quellier, celle-ci portait sur les pratiques par lesquelles les individus font durer leurs biens domestiques, de l’achat durable au recyclage, en passant par la réparation et l’entretien. Plus globalement, elle travaille sur la mutation des pratiques domestiques et des modes de vie en lien avec la transition écologique, en mobilisant une approche principalement ethnographique.
Laurence OULD-FERHAT
Après un doctorat de sociologie à l'UVSQ (Paris-Saclay) et une qualification au CNU, Laurence s'est orientée, un peu par hasard, vers l'action publique territoriale et un métier de niche au travers de l'évaluation des politiques publiques (EPP), forme édulcorée de recherche appliquée en sciences économiques et sociale dans le secteur public ; plus descriptive, plus factuelle, plus « indicateurs de performance », mais moins analytique et moins critique. Depuis une vingtaine d'années, en collaboration avec des chercheurs et des cabinets de conseil,elle a conduit l'évaluation de toutes sortes de programmes publics (éducation, social, culture, voirie, aide sociale à l'enfance, recherche et innovation, insertion, apprentissage, environnement, développement économique, voirie, rénovation énergétique…) d'abord au Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis où elle avait été initialement embauchée comme sociologue, puis à la Région Ile-de-France, maintenant dans un EPIC de l'Etat, et bientôt dans une délégation de service publique. Aujourd'hui Laurence Ould-Ferhat est fonctionnaire territoriale, détachée de la fonction publique depuis 8 ans à l'ADEME où elle est travaille au sein d'une direction opérationnelle, immergée dans la mise en œuvre des PIA (Programmes d'investissement d'avenir), dans une évaluation au long cours de ce programme d'innovation industrielle pour la "transition écologique". Elle s'est efforcée parallèlement d'entretenir le "regard sociologique" par des lectures, des publications, des interventions à l'université et l'édition scientifique au comité de rédaction de la revue "Sociologies Pratiques", publié aux presses de Sciences Po (2010-2020). Ce regard analytique, décalé, lui a donné un léger "avantage concurrentiel" dans le secteur très routinisé de l'EPP mais a surtout constitué un réservoir de sens pour survivre aux phénomènes bureaucratiques.
OULD FERHAT L., 2015. « L’importance des approches a-sociologiques en évaluation des politiques publiques », In : Lefeuvre M.-P. : « Sociologie et évaluation : relations réciproques et antagonismes » 3ème Cahier du COST, Tour. http://citeres.univ-tours.fr