Accueil>"Lucidité, indépendance et solidarité guident la diplomatie de la France"

28.09.2016

"Lucidité, indépendance et solidarité guident la diplomatie de la France"

En écho à sa visite à Sciences Po le mercredi 28 septembre pour la leçon inaugurale de l'Ecole d'affaires internationales de Sciences Po (PSIA), Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères et du Développement international revient sur le sens de la diplomatie globale de la France. Entretien

Monsieur le Ministre, quels sont les 3 mots clés de la politique internationale de la France en 2016 ?

Le premier est une exigence : la lucidité. La France doit conserver un regard clairvoyant pour comprendre le monde tel qu’il est, tel qu’il évolue, pour relever les défis internationaux, réduire les menaces et tirer avantage des opportunités qui l’accompagnent. Cette lucidité vaut à notre égard comme à l’égard de nos partenaires et de l’action de la communauté internationale. La multiplicité et la gravité des crises actuelles exigent cette lucidité, condition d’une action internationale efficace. Le deuxième est un principe : l’indépendance. L’indépendance est au fondement de notre politique étrangère et constitue une part de l’identité internationale de la France. Sans indépendance il n’y a pas de vrai choix ni de vision politique. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’en toute situation, la France doit conserver une appréciation propre de la situation, se fier à son jugement et être capable de défendre ses intérêts et ses valeurs. C’est sur cette base que nous pouvons à la fois exercer nos responsabilités et entraîner nos partenaires. Le troisième est une aspiration : la solidarité. Elle est au cœur de notre vision de l’ordre international. La solidarité fait partie des valeurs de la République, qui guident l’action internationale de la France. Elle est une nécessité dans un monde de crises et d’interdépendances croissantes : l’ampleur des défis mondiaux exige des solutions collectives et solidaires. C’est à la fois un devoir à l’égard de nos partenaires et alliés et une conviction qui nous pousse à œuvrer pour un système international et un multilatéralisme efficaces, respectueux des droits de l’Homme.

Quels sont les nouveaux défis "diplomatiques" auxquels doivent se préparer les étudiants de l’Ecole des Affaires internationales ?

Je suis très heureux de m’exprimer devant les étudiants de l’Ecole des Affaires internationales de Sciences Po, devant un auditoire informé et exigeant. J’attends leurs questions avec impatience, je suppose que de nombreux d’entre eux souhaitent travailler dans un cadre international, voire dans la diplomatie. Je ne peux que les y encourager. Les défis, effectivement, ne manquent pas, nous avons besoin d’une nouvelle génération ambitieuse et motivée pour les relever ! Le ministère des Affaires étrangères et du développement international s’adapte aux évolutions du monde. La réponse aux défis actuels ne passera que par des coopérations à l’échelle mondiale, entre les Etats évidemment, mais, de plus en plus, par des coopérations qui associent les acteurs non-étatiques : acteurs économiques et issus de la société civile, citoyens, collectivités locales. C’est évident dans la lutte contre le réchauffement climatique. La conférence de Paris a été un exemple de mise en œuvre d’une méthode nouvelle pour la gouvernance mondiale, fondée sur les atouts de la révolution numérique, qui ne se limite pas à Internet mais irrigue et transforme toutes les activités humaines. En ce sens, la France accueillera en décembre prochain le sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, pour améliorer la transparence et l’exercice de la démocratie grâce au numérique. Dans le même temps, la logique des rapports de force entre puissances, qu’on a cru un moment dépassée, existe plus que jamais. Nous ne pouvons l’ignorer et il faut au contraire en tenir compte, en jouant sur tous nos atouts et en mobilisant tout la palette de l’action extérieure. C’est le sens de la diplomatie globale que la France met en œuvre et qui comprend la diplomatie économique, la diplomatie culturelle et l’action d’influence. Le ministère des affaires étrangères et du développement international en assure le pilotage.

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Légende de l'image de couverture : ministère des Affaires étrangères et du Développement international