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28.09.2016
Un binôme pour le développement d’une filière agroalimentaire durable au Sénégal
Djiby Diagne, sénégalais de 35 ans, participant du programme Lead Campus - Leaders pour l’Afrique de demain - est diplômé de Sciences Po, en formation initiale.
Bayella Thiam, de quelques années son ainé (42 ans) est lui aussi sénégalais, mais basé en Afrique du Sud pour Novus, un groupe américain. Spécialiste de l’agroalimentaire, il a accepté d’être l’un des mentors du programme LeAD Campus et a choisi d’accompagner Dijby Diagne tout au long de la formation.
Entretien croisé.
Pourquoi avoir choisi de participer au programme Lead Campus ?
Bayella Thiam (B.T.) : Un de mes contacts au sein de la fondation Africa France m’a fait part du programme Lead Campus. Cela répondait à un besoin important pour moi : celui de partager mon expérience. Je n’avais ni peur du temps ni du relationnel, car je n’avais qu’une envie, c’était d’accompagner un projet vers la réussite. Cela fait plus de 22 ans que je parcoure l’Afrique, et après 45 pays découverts, le temps de la transmission était venu pour moi.
Djiby Diagne (D.D.) : Je suis diplômé de Sciences Po (ndlr: formation initiale) et j’avais entendu parler de Lead Campus à travers le réseau des Alumni ainsi que par le service RH du PSE. Au final, c’est un programme unique avec une dimension Europe-Afrique inédite. Je n’avais pas eu la chance de faire mes études supérieures en Afrique, donc c’est clairement l’opportunité de pouvoir étudier à Dakar et à Capetown qui m’a intéressé. Il y a surtout cette possibilité qui nous est offerte de monter son propre projet, en bénéficiant d’un système de mentorat. Moi, je ressentais le besoin d’être accompagné, et certaines compétences me manquaient à ce moment-là.
Pouvez-vous en dire plus sur ce projet ?
D.D. : Mon idée est basée sur un constat très simple. Au Sénégal, la production de mangues est de 150 000 T par an, mais seuls 10% sont exportés, et moins de 5% transformés. Et pire encore, 60% de la production dans la zone sud du pays pourrissent tout simplement ! Et tout ceci concerne principalement une seule région, la Casamance - composée de petits producteurs qui n’ont pas les capacités de stockage ! Au delà d’une opportunité business jamais adressée, il s’agit avant tout d’un enjeu de développement économique et social.
B.T. : La première fois que j’ai lu ce qui était encore un executive summary, je me suis demandé comment il pouvait croire à la réussite d’un tel projet ! J’ai moi-même une formation agro-alimentaire et donc dès le départ, je me suis posé des questions sur la viabilité de ce projet de valorisation industrielle de la mangue de Casamance. En Afrique de l’Ouest c’est plutôt un secteur trusté par l’agriculture vivrière et des ONGs. Comment allait-on parler d’investissement, de compétences, de savoirs-faire ? Puis j’ai rencontré Djiby, il m’a convaincu et j’ai choisi de l’accompagner dans la construction d’une industrie sénégalaise aux standards internationaux.
Comment votre binôme s‘est-il formé ?
D.D. : Assez simplement en fait, nous avions rencontré une partie de nos mentors en Afrique du Sud, lors de nos cours à Cape Town. Parmi 23 mentors, nous devions en choisir six, ensuite, nous devions établir un classement de nos préférences, cela s’est fait naturellement. Au final, il y a un système de matching qui satisfait les deux parties.
B.T. : Nous avons de la chance de nous être croisés sur ce programme. Même si nous étions tous deux sénégalais, sans Lead Campus, nous serions chacun dans notre coin.
D.D. : You meet somebody for a reason…
Nous allons jouer à un petit jeu… Une question, deux réponses…
Une qualité …
D.D. : Bayella ? C’est un expert et il est vraiment pédagogue.
B.T. : Djiby est à l’écoute. Il a une ambition impressionnante. Il a envie de faire les choses bien pour de bonnes raisons.
Vous êtes tous les deux sénégalais, quels ont été les avantages sur un programme qui se veut panafricain ?
B.T. : Ce n’est pas tant la nationalité qui compte. C’est la localisation du projet. Le fait d’accompagner un projet au Sénégal, me permet de faciliter la mise en relation sur le terrain, de permettre à mon mentee d’accéder à mon réseau. C’est le but du programme Lead Campus.
D.D. : Pour moi, au contraire, il s’agissait justement d’être accompagné par une personne qui connaisse le pays, la culture, et qu’elle comprenne certaines réalités qui sont propres à notre économie.
Cette relation de travail peut-elle perdurer au-delà de Lead Campus ?
B.T. : Avant que Djiby ne réponde, moi je veux dire quelque chose : cette relation doit perdurer ! Je veux que ce projet devienne réalité donc je vais continuer à l’encourager avant tout. Si cela se transforme en relation amicale, alors ce sera une chance pour moi. En réalité, on ne peut pas s’investir pendant 6 mois, aussi ardemment, espérer une réussite et accepter de laisser l’autre s’en aller comme ça.
D.D. : Il lit toujours dans mes pensées. (Rires..)