Contribution des États aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, 2018
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Commentaire de Ronald Hatto
Ce tableau illustre la disparité qui existe entre les Etats dans la division du travail des opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations unies. Les pays développés ne contribuent que très faiblement en termes de « main d'œuvre », se contentant de financer le budget du maintien de la paix. Au cours de la guerre froide, à partir d'une règle implicite datant de la première véritable opération de maintien de la paix en Egypte en 1956, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ne devaient pas participer aux OMP. Si cette règle a été contournée deux fois, à Chypre en 1964 pour la Grande-Bretagne et au Liban en 1978 pour la France, elle a néanmoins été respectée jusqu'en 1991. Toutefois, avec la fin de la guerre froide, la France, la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure la Russie, a participé aux grandes OMP du début de la décennie 1990 (Yougoslavie, Cambodge, Somalie). Même les Etats-Unis ont déployé l'équivalent d'un bataillon de casques bleus en Macédoine sous commandement « nordique » de 1992 à 1995. L'échec de ces missions (sauf celle du Cambodge) et les pertes élevées dans les rangs des troupes fournies par les Etats développés ont entraîné un repli de ces derniers. Cela se traduit par une forte inégalité et une distribution des rôles entre Etats « riches » et Etats « pauvres ». Les riches payent la note alors que les pauvres versent le sang. A part la Chine qui contribue à la fois au budget et aux OMP sur le terrain, les grandes puissances économiques et politiques tardent à se réinvestir sous le drapeau onusien. A partir de 2015, certains Etats européens (Allemagne, Norvège, Pays-Bas, Suède) ont accepté de déployer des troupes spécialisées (hôpitaux de campagne, hélicoptères) au Mali. Le Canada a fait de même en 2018. Ces contributions sont néanmoins relativement peu nombreuses et le gros des troupes reste fourni par les Etats africains ou asiatiques.