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04.05.2023
Arts : 5 étudiants ont participé à un atelier d'écriture et de performance
À l'occasion du festival littéraire Hors Limites du mardi 4 au vendredi 7 avril 2023, le Centre d’écriture et de rhétorique de Sciences Po – qui fait désormais partie de la Maison des arts et de la création lancée en mars 2023 – a initié un partenariat inédit avec l’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis, permettant à cinq étudiantes et étudiants de participer à un atelier d’écriture et de création pendant trois demi-journées, aux côtés d’étudiants du Master de Création littéraire de l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Retour sur cette expérience créative par Hugo Scheubel, diplômé de l'École des Affaires Internationales (PSIA) de Sciences Po en 2022 et Esther Rogan, Responsable du Centre d’écriture et de rhétorique.
Promouvoir la littérature sous toutes ses formes
Porté par l’Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis depuis maintenant plus de dix ans, le festival littéraire Hors Limites célèbre le travail de promotion et de diffusion de la littérature contemporaine dans le département du 93 et à Paris, grâce à l’engagement de plus de quarante bibliothèques et médiathèques. Du 24 mars au 15 avril 2023, de nombreuses performances, lectures musicales, rencontres avec des auteurs et des autrices, ateliers pédagogiques, ou encore projections ont permis d’inscrire la culture au cœur du territoire et de la rendre plus accessible, tout en permettant des croisements entre les lettres, le cinéma, le spectacle vivant et les arts visuels pour témoigner des formes inédites et plurielles que revêt aujourd’hui la littérature.
Un atelier de Rebecca Chaillon sur le thème de l'intime
L'atelier proposé aux étudiants de Sciences Po, intitulé “Performer l’écriture de l’intime (à ma façon)”, a permis aux participants d’explorer à la fois individuellement et collectivement le thème de l’intime et sa manifestation dans l’écriture et dans la performance, puis de partager cette expérience avec le public à l’issue des trois demi-journées d’atelier. Il a été animé par la metteuse en scène, autrice, et performeuse Rebecca Chaillon, dont le travail mêle la scène et la prose comme dans des projets tels que Carte Noire nommée Désir.
“Et si on imaginait l’écriture au même endroit que la performance ? Intime et politique certes, mais aussi comme un endroit de transgression, de prise de risque ?”. C’est ainsi que Rebecca Chaillon a encouragé les participantes et participants de l’atelier à s’explorer et à se montrer aux autres (et à eux-mêmes) par le mouvement et l’écriture. Ainsi, la semaine a débuté par des exercices d’échauffements théâtraux suivis d’une tâche à la fois simple et particulièrement exigeante : se décrire soi-même en cinquante “tirets”, devant les autres, avec comme condition que l’un de ces points ne soit pas dit mais performé. Puis l’atelier a évolué vers un travail de plus en plus introspectif, littéraire et théâtral. De l’écriture d’une lettre anonyme répondant à la question “qu’est ce qui te poursuit ?”, transformée en avion et envoyée dans la pièce pour être lue à voix haute par un autre participant, au choix d’un verbe servant de base pour une performance de dix minutes, différentes manières de réfléchir, de comprendre et de montrer l’intime tout en en faisant un sujet-objet artistiques, ont été proposées aux étudiantes et étudiants au cours de ces quelques jours.
Un lieu propice à la créativité
Ces séances ont été ponctuées par des moments informels, tels que ces cafés au soleil dans les jardins des Laboratoires d’Aubervilliers, accompagnés par les équipes et par les poules qui circulent en liberté dans les lieux. Depuis leur fondation en 1993, les Laboratoires s’affirment comme lieu de recherche, de création de ressources et d’expérimentations propice aux rencontres inédites et à la créativité. Situé dans le quartier des Quatre-Chemins, leur aspect chaleureux et bienveillant ont formé un cadre idéal pour le bon déroulement de l’atelier.
Ces sessions pédagogiques se sont closes le vendredi 7 avril par une performance collective, mêlant installations d’art contemporain et récitations de textes. Les participantes et participants ont ainsi préparé différentes installations, chacune inspirées par un artiste contemporain provenant d’une carte d’un jeu de Tarot de Rebecca Chaillon. Ainsi, Marcel Duchamp, Marina Abramavic ou Georgia O’Keefe ont servi d’inspiration à un piano littéraire, à de l’écriture en direct sur du papier toilette ou encore à un déplacement d’une structure de chantier sur du Julien Clerc. Le but était de créer une atmosphère absurde et intrigante accueillant les visiteuses et visiteurs au sein du microcosme formé au cours de cette semaine. De prime abord déroutant, ce dispositif a ensuite laissé place à des performances individuelles qui ont débuté au milieu de ces installations, inspirées par les verbes ayant dû être performés au préalable au cours de l’atelier. “Geindre”; “Empiler”; “Déménager”; “Énumérer” – chaque performance, débutée seul.e puis mimée par les autres membres du groupe, a été suivie par la lecture d’un texte personnel et intime, témoignant du choix et de la relation au verbe de chacun.
Accessibilité et démocratisation culturelle
Permettant à des étudiants d’horizons divers de se rencontrer et d’œuvrer ensemble à la réalisation d’une œuvre à la fois individuelle et collective, tout en travaillant avec une artiste de renom au travail évocateur et singulier, la première édition de ce partenariat a également permis d’aller à la rencontre d’autres lieux et d’autres publics. Il s’agissait ainsi de croiser les regards, en cassant les silos et en mêlant écriture et oralité, installations et récitations, à travers une performance évocatrice et charnelle, tissant une relation à la fois horizontale, dynamique et vivante, avec un public inscrit au cœur du processus artistique lui-même et de sa fabrique.
Je me suis inscrit à l’atelier de Rebecca Chaillon car je souhaitais consacrer une semaine à l’écriture, en groupe, autour d’un thème qui me plaît et qui résonne avec ma pratique de création littéraire personnelle. J’ai été très agréablement surpris par l’accent mis sur la performance – l’écriture est une activité que je pratique souvent en silence, assis sur une chaise. Ainsi, le mouvement et l’utilisation de la scène m’ont fait prendre conscience de la capacité du corps à dire autant que la plume ; et ce, au sein d’un groupe encourageant et inspirant, encadré par une professeure / artiste qui ne cessait de nous répéter l’importance de “prendre des risques, mais ne pas se faire mal”.
Hugo Scheubel, diplômé 2022 de PSIA
Convaincu de la nécessité de faire dialoguer les arts et les regards, le Centre d’écriture et de rhétorique poursuit ainsi sa mission d’initiative pédagogique transformante auprès des étudiants de Sciences Po, tout en œuvrant à l’accessibilité et à la démocratisation culturelle.
EN SAVOIR PLUS :
- Le Centre d’écriture et de rhétorique
- La Maison des arts et de la création
- Le festival littéraire Hors Limites