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22.07.2024

À lire cet été : la sélection des bibliothécaires de Sciences Po

La Bibliothèque de Sciences Po, une référence au niveau international pour les sciences sociales, est organisée en “bibliothèque navette” pour les sept campus de l'université. Ses bibliothécaires expérimentés sont toujours disponibles pour offrir une assistance personnalisée aux usagers, qu'ils soient étudiants, enseignants ou chercheurs.

Cet été, trois bibliothécaires vous proposent leurs conseils de lecture !

Dans la forêt de Jean Hegland aux Éditions Gallmeister

Une recommandation de Cécile Touitou, Responsable de la Cellule Prospective.

Ce roman publié aux États-Unis en 1996 et traduit de l'américain par Josette Chicheportiche en 2017 se déroule dans la forêt du Nord de la Californie. Deux jeunes sœurs adolescentes coulent des jours heureux dans une maison au cœur de la forêt avec leurs parents un peu artistes, enseignants, scientifiques, qui testent au jour le jour une éducation de l'expérimentation. Cependant, le monde va mal autour de ce havre de paix et peu à peu, tout s'effondre. Les jeunes filles, à la suite de nombreuses circonstances haletantes, se retrouvent seules dans un milieu hostile qui va révéler lentement ses innombrables ressources, ses secrets, son rythme.

Un page-turner à couper le souffle pour passer l'été à s'interroger sur notre rapport au vivant, aux autres et au monde quand tout, ou presque, s'effondre et, qui sait, peut renaître autrement ?

Les pistes invisibles de Xavier Mussat aux Éditions Albin Michel

Une recommandation de Perrine Cambier-Meerschman, Responsable du département Développement Documentaire.

"En vingt-cinq ans, je n'ai été vu de personne. J'ai vécu caché dans cette forêt, mais pas comme un homme des bois."

Sans l'avoir prémédité, un homme décide du jour au lendemain de s'enfoncer dans une forêt du Maine. Librement inspiré d'une histoire vraie, celle de Christopher Thomas Knight, dit "l'ermite de North Pond", un américain qui disparut de 1986 à 2013, ce somptueux roman graphique laisse la part belle aux sensations, bien plus qu'aux explications du geste de son protagoniste.

Exploitant un langage graphique audacieux (couleurs franches, usage progressif de formes de plus en plus abstraites) son auteur, Xavier Mussat, va pousser le concept de disparition à son comble. Au fil de la confession de ce personnage singulier, qui finira par se faire traquer pour quelques vols lui permettant de subsister, les cases se superposent. Entre récit introspectif, paysage mental donc et paysage naturel, Mussat brouille les pistes. Christopher Thomas Knight a bel et bien disparu.

Anima de Wajdi Mouawad aux Éditions Actes Sud

Une recommandation de Mathieu Fabrègue, Responsable de la mission Affaires Générales.

Au lendemain de l’assassinat sauvage et monstrueux de sa femme Léonie et de leur enfant à naitre, Wahhch Debch va en marge des investigations menées par la police, tenter de retrouver l'assassin. En état de choc, traumatisé, il se sent coupable et impuissant. Il veut voir le visage du meurtrier et s’assurer que ce visage n’est pas le sien…

Une histoire d’apparence assez classique mais l’originalité d’Anima réside dans sa narration. Le périple de Wahhch sera un fil rouge. Un élément soudain, un aléa dans le quotidien d’animaux et d’insectes qui croiseront sa route. Chiens, chats, oiseaux, araignées, serpents, fourmis et d’autres se feront les témoins de ce qu’ils ont entendu, vu ou ressenti en sa présence. Un roman sombre, violent, intelligent et poétique dont on sait déjà, à peine entamé, qu’on ne l’oubliera pas…

Comment sortir de la violence ? Enjeux et limites de la justice transitionnelle de Sandrine Lefranc, CNRS Éditions

Une recommandation de Michaël Goudoux, Bibliothécaire référent science politique.

En science politique, un must-read... certes, un peu moins pratique pour emporter à la plage.

Cette enquête de vaste ampleur retrace l’émergence et l’essor de la justice transitionnelle, analyse les trajectoires de ses acteurs, scrute les écarts entre les déclarations morales consensuelles et les mises en œuvre concrètes, de l’Argentine à l’Afrique du Sud, du Pérou au Rwanda. En interrogeant ses différents présupposés comme ses résultats concrets, elle déjoue nombre d’évidences et ouvre la voie vers une réflexion renouvelée sur les modalités de sortie de la violence et les déterminants de la paix.

Sandrine Lefranc est directrice de recherche au Centre d’études européennes et de politique comparée (Sciences Po / CNRS), spécialiste des questions de justice et de mémoire collective. Elle a reçu le Prix du livre de science politique 2024 de l'Association française de science politique (AFSP).