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22.04.2024
Portrait d'étudiante : Berfin Semo
Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant de venir en Europe ?
Je suis d’origine kurde, née à Afrin, une ville au cœur des montagnes du Rojava, dans le nord de la Syrie. Mon parcours académique a débuté avec l'obtention de mon BAC scientifique. Par la suite, j'ai entamé des études à la faculté d’architecture et d’ingénierie à Alep pendant un an et demie, interrompues en raison des conflits liés à la guerre civile en Syrie. Contrainte de quitter le pays en mai 2016, j'ai traversé Istanbul, où j'ai acquis de nouvelles compétences lors d'un stage de quatre mois au sein d'une agence d’architecture.
Je suis arrivée en France en janvier 2017 en tant que réfugiée, j'ai entamé mon parcours à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais, initialement en tant qu'auditrice libre, puis en tant qu'étudiante à part entière à partir de l'année universitaire 2017-2018. J’ai effectué mon cursus en six ans.
Au cours de mon cycle de master, j'ai saisi l'opportunité d'une année de césure, au cours de laquelle j'ai effectué deux stages d'une durée d'un an, au sein de deux agences d’architecture et d’urbanisme. Ces expériences professionnelles m'ont permis d'acquérir une expertise pratique et de développer mes compétences. Ainsi, cela m'a permis d'étendre mon intérêt vers les domaines de l'urbanisme et de l'aménagement urbain, et les question de la transition écologique.
Pourquoi avez-vous choisi de poursuivre vos études dans le Master GETEC ?
Mon département d'études en architecture, dans le cadre du programme de master, était axé sur les transitions écologiques, au cours duquel j'ai mené un projet très marquant pour moi et qui me tient beaucoup à cœur. Mon projet de fin d’études de master portait sur la réhabilitation d'une infrastructure alpine en ruine, transformée en un lieu de convalescence après le cancer à Saint Honoré 1500.
Réhabilitation, santé, architecture et paysage sont le fruit de cette réflexion face à la transition écologique. Cette immersion m'a ouvert les portes d'une vision plus globale, étendant mon champ d'intérêt de l'échelle architecturale à celle, plus vaste, de l'urbanisme et du territoire. Les enjeux environnementaux, notamment ceux liés au changement climatique, ainsi que les questions de gouvernance et de politiques publiques, ont nourri ma quête de compréhension et d'action. C'est dans cette optique que j'ai décidé d'intégrer l'École Urbaine de Sciences Po Paris, au sein du master GETEC, afin d'approfondir mes connaissances sur ces questions cruciales.
Mon projet de fin d’études : « Un paysage qui répare, Saint Honoré 1500 ».
DAns quelle mesure vos études d'architecture peuvent contribuer à votre compréhension et à votre engagement DE LA transition écologique ?
Mes études d'architecture constituent une force centrale pour naviguer dans les complexités des transitions écologiques. À la base, les principes de conception durable constituent le fondement de la pratique architecturale, en créant des bâtiments qui minimisent la consommation d'énergie, réduisent les déchets et atténuent les impacts environnementaux, ce qui les rend plus responsables et résilients à différentes échelles dans la ville (bâtiments, quartiers...).
Il s'agit également de favoriser les liens entre l'homme et le monde naturel par le biais de l'environnement bâti. En incorporant des éléments tels que la lumière naturelle, la verdure et les éléments aquatiques dans les conceptions, afin de créer des espaces qui favorisent la santé, le bien-être et l'harmonie écologique. En menant des études d'impact environnemental complètes, en évaluant l'impact du cycle de vie de leurs conceptions et en identifiant les possibilités d'amélioration.
En adoptant des concepts tels que l'analyse du carbone incorporé et l'évaluation du cycle de vie, nous pouvons prendre des décisions éclairées qui donnent la priorité à la durabilité environnementale tout au long du processus de conception.
En outre, en "redonnant vie" aux structures existantes tout en minimisant l'empreinte environnementale des nouveaux développements, comme je l'ai fait pour mon projet de fin d'études. En réaffectant les bâtiments existants et en préservant le patrimoine culturel, en contribuant à la conservation des ressources, à la réduction des déchets, de l'énergie et des émissions de CO2. Cet engagement en faveur des pratiques durables dépasse les limites des projets individuels pour englober des considérations plus larges.
Quels sont vos objectifs professionnels ? Avez-vous déjà une idée de stage ?
J’aspire à une carrière dans le secteur public, avec pour objectif à long terme de réussir le concours public d'Architecte-urbaniste de l'État. Pour mon stage, j'aimerais le réaliser soit au sein du ministère de la Transition écologique ou une autre ministre, soit à la mairie de Paris, en combinant les domaines de l'architecture et de l'urbanisme.
Pouvez-vous nous faire part d'une expérience ou d'un projet marquant dans votre parcours ?
Les voyages d'étude que j'ai effectués pendant mes études universitaires en architecture ont été nombreux. J'ai visité de nombreuses villes et, dans le cadre de projets d'atelier et d'autres cours au fil des ans, j'ai exploré de nouveaux horizons et de nouvelles cultures. Chaque voyage et chaque rencontre ont alimenté ma curiosité et m'ont permis de mieux comprendre les différentes perspectives et les défis en matière d'architecture, d'infrastructure, de gouvernance et d'urbanisme auxquels les villes sont confrontées à différentes échelles, et qui englobent des questions environnementales, sociales et économiques. En particulier, un voyage d'étude à Bruxelles au cours de la première année de mon master en architecture a renforcé mon intérêt pour la poursuite d'un second master axé sur la planification urbaine et la gouvernance.