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01.09.2022
Portrait de Virginie Vial, alumna
Rencontre avec Virginie Vial, Diplomée du Cycle d'urbanisme en 1996, aujourd'hui directrice générale de la Samoa à Nantes.
Propos reccueillis par Amélie Calafat et Enzo Miottini de l'association Sciences Po Urba.
Peux-tu nous retracer ton parcours ? Quels sont les cheminements qui t’ont conduit à cette formation ?
Avant d’intégrer le Cycle d’urbanisme, j’ai suivi une formation au sein de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris pendant 4 ans, avec une année de césure en marketing opérationnel. Lors de ma dernière année d’étude, j’ai suivi une option de marketing territorial, première porte d’entrée sur la question de l’aménagement et j’ai été particulièrement marquée par une intervention de Thérèse Cornil, qui était à l’époque directrice de la Semapa (c’était le tout début du projet). Ils expérimentaient beaucoup de choses, ce qui avait fait un peu le buzz à l’époque en termes de communication, avec notamment l’installation d’un grand tipi qui accueillaient les différents acteurs du projet.… Ça m’a intriguée !
Malgré tout, je ne me suis pas retrouvée dans le contenu de cette première formation et c’est après qu’une collègue de promotion m’ait parlé du Cycle d’urbanisme, qu’elle avait fait pendant ma césure, que j’ai postulé ! Comme quoi, ça tient parfois à peu de choses car le Cycle d’urbanisme a tout changé pour moi : tout y était intéressant et ça m’a beaucoup appris.
Quelles étaient tes idées à la suite du Cycle d’urbanisme ?
Avec une formation initiale d’école de commerce, je ne me sentais pas assez légitime pour me diriger d’emblée vers des métiers d’aménagement urbain, et ce, malgré l’année « travaux pratiques » prodiguée au Cycle. En revanche, je pensais avoir davantage ma place sur les questions de développement économique en lien avec le territoire à plusieurs échelles. J’ai réalisé mon stage à la direction du développement économique du Grand Lyon, et j’ai ensuite cherché des postes de ce type mais cela n’a pas été facile. J’ai commencé à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Meaux, qui était assez éloignée des enjeux urbains… Puis, c’est en postulant pour intégrer l’équipe de développement immobilier d’Eurodisney, que je dirai que ça a vraiment commencé. Le Directeur de l’époque était intéressé par mon double profil : projet urbain et « casquette » entreprise privée.
Peux-tu nous en dire plus sur ton expérience au sein d’Eurodisney ?
Eurodisney est co-aménageur avec l’EPA Marne sur le périmètre de l’Opération d’Intérêt National de Marne-la-Vallée. L’aménageur officiel est l’EPA Marne-EPA France qui acquiert notamment les fonciers et les revend à Eurodisney, ce dernier étant en charge de la programmation et du développement immobilier. Les sujets les plus à tension portaient surtout sur les références urbaines et architecturales, qui étaient différentes selon les visions que portaient l’EPA ou Eurodisney. J’ai ainsi passé trois années très riches dans une équipe d’une dizaine de personnes : mes premiers pas dans le métier d’aménageur, du côté maîtrise d’ouvrage privée, certes, mais avec tous les sujets opérationnels et réglementaires (réglementations d’urbanisme, cessions de terrain, aménagements de l’espace public, instructions des permis…). Travailler dans le privé oblige à avoir un certain pragmatisme, notamment du fait qu’il faut pouvoir obtenir un résultat.
Cela m’a donné le goût pour les grands projets et j’ai rejoint la collectivité de Boulogne-Billancourt sur l’aménagement des terrains Renault pendant trois ans où j’ai pris conscience des enjeux politiques et du caractère « sensible » de certains, loin de la mise en œuvre, avec des processus de décision qui sont assez longs et formatés. C’était le cas à Boulogne Billancourt, et je le retrouve pour Nantes Métropole.
Ensuite, j’ai intégré la SEM Val de Seine, qui venait d’être créée : il y avait une envie collective de commencer le projet, une forme d’impatience aussi, et c’était excitant d’être au commencement du projet. J’y suis restée cinq années, puis pour des raisons familiales, j’ai déménagé à Nantes. C’était par pur envie de changement et puis… ça avait l’air chouette !
J’ai ensuite trouvé un poste à la Samoa, en 2009, au sein de l’équipe menée par Laurent Théry, rapidement remplacé par Jean-Luc Charles, qui est resté onze ans à la direction de la SPL. J’arrivais dans une autre temporalité de projet : la Samoa a été créée en 2003 et la structure était dans une période de confortement avec les premières opérations du quartier de la Création. Une des volontés de Jean-Luc Charles était de conjuguer les compétences de projet urbain à celles du développement économique et de faire place aux industries culturelles et créatives.
Et maintenant que tu es directrice générale de la Samoa, quelle est l’impulsion que tu souhaites donner à la structure ?
Je suis arrivée il y a un mois et c’est encore un peu tôt pour répondre. En réalité, il y a une très forte continuité dans le projet d’aménagement de l’Île de Nantes et même si Jean-Luc Charles et Laurent Théry, par exemple, n’ont pas porté le projet d’aménagement de la même manière, il y avait néanmoins une adhésion totale de l’un et de l’autre au territoire et ils ont su tirer le meilleur parti de l’équipe, du territoire et du projet. Le projet semble « s’auto-porter » même, tant les bases ont été confirmées d’année en année.
Souhaites-tu nous partager un fait, un événement, une exposition… qui t’aurait particulièrement marquée ?
J’ai été profondément marquée par les derniers entretiens du Club Ville Aménagement pendant lesquels Valérie Masson Delmotte (paléoclimatologue, représentante de la France au GIEC) criait à l’urgence d’intervenir pour le climat. J’ai trouvé à ce moment-là que nous étions « nuls » dans le sens où les aménageurs ne s’étaient pas emparés de cette question-là jusqu’à présent et qu’ils n’avaient pas saisi l’urgence avec laquelle il faut agir. C’est dans la suite de cette intervention que la Samoa a commencé à bouger à ce sujet, même s’il reste beaucoup à faire. La transition écologique est une priorité pour la métropole nantaise et c’est un sujet que je veux porter.
Lire l'intégralité du portrait sur le site de Sciences Po Urba.