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29.11.2024

Annonce des lauréats du Prix de la recherche MIDI 2024

Le collectif interdisciplinaire Migration et Diversité (MiDi) de Sciences Po a le plaisir d'annoncer les lauréats de son Prix de la recherche MiDi 2024. Ce prix, lancé en 2023 pour la première fois, a pour but de récompenser les efforts exceptionnels de jeunes chercheuses et chercheurs au niveau Master et Doctorat à travers toutes les écoles et départements de Sciences Po, et accroît la visibilité d'une recherche rigoureuse et innovante sur les questions liées aux migrations internationales et/ou à la diversité ethno-culturelle. 

MiDi a été créé en 2020 en tant qu'initiative collective interdisciplinaire dans le but de renforcer les interactions entre les chercheuses et chercheurs des différents centres de recherche de Sciences Po autour des questions de migration internationale et de diversité ethno-culturelle. Il met en lien les scientifiques du Centre de recherches internationales (CERI), du Centre d’études européennes et de politique comparée (CEE), du Centre de recherche sur les inégalités sociales (CRIS), de l'École de droit, du Département d'histoire, du Département d'économie, du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) et du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP). La recherche produite à Sciences Po sur ces questions couvre des thèmes très variés, tels que les flux migratoires, le droit d'asile, les frontières, l'intégration des migrants, la discrimination et les inégalités dans les contextes européen et mondial.

Les mémoires soumis cette année mettent en évidence un éventail impressionnant de thèmes et de méthodologies dans des disciplines telles que la sociologie, la science politique, l'histoire et le droit. Les mémoires de master, marqués par leur originalité et leur profondeur, couvrent des sujets variés. Ils portent notamment sur l'intégration socioculturelle des Chinois nés en France et en Grande-Bretagne, explorée sous l'angle comparatif du républicanisme français et du multiculturalisme britannique, à l'aide de méthodes mixtes combinant des ensembles de données quantitatives et des entretiens qualitatifs. Une autre thèse étudie les conditions de travail précaires des coursiers à vélo sans papiers à Paris, en s'appuyant sur un travail de terrain ethnographique et des entretiens pour découvrir leurs réseaux sociaux et leurs vulnérabilités juridiques. L'enquête historique apparaît dans une étude sur les migrants catholiques portugais en France (1958-1980), examinant les interactions entre les églises françaises et portugaises dans le soutien à la migration par le biais de recherches dans les archives et d'entretiens. Un autre article critique évalue le « Contrat d'intégration républicaine » français et ses implications juridiques et philosophiques dans le cadre des politiques d'intégration civique. D'autres thèses s'intéressent à la dynamique émotionnelle dans l'activisme pro-palestinien, aux réponses à l'islamophobie chez les musulmans suédois et aux intersections entre la gouvernance des migrations et la formation de l'identité, comme chez les migrants LGBTQ+ des territoires français d'outre-mer ou les migrants chinois mariés à Taïwan qui naviguent dans les tensions politiques entre les deux rives du détroit.

Les contributions de doctorat témoignent d'un engagement sophistiqué à l'égard de la migration internationale et de la diversité au travers de cinq articles indépendants et de trois chapitres. Les sujets abordés comprennent la criminalisation de l'aide humanitaire le long de la frontière franco-italienne, analysée par le biais de l'ethnographie juridique, et les expériences des étudiants africains en Chine, encadrées par la diplomatie publique et les récits de racialisation. Des études historiques traitent de l'évolution de la figure du « vagabond » vers celle du « migrant illégal », en se concentrant sur les migrants subsahariens à Malte, et une analyse critique des politiques de gouvernance migratoire racialisantes de la Tunisie. D'autres travaux examinent les paradoxes de l'hébergement d'urgence des migrants à Paris et explorent la manière dont les schémas migratoires locaux et plus larges se croisent en Corse et en Martinique, en utilisant des méthodes mixtes pour éclairer les dynamiques sociales et géographiques. D'autres contributions s'intéressent à l'intégration des réfugiés en France par le biais d'une formation aux compétences comportementales et aux défis rencontrés par les travailleurs sociaux de São Paulo lors du COVID-19, mêlant analyse ethnographique et politique.

Dans les deux catégories, la recherche reflète la diversité méthodologique, y compris l'ethnographie, la recherche d'archives, l'analyse de contenu et les méthodes mixtes. Ces études offrent collectivement des perspectives nuancées sur la gouvernance des migrations, les politiques identitaires, l'intégration et la diversité, alliant profondeur empirique et innovation théorique. Le prix MiDi ne récompense pas seulement ces réalisations, il met également en lumière les recherches novatrices menées par les jeunes chercheurs de Sciences Po, apportant un éclairage précieux aux études sur les migrations et la diversité.

Le jury, composé de Hélène LE BAIL (Sciences Po, CERI), Virginie GUIRAUDON (Sciences Po, CEE), Hélène THIOLLET (Sciences Po, CERI), Christophe POULY (Sciences Po, École de droit), et Mathilde EMERIAU (Sciences Po, Médialab), félicite des excellentes candidatures et de leur nombre. 

Après délibérations, le jury a choisi de récompenser deux doctorants et trois étudiant·es en master comme suit :

NIVEAU DOCTORAT

Bastien CHARAUDEAU SANTOMAURO (Sciences Po, École de droit) pour son article La frontière étatique, terme de l’aide humanitaire ? Une analyse du droit en action. Cet article étudie la criminalisation de l'aide humanitaire à la frontière franco-italienne, en examinant les ambiguïtés des cadres juridiques et leurs implications pour les acteurs étatiques et non étatiques. L'article utilise l'ethnographie juridique, combinant des observations sur le terrain avec une analyse détaillée de l'interaction entre la politique et la pratique. 

Formé en droit (École de droit de Sciences Po), en philosophie (Paris IV) et en études migratoires (ULB), Bastien Charaudeau Santomauro étudie les mécanismes d’exclusion des personnes migrantes aux frontières. Sa démarche, inspirée de la grounded theory, articule l’enquête de terrain et la théorie juridique et politique. Doctorant en droit à Sciences Po, il soutiendra sa thèse en janvier 2025. Il est actuellement Postgraduate Associate au MacMillan Center de l’Université de Yale et coordonne, depuis septembre 2022, le programme Migrations de la Clinique du droit de Sciences Po.


Lucas PUYGRENIER (Sciences Po, CERI; EHESS) pour son chapitre The New Vagabonds: Labor, Mobility, and Virtue in the Making of “Illegal” Others in Malta. Ce chapitre utilise une approche historique pour étudier la criminalisation des migrants subsahariens à Malte, contextualisée par l'évolution de la figure du « vagabond » vers celle du « migrant illégal ». Il met en évidence le rôle des autorités étatiques et leurs tentatives d'organisation du monde du travail dans la création de l'altérité.

Lucas Puygrenier a réalisé une thèse au CERI intitulée “Les gens de trop : gouvernement des populations et mise au travail sur l’île de Malte”. Il y étudiait l’implication des autorités étatiques dans la formation d’un travail migrant dans le contexte d’un espace frontalier de l’Union européenne où se déploient des politiques pourtant fortement répressives à l’encontre des migrations. Ses recherches ont donné lieu à plusieurs publications, récemment dans Tracés, Terrains & Travaux, Theory and Society ou encore le Journal of Ethnic and Migrations Studies. Il a également co-dirigé chez Palgrave Macmillan l’ouvrage States and the Making of Others (avec Jeanne Bouyat et Amandine Le Bellec). Lucas est depuis peu chercheur postdoctoral au Centre Maurice Halbwachs (EHESS). Ses recherches portent à présent sur les programmes de golden passports de Malte et l'octroi de privilèges relatifs à l'accès au séjour et à la nationalité accordés à des étrangers fortunés dans le cadre d'une raréfaction du droit à immigrer. Il explore ainsi le rôle de l’État dans la fabrique de classes d’étrangers assorties de droits et d'obligations différenciées au sein d'un capitalisme offshore.

NIVEAU MASTER

Camille DESCATEAUX (Sciences Po, École de la recherche) pour son mémoire Droit de livrer ? Réseaux et trajectoires de livreurs à vélo. Cette étude sociologique examine les expériences des livreurs à vélo sans papiers à Paris, en analysant leurs réseaux, leurs conditions de travail et leurs statuts légaux précaires par le biais d'un travail ethnographique sur le terrain et d'entretiens.

Après un master de sociologie à Sciences Po et un travail de recherche sur les livreurs à vélo, en s'intéressant particulièrement à leurs parcours migratoires et les réseaux qui se forment entre eux, Camille Descateaux poursuis actuellement une thèse de doctorat. Ce travail doctoral porte sur l'évaluation de la politique d'accès aux droit de la ville de Paris, à partir des destinataires de ces politiques et est réalisé sous la direction de Claire Lemercier (CNRS, CSO, Sciences Po) et Anne Revillard (LIEPP, CRIS, Sciences Po). 


Yuyang HONG (Sciences Po, École de la recherche; CERI) pour son mémoire Across the Stormy Strait: Chinese Marriage Migrants in Taiwan Navigating the Whirlpool of Cross-Strait Political Tensions. Le mémoire analyse les expériences des migrants chinois mariés à Taïwan dans un contexte de tensions politiques entre les deux rives du détroit, dans une perspective de science politique. À l'aide d'entretiens et d'analyses textuelles, la thèse étudie la manière dont ces migrants naviguent dans des paysages politiques complexes.  

Yuyang Hong est doctorant en première année de relations internationales au CERI Sciences Po, sous la direction de Françoise Mengin et Jérôme Doyon. Il a rédigé un mémoire de master explorant le rôle politique des migrants chinois mariés à Taïwan. Ses recherches actuelles portent sur les pratiques quasi-diplomatiques des bureaucrates chinois locaux dans leurs interactions avec les communautés chinoises à Taïwan et les Taïwanais en Chine, afin de mettre en lumière la manière dont ces pratiques influencent la formulation et la mise en œuvre de la politique de la Chine à l'égard de Taïwan.


Bryan ROMANO (Sciences Po, École de la recherche) pour son mémoire La rencontre de deux Églises. Accueillir et accompagner les immigrés catholiques portugais en France de 1958 aux années 1980. Ce mémoire s'appuie sur une enquête historique représentée par une étude sur les migrants catholiques portugais en France (1958-1980), examinant les interactions entre les églises portugaises et françaises et leurs rôles dans le soutien à la migration, à l'aide de recherches dans les archives et d'entretiens.

Bryan Botelho Romano est fils et petit-fils d’immigrés du nord du Portugal. Le français et le portugais constituent ses deux langues maternelles. Il s’intéresse très tôt à l’histoire du Portugal et de son émigration. En 2022, il intègre le master d’histoire de l’École de la recherche. Complètement décidé à réaliser son mémoire sur l’immigration portugaise en France, la découverte des archives du Centre national des archives de l’Église de France (CNAEF) oriente son travail de recherche vers la rencontre entre les ecclésiastiques et catholiques français et portugais.

 

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