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20.12.2016
Former les bâtisseurs du dialogue social de demain
L'année 2017 s’ouvre avec la naissance d’un nouvel Executive Master consacré au Dialogue Social et à la Stratégie d’Entreprise. Entretien avec Guy Groux, directeur du programme.
Guy Groux, qui êtes-vous ?
Je suis Directeur de Recherche associé au CEVIPOF, le Centre de recherches politiques de Sciences Po. J'ai eu aussi des charges d’enseignement. J’ai enseigné ou j’enseigne toujours à Sciences Po mais aussi à l'ESCP, l'ENA et au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). En parallèle, je travaille en lien étroit avec le monde de l'entreprise et du dialogue social.
Qu’est-ce qui a poussé Sciences Po à mettre en place l’Executive Master Dialogue Social et Stratégie d’Entreprise ?
Le paysage socio-économique connaît de profondes mutations– digitalisation, internationalisation, notamment – qui imposent aux entreprises de se transformer. Dans ce contexte de changements, le dialogue social doit être repensé pour être un moteur de la transformation et un facteur de la performance. Sciences Po est bien outillé pour appréhender ces questions : de Mendras à Sainsaulieu, l'étude du changement social y est une tradition que perpétuent aujourd’hui de nombreuses équipes de recherche. Depuis plusieurs années, Sciences Po Executive Education forme les représentants du personnel à la culture économique et sociale, avec des outils concrets orientés vers la pratique syndicale. Mais parce que le dialogue social dépasse le champ du syndicalisme, Sciences Po Executive Education a conçu une formation complète, ancrée dans la stratégie d’entreprise, à destination de tous les cadres qui souhaitent mieux appréhender les questions de transformation de l’entreprise et de dialogue social.
Pourquoi avez-vous accepté de vous engager dans cet Executive Master ?
Pour plusieurs raisons ! En tant que chercheur, je suis spécialisé dans l'étude du dialogue social sous toutes ses formes, c’est-à-dire les stratégies des acteurs, les évolutions législatives et contractuelles, les métamorphoses des grandes régulations politique et sociales en France comme à l'étranger. En lien au quotidien avec les différents acteurs sociaux, j’ai développé une vision panoptique du dialogue social, que j’ai envie de transmettre et partager à des cadres désireux de mieux comprendre les fondements sociaux des stratégies d’entreprises. Ensuite, je fais partie, depuis sa création, de l’équipe pédagogique du Certificat de culture économique et sociale s’adressant aux représentants du personnel. Dans la continuité de ce certificat, j’avais envie de renforcer mon investissement dans le projet pédagogique de Sciences Po, qui est de former des esprits faisant sachant faire preuve de lucidité et de discernement. Dernière raison : cet Executive Master aura des liens étroits avec le monde de l'entreprise et avec celui de la recherche à Sciences Po. Cela permettra de repérer les grandes évolutions qui touchent l'entreprise et notre société.
Comment voyez-vous votre mission de directeur de l’Executive Master ?
Pour moi, le directeur est d'abord celui qui partage sa vision avec ceux qui font l’Executive Master : praticiens d’entreprise, chercheurs, ainsi que le responsable de programme. Tous ces acteurs définissent, en étroite collaboration avec le directeur, les initiatives les plus propices en termes de conférences, d'événements, d'intervenants, d'ateliers, de visites extérieures ou de séjour des étudiants à l'étranger. Mon rôle est aussi de veiller à la qualité scientifique et universitaire des programmes, garante d’une formation diplômante de haut niveau. Enfin, je dois motiver l'engagement des participants du programme, leur donner envie de faire face aux challenges du dialogue social et de faire partie des « bâtisseurs du dialogue social de demain ».
Où avez-vous envie d’emmener les participants ?
Alors que le dialogue social joue un rôle croissant dans la transformation des organisations, l’Executive Master se donne pour ambition d’aider les participants à saisir les opportunités qui naissent de ces évolutions. En suivant ce cursus, ils acquerront les moyens et les connaissances pour analyser les transformations et les défis qui traversent l’entreprise et le dialogue social. La formation leur permettra de dépasser les craintes que les changements suscitent, et de se familiariser avec les modalités de gestion des crises. Pour faire court, la montée en compétences sera à la fois professionnelle et intellectuelle et permettra aux participants de transformer les incertitudes en opportunités.
Dans le cadre de l’Executive Master, les participants seront associés à la rédaction des questions du Baromètre du dialogue social mis en place par le CEVIPOF. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce dispositif inédit ?
Le lien avec le monde de la recherche constitue un axe majeur de cet Executive Master : nous sommes convaincus que la recherche est un outil indispensable pour déceler les grands changements sociétaux influençant les décideurs. La mise en place du Baromètre du dialogue social en partenariat avec le CEVIPOF en est une illustration concrète. Composé de 40 questions adressées à un échantillon de 2 000 personnes, il vise à saisir l’état du dialogue social en France. Les participants de l’Executive Master contribueront directement à la construction de ce baromètre : ils seront en charge de la rédaction d’une dizaine de questions – avec le support des chercheurs du CEVIPOF – à partir de leurs expériences professionnelles et de leurs besoins relatifs à la préparation de leur mémoire de fin d’études. La mise en place de ce type de baromètre – à la fois outil de recherche et outil pédagogique – est une première en France et j’en suis très heureux. Ce baromètre annuel sera diffusé chaque année au moment de la rentrée universitaire et sociale, et pourra servir d’outil de référence. 1ère édition : septembre 2017.
Pour vous, quelles sont actuellement les tendances les plus marquantes de l’évolution du dialogue social dans la stratégie de l’entreprise ?
Hier, le dialogue social était centré sur des revendications quantitatives – le pouvoir d’achat des salariés par exemple. Aujourd’hui, la compétitivité de l'entreprise est au cœur des négociations, le dialogue social devenant un levier de performance et donc un outil de la stratégie de l'entreprise. Au-delà de cet aspect global, les individus expriment de plus en plus leur besoin d’autonomie dans le travail, à tous les niveaux de l’entreprise, et le dialogue social doit savoir se saisir de cette nouvelle problématique – une gageure pour une démarche qui est plutôt traditionnellement globalisante !
Quels conseils donneriez-vous aux futurs participants de l’Executive Master ? Comment tirer parti au mieux de la formation ?
Les cadres doivent savoir porter leur attention sur les grands changements de société, qui, tôt ou tard, auront des conséquences sur la vie de l’entreprise. L’intelligence des cadres doit donc dépasser les questions de simple production : il faut être à l’écoute du monde, hors des murs de l’entreprise. Aucun changement n’est univoque : à l’image du cubisme, il se manifeste sous de multiples facettes. Développer une intelligence pluridisciplinaire permettra d’en saisir tous les aspects et en ce sens, se former au sein d’une institution comme Sciences Po Executive Education apporte une aide précieuse.
À QUI S’ADRESSE L’EXECUTIVE MASTER DIALOGUE SOCIAL ET STRATÉGIE D’ENTREPRISE ?
Cet Executive Master s’adresse aux cadres confrontés aux enjeux de transformation des organisations, qu’ils soient :
- professionnels des ressources humaines,
- juristes, consultants, intervenants ou lobbyistes spécialisés dans les relations sociales ou la transformation des entreprises,
- membres d'associations liées à la société civile, de collectivités territoriales ou de syndicats.