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11.02.2025
Baromètre de la confiance politique CEVIPOF 2025 : le grand désarroi démocratique
Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) publie aujourd’hui son Baromètre de la confiance politique, vague 16, réalisé par OpinionWay, grâce à un partenariat entre le CEVIPOF, le CESE, Intériale Mutuelle, CMA-France, EDF, l’Institut de l’entreprise et l'Université Guido Carli - LUISS à Rome.
Cette enquête annuelle de référence révèle un profond malaise au sein de l'opinion publique française vis-à-vis de la politique et de ses représentants. Avec un niveau de confiance au plus bas, les chiffres mettent en évidence une crise de légitimité et une désaffection marquée à l'égard des institutions démocratiques.
Une confiance dans la politique en berne
La France se distingue par son niveau de confiance extrêmement faible envers la politique. Seuls 26 % des Français déclarent avoir confiance dans la politique, contre 47 % en Allemagne et 39 % en Italie. La défiance est particulièrement marquée envers le gouvernement, qui n'inspire confiance qu'à 23 % des Français, contre 38 % en Allemagne et 35 % en Italie.
Les chiffres sont également peu encourageants pour les personnalités politiques : seuls 27 % des Français font confiance à François Bayrou, alors que 43 % des Italiens font confiance à Georgia Meloni et 53 % des Allemands à Olaf Scholz, malgré la poussée des extrêmes.
Un rejet profond des institutions nationales
La confiance dans l'Assemblée nationale atteint un niveau historiquement bas, avec 24 %, soit un retour à son niveau de décembre 2018, au plus fort de la crise des Gilets jaunes.
L'écart entre la politique nationale et la politique locale reste prononcé :
- 61 % des Français font confiance à leur maire,
- contre 40 % aux députés,
- 27 % au Premier ministre,
- et seulement 23 % au président de la République.
Une perception marquée par la méfiance et le découragement
Le climat général est dominé par des sentiments négatifs :
- 45 % des Français expriment de la méfiance,
- 40 % de la lassitude,
- 35 % de la morosité.
A contrario, seuls 15 % ressentent du bien-être, 14 % de la sérénité, et 13 % de la confiance. Ces chiffres contrastent avec ceux de l'Italie et de l'Allemagne, où la sérénité est respectivement ressentie par 26 % et 33 % des citoyens.
Une crise de légitimité politique
La perception de la classe politique est particulièrement critique :
- 52 % des Français considèrent qu’il n’y a pas de quoi être fier de notre système démocratique, contre 42 % en Italie et 33 % en Allemagne,
- Seuls 28 % des Français estiment que la démocratie fonctionne bien, loin derrière les 37 % des Italiens et les 51 % des Allemands.
La confiance dans les partis politiques continue de reculer, avec seulement 16 % de confiance, soit une baisse de 4 points par rapport à l'an dernier. La confiance dans les syndicats est également en déclin (−3 points), passant de 40 % à 37 %.
Vers une aspiration à plus d’autorité
Le Baromètre met en évidence une montée de l’attrait pour un pouvoir plus autoritaire :
- 48 % des Français estiment que « rien n'avance en démocratie, il faudrait moins de démocratie et plus d'efficacité »,
- 41 % approuvent l’idée d’un « homme fort qui n’a pas besoin des élections ou du Parlement », un score inégalé depuis 2017,
- 73 % souhaitent « un vrai chef en France pour remettre de l’ordre », contre 60 % en Allemagne et en Italie.
Une mise à distance croissante de la politique
Enfin, face au « chaos politique actuel », 65 % des Français préfèrent se détourner de la politique et se concentrer sur leur vie personnelle, contre 50 % en Allemagne.