Accueil>Il était une data : 61% des salariés considèrent que le bonheur au travail est plus important que le salaire(1)

23.06.2022

Il était une data : 61% des salariés considèrent que le bonheur au travail est plus important que le salaire(1)

Exacerbée par l’arrivée de la génération Z sur le marché de l’emploi, confortée par la crise sanitaire, la quête du bien-être au travail constitue désormais l’une des premières priorités des salariés. Une priorité dont les entreprises n’ont plus d’autres choix que de s’emparer pour conserver leur attractivité dans un contexte de recrutement de plus en plus disputé. Éclairage avec Patrick Légeron, psychiatre, spécialiste du stress au travail et fondateur du cabinet Stimulus.

EMPLOI : LES CODES ONT CHANGÉ

Le phénomène actuel de grande démission en témoigne, le temps où les salariés étaient prêts à sacrifier leur équilibre personnel sur l’autel de la carrière est révolu. Pour preuve, 61% des salariés considèrent que le bonheur au travail est plus important que le salaire. Ainsi, ni la rémunération, ni même l’aura d’une marque ne suffisent plus à attirer les talents. Le match de l’attractivité des entreprises se gagne désormais sur un nouveau terrain : le bien-être. Un critère recouvrant des aspects multiples : qualité des interactions sociales, reconnaissance, place laissée à l’autonomie, sens donné au travail, respect des valeurs personnelles, équilibre entre la vie privée et professionnelle… Autant de notions que beaucoup d’entreprises peinent encore à appréhender au quotidien.

“En France, l’employeur, et c’est dommage, n’a pas obligation légale à assurer le bien-être de ses salariés”, rappelle Patrick Légeron. “Il est simplement tenu de ne pas altérer leur santé physique ou mentale“. Or 89% des entreprises se satisfont d’être en accord avec la législation. Les salariés Français ne s’y trompent d’ailleurs pas qui sont 35% à considérer que leur entreprise ne s’intéresse pas du tout à leur bien-être, soit 2 fois plus que leurs congénères allemands ou suisses. Les aménagements organisationnels imposés par la crise de la Covid et l’accroissement des manifestations d’anxiété et de mal-être qui en ont découlé ont cependant changé la donne. La diminution du chômage, la pénurie de talents et la suprématie accordée au bien-être par les jeunes générations ont fait le reste. “La pandémie a eu l’effet d’un électrochoc pour les entreprises. Les représentants des Ressources Humaines sont désormais de plus en plus écoutés dans les comités de direction”, constate Patrick Légeron. “C’est très encourageant car les vrais progrès ne pourront se faire jour tant que les dirigeants ne feront pas du bien-être une stratégie majeure de l’entreprise.“

   

ASSURER LE BIEN-ÊTRE DES SALARIÉS IMPOSE UN CHANGEMENT RADICAL DE PARADIGME

Longtemps cantonnée à des mesures périphériques (mise à disposition de services de conciergerie, tournois de babyfoot, cours de yoga ou salles de sieste), la notion de bien-être en entreprise prend donc aujourd’hui une dimension nouvelle au point de bousculer les logiques de travail. ”Pour assurer le bien-être de leurs collaborateurs, les entreprises n’ont d’autre solution que de faire un aggiornamento de leur approche managériale, encore trop souvent axée sur le contrôle”, prévient Patrick Légeron. “Elles devront pour ce faire former leurs managers à pratiquer la reconnaissance, l’empathie, l’écoute… C’est ce qu’ont fait les Pays du Nord en développant le concept d’un Health management qui construirait le bien-être au travail comme la Health food construit la santé. Elles devront également écouter la parole de leurs salariés en mettant en place des groupes de travail afin que les solutions proposées n’émergent pas uniquement de décisions descendantes. “ Mais le bien-être au travail, et notamment le maintien d’un équilibre sain entre la vie professionnelle et personnelle, relève aussi de la responsabilité individuelle des salariés qui devront apprendre à s’investir dans leur travail de façon plus raisonnée. Les jeunes générations pourraient sur ce registre servir de modèles à leurs aînés, encore trop imprégnés de la culture du présentéisme et du surinvestissement au travail.

GARANTIR LE BIEN-ÊTRE POUR ATTIRER LES TALENTS

Ces changements opérés, resteront ensuite pour les entreprises à afficher clairement cette priorité accordée au bien-être dans le travail. “Le discours de bonnes intentions n’est évidemment pas suffisant”, commente Patrick Légeron. “Les entreprises doivent se donner les moyens d’étayer leur discours en se dotant d’indicateurs adaptés. Les pouvoirs publics pourraient d’ailleurs les y aider en instaurant un index du bien-être au travail, à l’instar de celui récemment mis en place pour l’égalité homme/femme. Rendu public, il permettrait aux collaborateurs et postulants d’évaluer la performance des employeurs. Le phénomène du Name and Shame aidant, cela contribuerait aussi à une certaine émulation collective.“ 

Nouvel enjeu majeur de l’attractivité des entreprises, cette prise en compte du bien-être des salariés n’a de plus rien d’une approche angélique. C’est, au contraire, une approche d’efficacité, de performance et d’attractivité. Car toutes les études le confirment : le bien-être des collaborateurs est un contrat gagnant/gagnant. Les salariés heureux seraient en effet 31% plus productifs et 55% plus créatifs que leurs homologues insatisfaits, mais aussi 25% moins absents et malades. “Si les entreprises n’ont pas obligation à rendre leurs salariés heureux, elles semblent en tout cas avoir tout intérêt à le faire !”.

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(1) https://wearewildgoose.com/uk/news/friends-in-the-workplace-survey/

(2) Enquête européenne des entreprises sur les risques nouveaux et émergents: ESENER 2019 (osha.europa.eu>facts-and-figures>esener)

(3)  WorkForce View in Europe 2019 (adp.co.uk/workforceview)

(4)  Etude réalisée par le MIT et l’Institut Harvard

(5) Etude réalisée par l’institut Chapman de certification des professionnels du bien-être aux Etats-Unis en 2005

 

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