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19.12.2016

Le Gourmet Bag : la bonne idée pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Elles sont quatre étudiantes* de Sciences Po, campus de Reims à avoir eu l’idée de remplacer les Doggy bags américains par des Gourmets bags. Avec le même objectif : lutter contre le gaspillage alimentaire. Une cause aux multiples enjeux. Rencontre

Comment est née l’idée des Gourmet Bags ?

Tout a commencé un soir de Noël, pendant nos vacances de ski, en famille. La raclette que nous avions préparée était entamée mais il en restait plein. Comment jeter autant de nourriture ? Cela m’a fait l’effet d’un déclic. J’ai pensé aux doggy bags aux Etats-Unis. Comment faire pour importer cette idée-là - rapporter chez soi une portion non consommée d’un plat commandé au restaurant - ici, à Reims ? J’en ai parlé à mes amies à Sciences Po. De là est née notre association : RestPonsable, ce qui signifie pour nous, rester responsable de la nourriture que l’on consomme. En somme, nous voulions garder à l’esprit que ce nous commandons, nous pouvons, si on ne le termine pas, l’amener avec soi.

Comment avez-vous convaincu les restaurateurs de Reims ?

Le Gourmet Bag, c’est une façon plus élégante que le Doggy bag américain de nommer ce petit emballage que l’on peut ramener chez soi. C’est aussi un mot “Gourmet” qui correspond davantage à l’esprit français. Il fait à la fois honneur au restaurateur et prolonge le plaisir du client. Nous nous sommes adressées à une start-up, basée à Lyon “Take away” qui nous a proposé des boîtes sur mesure - les Gourmet Bags -. Il fallait dissiper la crainte du restaurateur : avec une boite hermétique, répondant aux normes sanitaires et recyclable, le client pouvait partir sain et sauf avec son reste. La mère d’une de nos amies nous a dessinées le logo qui incarne très bien cette idée : faire une pause dans le gaspillage alimentaire. Et si on n’en profite pas soi, alors le donner aux autres.

Et pour le client ?

Le client a tout à gagner. Il peut s’autoriser à ne pas terminer son repas. Il ne gâche pas et peut ramener ce qui lui reste, chez lui. Il n’est pas obligé de tout manger. Ce qui a des avantages en termes de diététique et de problème de surpoids. Il peut même prendre un dessert inscrit dans une formule et le finir plus tard. Mais il peut aussi le donner à quelqu’un de plus démuni. Enfin, le restaurateur gagne à ne pas jeter, en termes de volume pour ses déchets et d’énergie à trier.

Le Gourmet bag développe également une éthique...

Nous souhaitons lutter contre la pauvreté, avec nos moyens. Elle ne diminue pas, au contraire. La malnutrition en est une conséquence. Alors, nous pouvons agir avec des dispositifs relativement simples pour limiter le gaspillage alimentaire et nourrir plus de monde. Les chiffres donnent le vertige : 1, 3 milliards de tonnes de nourriture sont gâchées dans le monde et 9 millions de tonnes le sont en France. Il y a aussi un coût au gaspillage alimentaire. Dans les cantines scolaires, il y a une perte d’un montant moyen de 22 500 euros par mois.

Que reste-il à faire pour changer les mentalités ?

Des lois sont en préparation, notamment pour empêcher les grandes surfaces de jeter leurs invendus, et de les donner à des associations. Il faudrait installer de nouvelles habitudes, autoriser les cantines scolaires elles-mêmes à utiliser leur “doggy bags”. On pourrait inventer des applications pour calculer plus précisément les besoins des enfants à la cantine. Et, plus largement, faire comprendre aux consommateurs que la date de péremption sur un produit ne signifie pas qu’il est immangeable. Qu’on peut encore le conserver deux ou trois jours.

*Les quatre étudiantes sont : Sibylle Margerin, Soazic Le Fur, Elodie Lemesre et Léa Destaing. 

 

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Légende de l'image de couverture : © Léa Destaing